Vous vous intéressez aux curiosités journalistiques et juridiques ? Comme le relève le site actu-juridique.fr, l'historien François-Rémy Roqueton a sorti un livre intitulé Pépites de la presse : curiosités journalistiques du XIXe siècle. Au côté de nombreuses autres anecdotes, on retrouve des clauses testamentaires pour le moins originales.

Chatouilles post-mortem à Arles

En France, l'édition du 23 décembre 1844 du journal Le Globe relate un testament pour le moins inattendu, survenu à Arles : « Une vieille demoiselle, qui vient de mourir, a fait un singulier legs ; elle a laissé par un testament une somme de 600 francs à la personne qui consentirait à lui chatouiller les pieds pendant les 48 heures qui suivront sa mort ». Le but ? S'assurer, probablement, de ne pas être enterrée vivante, une angoisse partagée par beaucoup à l'époque. Une servante tenta l'expérience mais abandonna au bout de dix heures, victime d'une crampe. Une amie accepta de la relayer, à condition de partager l'héritage. Ce qui fut, en effet, convenu.

Auto-autopsie à Londres

L'édition du 15 février 1865 de L'Abeille cauchoise, quotidien d'Yvetot, rapporte quant à elle un testament singulier rédigé par un marchand de spiritueux londonien, sans doute inspiré par ses propres produits. L'homme y formule une étrange requête, que le journal reproduit fidèlement : « Je prie mes héritiers de faire procéder à mon autopsie et de soumettre son corps à l'analyse des hommes de la science, car je tiens absolument à connaître la cause de ma mort ».

Le nez héritier de Miss B.

Dans La Gazette des hôpitaux du 31 janvier 1860, on découvre l'incroyable histoire d'une certaine Miss B., londonienne qui hérite de plusieurs millions de la part d'un parfait inconnu en passe d'être mis en bière. Curieuse, elle demande à voir le défunt et s'exclame en le reconnaissant : « C'est lui ! C'est l'homme qui, pendant trois ans, me poursuivit de ses hommages et de ses vers en l'honneur de mon nez ! À Hyde Park, à Covent Garden, il était toujours devant moi et me fixait constamment ! ». L'homme, visiblement obsédé par le nez de Miss B., avait en effet rédigé ce testament que le journal cite in extenso : « Je supplie Miss B. d'accepter le don de ma fortune entière, trop faible auprès des inexprimables sensations que m'a fait éprouver pendant trois ans la contemplation de son adorable nez. » Et de conclure avec humour : « Miss B. daigna accepter les millions. »

Testament non-fumeur pour Roger

Dans son édition du 4 avril 1839, Le Constitutionnel évoque une clause testamentaire datant du XVIᵉ siècle, insérée par un certain Peter Columbel, en pleine période d'expansion du tabac en Europe. Il lègue ses biens à son fils, mais sous condition : « Je lègue à mon fils Roger tous les meubles garnissant ma maison de Darby ; mais sous la condition expresse qu'en aucun temps de sa vie il ne prisera ni ne fumera de tabac. Si ses frères et sœurs le trouvent en contravention, et si la preuve en est rapportée à mes exécuteurs testamentaires, ledit Roger sera, par ce seul fait, privé de son legs, et tenu de rapporter à ma succession les objets qu'il y aura recueillis, ou leur valeur d'après l'inventaire déposé entre les mains de... »

Jury de bossus à Florence

Enfin, la dernière anecdote, rapportée par Le Journal du Cher (Bourges) dans son édition du 4 août 1860, vient d'Italie. Un riche Florentin y indique dans ses dernières volontés qu'il lègue sa fortune « à l'homme le plus bossu de toute la Toscane ». Le testament, parfaitement régulier, précise que les candidats devront soumettre leur bosse à l'appréciation d'un jury... composé de 12 bossus eux-mêmes ! Chaque participant à cette compétition insolite « recevra, pour les dédommager du dérangement, chacun une médaille d'or où sera gravée l'effigie d'Ésope, le célèbre fabuliste, dont la laideur est proverbiale dans tout l'univers, ainsi qu'une somme consacrée aux frais d'allée et de venue à Florence ».