La défiscalisation peut faire office de gros mot : à la fois en étant perçue comme une manière d'échapper au fisc, ou en ne s'adressant qu'aux grandes fortunes. Mais c'est bien l'État qui met en place des dispositifs de défiscalisation pour vous inciter à donner ou à investir dans des secteurs identifiés comme en ayant besoin. Et certains sont accessibles à toutes les bourses, à condition d'avoir un impôt à réduire !

Impôt sur le revenu : crédit ou réduction, pourquoi ça change tout !

1 – Dons aux œuvres : jusqu'à 75% de réduction pour 1 000 euros

Quand vous donnez aux Restos du cœur, à la Croix-Rouge, à Médecins sans frontières, à Emmaüs, à Action contre la faim ou à tout autre organisme reconnu « d'aide aux personnes en difficulté », 75% de la somme donnée sera « récupérée » via l'impôt sur le revenu de l'année suivante. Ce dispositif a été étendu par la loi de finances pour 2025 aux associations de lutte contre les violences faites aux femmes et les violences domestiques. Les dons aux organismes d'intérêt général n'ouvrent toujours droit qu'à une réduction de 66%.

Exemple. Cet automne, vous donnez 100 euros à MSF et 100 euros aux Restos du cœur. Vous devrez les déclarer au Trésor public, à l'occasion de la déclaration annuelle au printemps 2026, ce qui vous permettra de réduire votre impôt sur les revenus 2025 de 150 euros. Une réduction qui va diminuer le solde à régulariser courant 2026, la majeure partie de votre impôt ayant déjà été prélevée à la source courant 2025.

À savoir. Les dons éligibles à la réduction à 75% sont limités à 1 000 euros. Si vous donnez 1 000 euros d'ici la fin de l'année, c'est bien 750 euros que vous allez « récupérer » en 2026 grâce à la réduction.

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2 – PER : vos versements réduisent votre revenu imposable

Depuis octobre 2019, le seul pur produit d'épargne retraite accessible à l'ensemble des contribuables est désormais le PER individuel. Tout versement effectué sur un plan d'épargne retraite (PER) est déductible du revenu imposable, dans la limite de 10% du salaire net annuel (votre plafond personnalisé figure théoriquement sur votre avis d'imposition).

À noter : si vous avez un « ancien » Perp ou Madelin, ou encore un produit ouvert via votre entreprise (Perco ou PER collectif), les versements que vous effectuez volontairement sont déductibles à la même hauteur que ceux effectués sur un PER individuel.

Exemple. Un célibataire perçoit 25 000 euros de revenus imposables en 2025. Il figure dans la première tranche d'imposition, à 11%. S'il verse 3 000 euros sur un PER, il économise théoriquement 330 euros d'impôt (11% de 3 000 euros), sur l'impôt à régulariser en 2026, puisqu'il abaisse ses revenus imposables 2025 de 3 000 euros. Dans les faits, en tant que contribuable faiblement imposé bénéficiant de la décote, il réduit 480 euros dans ce cas spécifique, soit 16%, mais c'est un cas à part.

Plus les revenus sont élevés, plus l'avantage augmente et plus la réduction est lisible : si ce contribuable déclare 40 000 euros de revenus imposables et qu'il émarge dans la tranche à 30%, le gain fiscal grimpe à 900 euros (30% de 3 000 euros). Et il serait bien plus élevé dans la tranche à 45% (à partir de 180 294 euros de revenus imposables) : 1 350 euros.

Aujourd'hui, 12 millions de Français sont équipés d'un PER, individuel ou collectif (souscrit en entreprise), pour un encours de 130,7 milliards d'euros.

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3 – Fonds fiscaux : réduction portée à nouveau à 25%

Noms complets : fonds communs de placement dans l'innovation (FCPI) et fonds d'investissement de proximité (FIP). Diminutif : « fonds fiscaux ». Car ces produits proposés régulièrement en agence bancaire ou dans les réseaux de gestion de patrimoine sont proposés aux clients dans un seul but : défiscaliser.

Investis majoritairement dans des PME, ces fonds ouvrent pour la plupart droit à une réduction de 25% en cette fin d'année 2025 : c'est une dérogation au taux normalement appliqué pour cette réduction, appelée « Madelin » ou encore « IR-PME » de 18%.

Attention ! Seuls les FCPI agréés par l'AMF en 2024 et en 2025 ouvrent droit à la réduction de 25%. En outre, la loi de finances pour 2025 n'a pas reconduit la réduction d'impôt de 18% pour un investissement dans un FIP « métropolitain ». Cette réduction s'élève à 30% pour les FIP Corse et Outre-mer et à 25% pour les investissements effectués dans des entreprises solidaires d'utilité publique (ESUS).

Exemple (sans prendre en compte les frais). Vous misez 2 000 euros en cette fin d'année 2025 sur un FCPI. Vous pouvez espérer une réduction ponctuelle de 500 euros, dont vous profiterez sur l'impôt à payer en 2026 au titre des revenus 2025. À condition de conserver vos parts de FCPI pendant 5 ans minimum !

Attention. Avant de miser sur ces « fonds fiscaux » en fermant les yeux : tout d'abord vous allez immobiliser votre argent pendant une décennie, la durée de vie des fonds étant souvent de 7 ou 8 ans, parfois 10 ans. « Il est impossible d'obtenir le rachat de vos parts pendant la durée de vie du fonds », prévient l'Autorité des marchés financiers (AMF) dans un fascicule dédié. Par ailleurs les frais sont potentiellement élevés et les performances financières sont « incertaines » comme le souligne l'AMF, insistant sur le risque de perte en capital.

4 – Crowdfunding : 25% aussi en investissant dans certaines PME

La réduction d'impôt « Madelin » ou « IR-PME » qui s'applique aux « fonds fiscaux » concerne tous les investissements en direct dans les PME éligibles. Or l'investissement en fonds propres dans les PME s'est démocratisé avec l'essor du crowdfunding, ou plutôt crowdequity pour le financement participatif en capital. La réduction sera donc de 25%, à condition de viser des PME éligibles : « La Commission européenne ayant rendu sa décision, le taux majoré de la réduction d'impôt s'applique aux versements effectués à compter du 28 septembre, et jusqu'au 31 décembre 2025 », explique Bercy dans un communiqué.

Exemple. Un contribuable investit 10 000 euros au capital d'une PME fin 2025, directement ou via une plateforme de crowdfunding. Sans prendre en compte les frais éventuels, la réduction s'élève à 2 500 euros. Une réduction de 25% à faire valoir sur l'impôt payé en 2026 sur la base des revenus 2025. À condition toutefois de maintenir votre investissement pendant 5 ans et de miser sur une PME éligible au taux temporairement boosté à 25%.

Attention. Ayez à l'esprit qu'un investissement au capital d'une PME est par essence très risqué ! D'où l'importance de bien choisir les sociétés dans lesquelles vous investissez, et si possible de diversifier votre mise sur plusieurs PME. Par ailleurs, cette réduction d'impôt est soumise au plafonnement global des niches fiscales, de 10 000 euros par an.

5 – SCPI fiscales : une famille dépeuplée, mais...

Le Pinel, c'est fini ! Restent donc dans la même famille de réduction d'impôt, des dispositifs que l'on peut considérer « de niche » : Denormandie, Malraux, déficit foncier, etc. Il existe aussi des sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) dédiées à toutes ces catégories d'avantages fiscales. À la différence du Pinel, qui se concentrait sur le neuf, le Denormandie vise l'ancien avec rénovation, et avec un même principe d'une réduction de 2% par an sur 6 ou 9 ans.

Mais attention ! Les SCPI fiscales accessibles sont clairement de plus en plus rares sur le marché.

Est-ce encore pertinent d'investir sur des SCPI fiscales ?

Exemple théorique. Une contribuable mise cet automne 10 000 euros sur une SCPI Denormandie. Le plus souvent, la réduction d'impôt débute immédiatement, dès l'année de la souscription des parts. Vous pouvez donc espérer profiter d'une réduction équivalente à 2% de l'investissement, soit 200 euros par an dès 2026 (impôt sur les revenus 2025), pendant 9 ans, soit 18% au total (1 800 euros), si l'engagement de location en « Denormandie » est de 9 ans.

À savoir. L'argent investi est très difficile à récupérer pendant une dizaine voire une quinzaine d'années. Par ailleurs, il faut attendre quelques mois ou années avant de toucher des « loyers » (sous forme de dividendes), les frais sont élevés (même s'ils sont intégrés dans le prix de la part) et il faut anticiper des performances moindres qu'avec les SCPI dites « de rendement », non fiscales.