En 2025, comme en 2024, le barème des frais kilométrique n'a pas fait les gros titres. À la différence de 2022, quand le gouvernement choisissait de le réhausser de 10%. À l'époque, le Premier ministre Jean Castex et son gouvernement mettaient en avant un coup de pouce fiscal pour 2,5 millions de foyers, avec une économie de 150 euros en moyenne.

Ce même barème a été discrètement gelé en 2024 et 2025, malgré l'inflation, certes moindre mais toujours existante. Est-ce que ce double gel change la donne ? Avez-vous toujours intérêt à vous poser la question des frais réels ? Réponse, en s'appuyant sur trois simulations simplifiées.

Frais kilométriques : voici le barème 2025 pour vos impôts

À 10 km du travail, 3 jours par semaine

Grâce au fort développement du télétravail depuis les confinements Covid-19, Inès ne se rend plus que 3 jours par semaine au bureau. Elle gagne un peu moins de 1 700 euros nets mensuels. Elle a 5 semaines de congés payés et une de RTT, soit 138 allers-retours, ce qui fait 2 760 km environ sur l'année 2024. Elle roule en Peugeot 208 affichant 5CV.

Contribuable gagnant 20 000 euros par an habitant à 10 km en auto de son travail
Frais déductiblesImpôt dû en 2025
Forfait 10%2 000 €150 €
Frais réels1 755 €189 €

* Un aller-retour par jour de 20 km 138 jours par an (soit 2 760 km à l'année) avec voiture 5CV.

Verdict : sauf si elle peut justifier de 300 euros ou plus de frais annexes (« frais de bouche », équipement nécessaire au télétravail, etc.), Inès n'a aucun intérêt à basculer vers les frais réels.

À 15 km du travail, 5 jours par semaine

Louison est à temps plein, avec 6 semaines de congés payés. Elle gagne un peu plus de 2 080 euros par mois (elle déclare 25 000 euros nets sur l'année 2024). Elle roule avec une ancienne Clio (4CV) et fait 30 km par jour (15 allers, 15 retours). Bilan : 6 900 km par an.

Contribuable gagnant 25 000 euros par an habitant à 15 km en auto de son travail
Frais déductiblesImpôt dû en 2025Taux de prélèvement à la source
Forfait 10%2 500 €869 €3,50%
Frais réels3 676 €681 €2,70%

* Un aller-retour par jour de 30 km 230 jours par an (soit 6 900 km à l'année) avec voiture 4CV.

Verdict : sans même avoir commencé à se pencher sur les éventuels frais annexes, Louison a très clairement intérêt à passer aux frais réels, rien que sur la base de ses frais kilométriques ! L'impact mensuel, via le prélèvement à la source, est encore plus parlant : au lieu d'être prélevé de 73 euros chaque mois, elle ne payera que 56 euros à la source chaque mois grâce aux frais réels : 17 euros gagnés sur le budget mensuel !

À 25 km du travail, 4 jours par semaine

Dominique déclare 30 000 euros de salaire net annuel (2 500 euros net par mois), et fait un aller-retour de 50 km chaque jour, en Dacia Duster (5CV), mais 45 semaines par an (5 semaines de congés + 2 en RTT).

Conducteur habitant à 25 km de son travail et touchant 30 000 euros par an
Frais déductiblesImpôt dû en 2025Taux de prélèvement à la source
Forfait 10%3 000 €1 588 €5,30%
Frais réels4 608 €1 330 €4,40%

* Un aller-retour par jour de 50 km 180 jours par an (soit 9 000 km à l'année) avec voiture 5CV.

Verdict : les frais réels. Sans aucune ambiguïté. Et ce malgré le télétravail régulier de Dominique.

Se poser la question des kilomètres avant de tester les frais réels

Et vous ? Vous pouvez aisément faire la même simulation simplifiée sur impots.gouv.fr, entre abattement automatique de 10% et frais réels, en vous concentrant dans un premier temps sur les seuls frais kilométriques, avec le simulateur barème kilométrique. De fait, sauf dans le cas de professions spécifiques engendrant d'importants frais annexes, ce sont les trajets domicile-travail qui sont déterminants pour l'intérêt ou non de passer aux frais réels.

Mieux vaut donc vous décider en fonction du résultat du barème kilométrique... et vous pencher uniquement dans un second temps sur les frais liés au télétravail par exemple.

Impôts 2025 : comment savoir si vous avez intérêt à passer aux frais réels ?

Vous avez un doute concernant le nombre de kilomètres parcourus ? La Direction générale des finances publiques (DGFiP) reste sur un principe de bonne foi du contribuable. Vous pouvez donc estimer la distance totale avec une multiplication simplifiée en fonction du nombre de jours travaillés. Veillez en revanche à ce que votre estimation reste plausible par rapport à votre activité : en cas d'anomalie ou de sur-estimation évidente, le fisc se penchera probablement sur votre déclaration.

Impôts 2025 : la nouvelle parade du fisc face aux fraudes au crédit d'impôt

Pour les deux-roues, le principe est le même mais le barème est différent. Idem pour les véhicules électriques. Il suffit d'indiquer le type de véhicule sur le simulateur du fisc.

Choisir les frais réels, est-ce réellement moins intéressant suite au double gel du barème kilométrique ?

Les trois exemples ci-dessus sont volontairement inchangés par rapport à un précédent match opéré par MoneyVox en 2022. C'était l'année du plus important coup de pouce, +10%, mesure politique du gouvernement Castex envers les travailleurs utilisant un véhicule au quotidien. Depuis : une hausse indexée sur l'inflation, et deux gels successifs. Suffisant pour rendre l'option frais réels moins intéressante ? Forcément. Toutefois, pour les trois exemples ci-dessus, le résultat est sensiblement le même que 3 ans plus tôt.

Pour Inès, l'option frais réels était déjà trop peu intéressante. Pour Louison, au contraire, via l'effet indirect (et complexe) de la décote, elle y gagne même plus en 2025 en choisissant les frais réels (188 euros d'impôt en moins contre 158 euros en 2022). Idem pour Dominique avec un gain de 100 euros supplémentaires en 2025 (soit 258 euros au lieu de 158 euros trois ans plus tôt). Les gains supérieurs sont toutefois surtout dus à la réévaluation du barème progressif de l'impôt sur le revenu, au fil de l'inflation.

Ces trois exemples illustrent toutefois un principe toujours d'actualité : vous avez tout intérêt à vous poser la question des frais réels dès lors que vous prenez régulièrement votre voiture ou deux-roues pour vous rendre sur votre lieu de travail. Et ce en 2025, même après deux gels successifs du barème kilométrique, comme trois ans plus tôt à l'heure du « coup de pouce Castex ». Une simple simulation peut vous économiser des centaines d'euros par an... et des dizaines d'euros prélevés en moins chaque mois sur votre salaire.