« Je suis très inquiète », déplore Françoise Thiebault, coordinatrice énergie du Conseil national des associations familiales laïques (CNAFAL), qui siège au Conseil supérieur de l'énergie (CSE). Au cœur de ses interrogations, le chèque énergie, une aide distribuée chaque année aux foyers les plus modestes, pour régler une partie de leurs factures d'énergie ou des travaux de rénovation énergétique.

Le projet de loi finances prévoyait de nouvelles règles pour 2025. Objectif, pallier l'absence de la taxe d'habitation, qui servait de base à l'administration pour déterminer les ménages éligibles. Cette année, sa suppression définitive, jusqu'à 1 million de nouveaux foyers éligibles ont été oubliés dans l'envoi du chèque énergie.

Dans le projet présenté par le gouvernement de Michel Barnier, renversé par la motion de censure, l'envoi se basait sur sur les points de livraison (pdl), qui permettent d'identifier les compteurs électriques, croisés avec le revenu de référence fiscal. De nombreux acteurs alertaient sur la fin de l'envoi automatique. Des amendements au projet de loi finances déposés au Sénat permettaient toutefois de corriger ou d'atténuer ce biais.

Reprise du texte ou loi spéciale ?

Après la démission du gouvernement, difficile de prévoir ce qui se passera, car la situation est inédite. Un nouveau gouvernement en place rapidement, qui reprend l'examen des textes en cours, avec d'éventuelles modifications ? Une loi spéciale, qui figerait le budget 2025 à l'image de celui de 2024 ? Dans ce cas, c'est la méthode de 2024 qui pourrait être à nouveau utilisée pour le chèque énergie 2025 : l'envoi automatique aux ménages déjà bénéficiaires et un guichet ouvert par la suite pour ceux qui seraient nouvellement éligibles.

Le problème, c'est que le guichet spécial de cette année est loin d'avoir eu l'effet escompté. Seuls 53 000 ménages avaient l'aide obtenu début novembre, après avoir fait une demande, soit 5% des 1 million de nouveaux bénéficiaires oubliés. « Il faut faire absolument une demande, aller voir les associations pour avoir de l'aide, communiquer auprès de son entourage sur le chèque énergie », encourage Françoise Thiebault, qui plaide depuis des mois pour un allongement de l'ouverture de cette plateforme dont la fin est prévue le 31 décembre.

« Ne pas avoir le chèque énergie, c'est une catastrophe pour les ménages éligibles qui sont en dessous du seuil de pauvreté. Ils perdent aussi toutes les protections associées au chèque énergie », alerte-t-elle. Par exemple, une exonération des frais de mise en service du contrat ou des frais liés à un rejet de paiement, du maintien de la puissance électrique pendant la trêve hivernale et d'une puissance minimale pendant 60 jours en cas d'impayés.

« La situation est catastrophique » : un million de ménages n'ont pas reçu leur chèque énergie