Les marchés : Russie / Ukraine et Chine / Taïwan
La Bourse de Paris redémarre timidement, après quatre jours de pause pour Noël. Dans de faibles volumes d'échanges, le CAC 40 gagne 0,10% ce soir, à 8 112 points. C'est habituel, de nombreux investisseurs sont absents en fin d'année. L'actualité est calme sur le plan économique, mais la géopolitique attire à nouveau l'attention.
D'un côté, l'accord de paix entre la Russie et l'Ukraine semble avancer. Cette perspective pèse légèrement sur les valeurs de la défense, comme Thales, qui recule en Bourse. De l'autre, la Chine mène d'importants exercices militaires autour de Taïwan. L'armée chinoise a mobilisé de nombreux moyens, des dizaines de navires de guerre, des avions de chasse, des bombardiers et des drones.
Ces manœuvres interviennent dans un contexte déjà tendu, marqué ces dernières semaines par de vives tensions diplomatiques entre Pékin et Tokyo, ainsi que par de nouvelles ventes d'armes des États-Unis à Taïwan. Dans ce contexte, nous consacrons une partie de cette édition au secteur de la défense. Bonne lecture !
Les valeurs : Les valeurs de la défense, Maurel & Prom et Riber
Les valeurs de la défense Les valeurs européennes de la défense marquent une pause ce lundi, pénalisées par les propos optimistes de Donald Trump sur une possible issue au conflit en Ukraine. À Paris, Thales recule de 0,66%, tandis que Dassault Aviation cède 0,52%. Le mouvement est plus marqué ailleurs en Europe : Rheinmetall perd 1,14% à Francfort, Hensoldt -0,82%, BAE Systems 0,72% à Londres, tandis que Leonardo décroche de 2,13% à Milan. Une réaction classique, déclenchée par la perspective d'une désescalade géopolitique. Pour autant, ce repli ne remet pas en cause la dynamique de fond du secteur.
Depuis le début de l'année, les valeurs de défense ont largement profité des hausses durables des budgets militaires européens et du repositionnement stratégique du continent. Une éventuelle paix en Ukraine modifierait la nature des commandes : moins d'urgence, davantage de visibilité mais des besoins structurels toujours élevés. Après un parcours boursier exceptionnel en 2025, le secteur marque une pause, plus technique que stratégique.
Maurel & Prom avance d'un pas décidé en Colombie. Le groupe a obtenu l'autorisation des autorités locales pour prendre le contrôle d'un important projet gazier, avec 61% du capital et la gestion directe du site. Ce feu vert permet désormais de finaliser l'opération et de lancer les premiers forages dès début 2026. Le coût total de l'acquisition atteint 185 millions de dollars, dont une première tranche sera rapidement versée. Le site produit déjà du gaz et devrait monter en puissance dans les mois à venir.
En Bourse, la réaction est positive, le titre progresse de 2,16% à 5,02€. Les investisseurs apprécient la visibilité apportée par cette décision et le retour concret du groupe en Colombie, sur un projet déjà opérationnel. Ce rebond permet à l'action de réduire ses pertes, désormais limitées à 11% depuis le début de l'année.
Riber Le spécialiste français des équipements pour semi-conducteurs progresse ce soir de 10,92% à 3,50€ après l'annonce d'une nouvelle commande européenne. Celle-ci porte sur deux grandes machines de fabrication destinées à la production de composants électroniques avancés, avec une livraison prévue en 2026, accompagnée de prestations de service. Le montant n'a pas été précisé, mais le marché salue un contrat industriel de qualité, positionné sur des usages stratégiques comme les capteurs, les technologies optiques ou les infrastructures numériques, souvent en lien avec la défense, l'intelligence artificielle et les systèmes critiques.
Au-delà du seul cas Riber, cette annonce illustre l'intérêt des investisseurs pour les acteurs européens capables de se placer en amont des grandes chaînes industrielles liées à la souveraineté technologique. Dans un contexte géopolitique encore incertain, la visibilité sur les commandes et le renforcement des capacités de production restent des éléments clés. La défense au sens large continue ainsi d'offrir des relais de croissance, même lorsque les valeurs purement militaires marquent des pauses. Depuis le début de l'année, l'action éligible au PEA-PME progresse de 29%.
La recommandation du jour : Investir dans la défense et la souveraineté... ... les deux grandes priorités stratégiques Au-delà de la récente baisse du secteur de la défense, on a assisté à son envol en Bourse en 2025. En cause bien sûr, la montée des tensions géopolitiques et l'augmentation des budgets militaires. Le réarmement de l'Europe est un événement majeur des prochaines années. En plus de la défense, plusieurs thématiques d'investissement liées à la souveraineté devraient rester très attractives.
Le monde d'après : L'espoir d'un accord
Trump affirme que l'accord de paix entre la Russie et l'Ukraine n'a jamais été aussi proche. À l'issue de sa rencontre avec Zelensky en Floride, il a évoqué une issue possible « en quelques semaines », tout en reconnaissant que les derniers mètres restent les plus difficiles à parcourir. Les discussions avancent, les échanges se multiplient, y compris avec Poutine, et le climat se veut constructif. Mais derrière les déclarations optimistes, les zones de friction demeurent, au premier rang desquelles le sort du Donbass et la question cruciale des garanties de sécurité. Côté ukrainien, Zelensky affirme avoir obtenu des engagements sécuritaires américains sur le long terme, quand Trump se montre plus prudent, parlant d'un accord réglé à « 95% ». Washington attend clairement que l'Europe s'implique fortement dans les garanties de sécurité, une ligne confirmée par Macron qui évoque des progrès et annonce une nouvelle réunion des alliés début janvier. En toile de fond, la proposition américaine d'une zone économique spéciale dans le Donbass illustre la recherche d'un compromis économique pour débloquer le verrou politique. Mais Moscou ne lâche rien. Poutine réclame une « décision courageuse » de Kiev sur le Donbass, qu'il contrôle en grande partie, et juge toute trêve temporaire contre-productive. Sur le terrain, les frappes se poursuivent, rappelant que la diplomatie avance sous la pression des armes. La paix se rapproche peut-être, mais elle aura un prix politique, territorial et sécuritaire élevé. Les marchés observent déjà ce tournant potentiel, conscients qu'un accord, même imparfait, redessinerait durablement l'équilibre géopolitique européen.
L'agenda du lundi : Cap sur 2026
La semaine boursière s'annonce très calme mais on a beaucoup de choses à vous partager ! Les grandes places fermeront plus tôt que d'habitude mercredi et resteront closes jeudi pour le passage à la nouvelle année. Exceptionnellement, nous ne vous enverrons pas de Journal de la Bourse le 1er janvier et les services Bourse Privée seront également suspendus. Retour à la normale vendredi. Sans surprise, les publications économiques seront très peu nombreuses dans les prochains jours, on attend surtout de nouveaux indices PMI sur l'activité industrielle de la zone euro et des États-Unis en fin de semaine.
Demain à la Une : Les niveaux à surveiller
Demain, le marché surveillera une seule actu : le compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed, on en reparle dans le lexique ci-dessous. D'un point de vue technique, le CAC 40 devrait continuer d'évoluer dans les séances à venir entre les 8 050 et 8 165 points. En dehors de cette zone, les acheteurs devraient viser à court terme les 8 215 points. Et les vendeurs, les 8 000.
Le lexique : Les minutes de la Fed
Les minutes de la Fed sont le compte-rendu détaillé des réunions de politique monétaire du Federal Open Market Committee (FOMC), l'organe décisionnel de la Banque centrale américaine. Publiées environ trois semaines après chaque réunion, elles synthétisent les débats entre les membres sur la conjoncture économique, l'inflation, l'emploi et l'orientation future de la politique monétaire, sans attribuer précisément chaque propos à un participant. Très suivies par les marchés financiers, les minutes permettent d'anticiper les décisions à venir sur les taux d'intérêt et la politique monétaire, en donnant une lecture plus fine du degré de consensus ou de divergence au sein de la Fed.










