C'est une pratique connue, mais qui s'intensifie depuis que les assurés sont libres de choisir le garage où faire réparer leur voiture. Pour les attirer, certains proposent des cadeaux, souvent en échange d'une réparation d'un pare-brise. Consoles, chèques cadeaux de plusieurs centaines d'euros, trottinettes, places pour des parcs d'attraction... Les offres sont alléchantes.

Si les garagistes ont le droit de faire des offres à leurs clients, le problème, selon les assureurs auto, c'est que certains réparateurs peu scrupuleux font peser la facture des cadeaux sur leurs tarifs. Ces derniers seraient donc in fine remboursés par les assureurs, via la garantie bris de glace. « Au début, il ne s'agissait que de différenciants marketing basés sur les cadeaux. Mais on remarque que la valeur de ces cadeaux enfle assez fortement ces dernières années. Nous avons surtout constaté de nombreuses surfacturations, voire des fausses factures », détaille Maxence Bizien, directeur général de l'Agence de lutte contre la fraude en assurance (Alfa).

Double peine

L'agence a organisé un groupe de travail sur ce sujet avec plusieurs assureurs. Contre ces pratiques, certains « ressortent des clauses qui n'étaient plus utilisées. Des assureurs réexigent un appel avant une réparation, voire refusent de payer plus que les tarifs constructeurs des pare-brise », indique Maxence Bizien. Pour les assurés, cela peut être la double peine. Selon l'Alfa, « lorsque les assureurs dénoncent une surfacturation, on constate que le réparateur ne fournit pas le cadeau et impose même parfois à l'assuré un reste à charge ». C'est ce qui est arrivé à plusieurs personnes interrogées par Le Parisien.

Cela peut même aller plus loin. « Parfois, il n'y a pas de réparation du tout : le réparateur propose du cash au client en échange de ses données et il facture une réparation fictive à l'assurance avec des faux en guise de justificatifs. Il y a aussi des kits sur Telegram, qui expliquent comment monter une entreprise de réparation de pare-brise avec formation en une semaine. Les réparateurs n'ont pas forcément tout le materiel. Il arrive que les pare-brises soient mal posés, on voit des assurés démarchés par téléphone, sur un parking... », souligne Maxence Bizien.

« Finalement tout le monde paie »

Comment reconnaître une potentielle arnaque ? « Il ne faut changer de pare-brise que lorsqu'on rencontre un problème, indique Maxence Bizien. Votre assureur ne vous appellera jamais pour dire qu'il faut changer votre pare-brise tous les ans ou tous les 5 ans pour respecter une quelconque réglementation européenne. » Attention aussi aux personnes prétendant que votre pare-brise a un défaut et qui évoquent la sécurité pour vous pousser à en changer.

Selon Maxence Bizien, il mieux vaut également se poser des questions sur la valeur du cadeau proposé. « Si son montant est plus élevé qu'un jeu d'essuie-glace, il faut se dire qu'il y a bien quelqu'un qui va le payer. Les assureurs sont vus par certains comme de véritables vaches à lait, mais c'est finalement la communauté des assurés qui paye, puisque l'assurance repose sur une mutualisation du risque. Les assurés retrouvent donc ce surcoût dans leur cotisation. »

Selon France assureurs, le bris de glace a été le deuxième sinistre le plus fréquent en 2023, après les dommages tous accidents. Il est indemnisé en moyenne 675 euros. Comme pour toutes les catégories, ce prix moyen a augmenté par rapport à 2022 (+ 8,8%).

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