En septembre 2022, l'introduction en Bourse (IPO) de Porsche avait été accueillie favorablement par les investisseurs, avec un cours en hausse de près de 50% quelques mois plus tard. Il faut dire que le succès de l'IPO de son concurrent italien Ferrari, réalisée quelques années plus tôt, a probablement conforté Volkswagen — actionnaire de référence de la marque allemande — dans sa décision de procéder à cette cotation.

Des performances boursières aux antipodes

La marque au cheval cabré a vu son cours de Bourse progresser de plus de 700% depuis son IPO en 2015, portée par de solides résultats financiers. Les ventes de ses modèles ne cessent de progresser, dépassant un record de plus de 13 000 véhicules écoulés l'an dernier.

A l'inverse, ces dernières années, Porsche a vu son chiffre d'affaires stagner, avec des bénéfices en perte de vitesse, pénalisés notamment par de lourds investissements réalisés dans l'électrification de sa gamme alors que la montée en puissance des modèles 100% électriques s'avère plus lente que prévu. Résultat : son action a perdu près de la moitié de sa valeur par rapport à son cours d'introduction.

Tout comme leurs résultats financiers

En revanche, le titre du constructeur italien de voitures de sport est plébiscité par les investisseurs, grâce à des revenus et des profits affichant une croissance à deux chiffres au cours de la dernière décennie. Il faut dire que le constructeur italien a parfaitement su capitaliser sur son image emblématique auprès des passionnés.

Pour ce faire, il s'appuie sur un puissant « pricing power », c'est-à-dire « la capacité d'une entreprise à augmenter les prix de ses produits et services et à préserver ses marges sans impacter ses volumes de vente », comme l'explique Gilles Constantini, directeur général adjoint au sein de la société de gestion Amplegest.

Bourse : miser sur les entreprises disposant d'un « pricing power », une stratégie gagnante ?

Mais des challenges à relever

Malgré tout, Ferrari n'est toutefois pas à l'abri de turbulences, notamment aux Etats-Unis, compte tenu de « l'entrée en vigueur des nouveaux droits de douane de 15% sur les véhicules importés du continent européen », comme le précise Thomas Brenier, associé-gérant et directeur de la gestion et de la recherche actions chez Lazard Frères Gestion.

Les ventes du constructeur italien comme celles, du reste de Porsche, pourraient en pâtir alors que les Etats-Unis restent leur principal marché au niveau mondial. Autre challenge à relever pour ces deux marques : la fin de la commercialisation des voitures neuves à moteur thermique (essence/diesel/hybride traditionnel) en Europe avec laquelle ils vont devoir s'adapter. Porsche sans doute mieux armé sur l'électrique

Sur le terrain du tout-électrique, Porsche semble néanmoins disposer d'une longueur d'avance sur son concurrent italien. Ainsi, au 1er trimestre 2025, le constructeur allemand a livré 71 470 véhicules, dont 25,9% de véhicules 100% électriques (VE).

Dans le même temps, Ferrari n'a pas encore vendu de VE puisque la marque italienne ne devrait pas en commercialiser avant les douze prochains mois selon les récentes déclarations de ses dirigeants lors de la présentation de son plan stratégique pour la période 2026-2030.

Le virage à venir dans la stratégie d'électrification pourrait peser sur les comptes de la marque au cheval cabré, d'autant plus que le groupe a réduit ses objectifs en la matière : elle vise désormais 20% de modèles VE en 2030, contre 40% auparavant.

Dans ce contexte, à court terme, il convient sans doute de rester prudent sur le titre Ferrari, compte tenu de sa valorisation actuelle, à plus de 40 fois les bénéfices attendus en 2025 selon FactSet. Du reste, ce sentiment est également partagé par les analystes financiers pour l'action Porsche d'après le consensus de marché compilé par l'agence Bloomberg.

Bourse en ligne : comparatif des meilleurs courtiers et des meilleures banques