Les marchés : Édition spéciale luxe

Le CAC 40 a brièvement atteint un nouveau record historique à 8 314 points aujourd'hui, avant de retomber dans le rouge. Rien de bien méchant, il perd seulement 0,11% ce soir, à 8 232 points. Cette baisse est surtout liée à la mauvaise séance du Nasdaq (-1,8%), pénalisé par de nouvelles prises de bénéfices sur les valeurs technologiques.

Aux États-Unis, la fin du shutdown après 43 jours de paralysie, a temporairement rassuré les marchés, même si un nouveau blocage budgétaire reste possible d'ici quelques semaines. En ce moment, les investisseurs délaissent un peu les actions américaines (jugées trop chères, surtout les géants de la tech) au profit des valeurs européennes, notamment françaises. Kering progresse d'ailleurs nettement ce soir, porté par les résultats de Burberry, on en reparle ci-dessous.

Plusieurs grandes banques estiment que l'Europe pourrait connaître une période favorable dans les mois à venir : croissance modérée mais stable, inflation maîtrisée, et actions encore bien valorisées et relativement bon marché par rapport aux américaines. Une petite info nous a particulièrement intéressé aujourd'hui : selon Goldman Sachs, les actions européennes pourraient offrir un rendement annuel supérieur à celles du marché américain sur les dix prochaines années : respectivement 7,1% contre 6,5%.

Les valeurs : Carrefour, Burberry et Vente-unique.com

Carrefour - Carrefour anime le CAC 40 ce jeudi après une double annonce. Le distributeur accueille la famille Saadé (propriétaire de CMA CGM) dans son capital, à hauteur de 4%, tandis que la famille Diniz, actionnaire historique depuis dix ans, organise sa sortie en douceur. Une opération sans vente massive sur le marché, ce qui rassure clairement les investisseurs. Résultat immédiat, le titre Carrefour gagne 2,08% à 13,52€, porté également par les spéculations persistantes autour de potentielles cessions d'actifs en Roumanie, en Pologne et en Argentine. Pour les investisseurs, le signal est double. La gouvernance s'assainit et la simplification du groupe semble enfin s'accélérer. Carrefour verrouille un nouvel actionnaire solide, tourne la page Diniz sans heurt et devrait bientôt renforcer sa trésorerie via des cessions ciblées. Une respiration bienvenue pour un titre encore sous-valorisé malgré ses récents progrès. Depuis le début de l'année, l'action cède 1% mais a versé un dividende d'environ 8%.

Burberry - Après LVMH et Kering, c'est au tour du britannique Burberry d'attirer l'attention des investisseurs. Le groupe de luxe a renoué avec la croissance au dernier trimestre, avec des ventes en hausse de 2%, supérieures aux attentes, portées par un net rebond en Chine. Le plan « Burberry Forward » du nouveau directeur général commence à produire ses effets, mais la volatilité est forte sur l'action ! Après avoir gagné plus de 8% ce matin, Burberry cède finalement 2,93% ce soir, autour de 14€, et affiche désormais +27% depuis le début de l'année. Certes, tout n'est pas encore parfait, Burberry anticipe toujours une baisse des ventes dans les réseaux multimarques. Mais le redressement saute aux yeux : retour au profit opérationnel, pertes divisées par trois, et une dynamique commerciale enfin positive sur toutes les zones géographiques. Dans ce contexte, le maroquinier londonien veut s'imposer comme l'un des meilleurs paris du luxe, au moment où les investisseurs cherchent des dossiers capables de surprendre positivement.

Vente-unique.com - Dans un marché de l'ameublement encore grippé, Vente-unique.com continue de se démarquer. Le spécialiste du mobilier en ligne affiche une hausse de 12,5% de son chiffre d'affaires annuel, à 201 millions d'euros, porté par la première année d'exploitation de la marque Habitat et le succès de ses services logistiques. La croissance reste solide dans le e-commerce, notamment en France et en Europe du Sud, et le groupe revendique un volume d'affaires record à 257 millions d'euros. En Bourse, le titre éligible au PEA-PME progresse de 2,7% à 15,2€, les investisseurs saluant une performance jugée remarquable dans un secteur en difficulté. Certes, la marge sera un peu inférieure aux attentes en 2025, entre 10% et 10,9%, en raison des investissements liés à Habitat et à des nouveaux entrepôts, mais les perspectives restent bien orientées. Depuis le début de l'année, le titre gagne 15%.

Le monde d'après : Le vintage fait mouche

Le come-back est spectaculaire. Après quinze années de stagnation boursière, Ralph Lauren signe une renaissance éclatante. Sa valorisation a triplé en trois ans, portée par une croissance des ventes de 15% au premier semestre et un repositionnement parfaitement ajusté aux goûts de la nouvelle génération. Le groupe dirigé par le Français Patrice Louvet a su raviver la flamme du « vintage chic » américain. Entre héritage et modernité, Ralph Lauren coche toutes les cases : codes classiques, storytelling inspirant et une présence redoutablement maîtrisée sur les réseaux sociaux. Son secret ? Un positionnement intelligent, entre prêt-à-porter haut de gamme et luxe, qui lui permet de séduire la Gen Z sans perdre sa clientèle traditionnelle. Mieux encore, la stratégie financière du groupe impressionne, désendettement, rachat d'actions discipliné et marges tirées par des hausses de prix bien absorbées. Résultat, la trésorerie et le profit avant impôt ont quasiment doublé depuis 2024, offrant au marché un cocktail rare : croissance, rentabilité et crédibilité. Reste à savoir si ce retour en grâce sera durable. Le chiffre d'affaires reste encore en deçà de celui d'il y a dix ans, et la forte valorisation actuelle laisse peu de place à la déception. Mais une chose est sûre, Ralph Lauren est redevenu une valeur que Wall Street regarde avec envie. En novembre, le titre gagne 4%, et 44% depuis le début de l'année. Il évolue actuellement autour des 330$, proche de son plus haut niveau historique. Le chic américain, version Gen Z, n'a jamais été aussi tendance !

Demain à la Une : À la recherche d'actus...

Pour la dernière séance de la semaine, le marché surveillera trois publications : la production industrielle chinoise dans la nuit, l'inflation française demain à 8h45 et la croissance de la zone euro à 11h. Les prochaines séances seront déterminantes pour la tendance de cette fin d'année. Maintenant que la fin du shutdown est bien intégrée dans les cours et que la saison des résultats du troisième trimestre est terminée, le marché pourrait manquer de catalyseurs pour poursuivre sa hausse. On en reparle vite.

Le lexique : Les KHOL

L'acronyme KHOL désigne Kering, Hermès, L'Oréal et LVMH, les quatre fleurons du luxe français cotés à la Bourse de Paris. Malgré une volatilité marquée de leurs actions ces derniers mois, ces géants sont réputés pour leur rentabilité, leur rayonnement international et leur rôle moteur dans l'indice CAC 40, dont ils représentent une part significative de la capitalisation. Les KHOL sont suivies de près par les investisseurs en raison de leur capacité à générer de la croissance, même en période d'incertitude économique.