La douche froide. Jeudi, les chiffres de collecte des principaux livrets d'épargne réglementés sont tombés. Et ils sont très mauvais pour le Livret A et le Livret d'épargne populaire (LEP). L'un comme l'autre ont enregistré leur pire mois d'avril depuis 2009 ! Pour le Livret A, placement fétiche des Français, les retraits ont dépassé les versements de 200 millions d'euros. « Depuis 2009, une seule décollecte avait été enregistrée au mois d'avril, en 2015, avec -170 millions d'euros », rappelle Philippe Crevel.

« Le Livret A continue d'être affecté par l'effet taux. Les ménages redéploient une partie de leur épargne de précaution vers des produits de long terme comme l'assurance vie, qui connaît un net rebond depuis le début de l'année », analyse l'économiste. En effet la rémunération du Livret A est passé de 3% à 2,4% au 1er février et risque même de plonger à 1,7% en août en raison du repli de l'inflation.

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Clôtures en série de LEP

Le LEP aussi voit rouge. Le mois dernier, la décollecte a frisé les 2 milliards d'euros, 6 fois plus que l'année précédente à pareille date.

« Ces sorties s'expliquent par les vérifications annuelles des conditions d'éligibilité effectuées par les banques : elles doivent clôturer les LEP des épargnants dont le revenu fiscal de référence dépasse le plafond autorisé. Les revenus pris en compte pour 2025 sont ceux de 2023, année marquée par de fortes revalorisations salariales, notamment du SMIC », détaille Philippe Crevel.

Malgré ce phénomène, la collecte depuis le début de l'année est négative de 1,37 milliard d'euros, contre + 3,99 milliards sur la même période en 2024. Comme pour le Livret A, « les ménages modestes réagissent rapidement aux variations de taux, passé de 4 % à 3,5 % le 1er février dernier », signale Philippe Crevel. Une rémunération qui pourrait même passer à 2,2% en août.

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L'antichambre des comptes courants

En revanche, il y a un livret qui fait bande à part, c'est le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) dont la rémunération est identique à celle du Livret A, mais avec un plafond de versement bien inférieur : 12 000 euros, contre 22 950 euros pour son grand frère.

Contrairement au Livret A et au LEP, le LDDS est dans le vert : +310 millions d'euros en avril. « Cela s'explique par sa fonction d'antichambre des comptes courants : les ménages y gèrent leur trésorerie en temps réel, tandis que le Livret A reste davantage perçu comme un produit d'épargne à moyen ou long terme », analyse Philippe Crevel. Résultat, l'encours du LDDS atteint un nouveau record en avril 2025, à 162,7 milliards d'euros.

En mars, les épargnants avaient déjà déposé plus d'argent sur le LLDS que sur le Livret A : + 61 millions d'euros pour le premier contre +40 millions pour le second.

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