Une nouvelle baisse du taux du Livret A à l'été 2025 se profile. Et elle risque d'être forte. En cause : le repli de l'inflation confirmé par l'Insee ce mardi et la baisse des taux de la Banque centrale européenne (BCE).

Inflation en recul : un premier indicateur défavorable

L'Insee a fait savoir ce matin que le taux d'inflation est en nette baisse en mai selon un estimation provisoire : +0 ,6% contre +0,9% sur un an en avril. Et ce n'est pas fini. Alors que l'Insee prévoit un léger rebond de l'indice des prix à la consommation en juin, autour de 1%, « la guerre commerciale lancée par Donald Trump devrait intensifier les pressions désinflationnistes », selon Sylvain Bersinger du cabinet de prévisions Asteres. En effet, celle-ci « fait baisser le prix du pétrole ainsi que le dollar et bride la croissance européenne ».

Résultat : la moyenne semestrielle des indices mensuels d'inflation, utilisée pour calculer le taux du Livret A, devrait s'établir à environ 0,93% sur le premier semestre 2025, contre 0,97% le mois précédent.

A cette variable s'ajoute l'€STR, le taux interbancaire à court terme auquel les banques s'échangent de l'argent. Avec la série de baisse des taux de la Banque centrale européenne (BCE) qui pourrait être encore prolongée le 5 juin, la moyenne semestrielle de ce taux pourrait avoisiner 2,5%, selon nos calculs.

Vers un taux à 1,50% au 1er août ?

En appliquant strictement la formule de calcul — basée sur la moyenne de l'inflation (0,93%) et de l'€STR (2,5%) —, le taux du Livret A pourrait être révisé à 1,70% au 1er août contre 2,40% actuellement.

Certains économistes, comme Éric Dor et Philippe Crevel évoquent même un scénario plus pessimiste, avec un taux de 1,50% à 1,60%. La rémunération du Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS), indexée sur le Livret A, suivrait la même trajectoire.

Nouveau record pour ce livret d'épargne sans risque, il surclasse le Livret A et le LEP

Le Compte épargne logement (CEL) verrait sa rémunération brute tomber à 1,25%, soit 0,88% après application de la flat tax de 30% sur les intérêts.

© MoneyVox

Incertitude pour le LEP

La grande inconnue concerne le taux du Livret d'épargne populaire (LEP), censé protégée l'épargne des ménages modestes de l'inflation. Malgré le ralentissement de la hausse des prix, son taux ne passera pas de 3,5% à 1% cet été, même si l'inflation semestrielle entre janvier et juin est de 0,93%.

En effet, la formule de calcul du taux du LEP prévoit que ce dernier soit de 0,5 point supérieur au Livret A. Dans ce contexte, le LEP passerait, dans le pire des scénarios à 2%, si le taux du Livret A était de 1,5%. « Toutefois, ces dernières années, le gouvernement n'a pas toujours appliqué strictement la formule, préférant maintenir un avantage pour l'épargne populaire. Un taux de 2,5% paraît ainsi plus probable », anticipe Philippe Crevel.

© MoneyVox

En effet, les pouvoirs publics, depuis plusieurs mois, poussent les ménages éligibles à réclamer un LEP à leur banque. Aujourd'hui, un peu plus de 12 millions de particuliers en possèdent un. Or, plus de 19 millions de personnes peuvent y prétendre. Et selon les derniers chiffres, les titulaires d'un LEP ont tendance à davantage faire de retraits que d'y déposer de l'argent. La collecte nette du LEP est dans le rouge depuis le début de l'année : - 1,37 milliard d'euros depuis janvier.

LEP : trois mauvaises nouvelles pour un livret d'épargne pas si populaire