Vous faites partie des près de 15 millions de foyers ayant souscrit à une offre heures pleines / heures creuses ? Attendez-vous à du changement dans les mois à venir. Pour rappel, cette formule implique des horaires creuses au tarif plus bas et des heures pleines, pendant lesquelles le prix du KWh est plus élevé.

Souscrire à ce type de contrat implique donc de changer ses habitudes pour faire baisser la facture d'électricité : faire tourner sa machine la nuit, programmer son chauffe-eau ou recharger sa voiture électrique pendant les plages d'heures creuses... Depuis des années, les plages horaires n'ont pas été modifiées pour la plupart des clients. Les heures creuses sont majoritairement fixées la nuit ou entre 12h et 14h.

Cela devrait bientôt évoluer. La Commission de régulation de l'énergie (CRE) a confirmé au Parisien qu'elle prendrait une décision courant janvier pour définir de nouvelles plages horaires « pour une mise en œuvre qui démarrera à l'été 2025 et se terminera environ deux ans plus tard, autour de l'été 2027 ». Piste privilégiée ? « Dans un premier temps, le nombre d'heures creuses resterait le même, soit huit par jour, mais une partie d'entre elles, entre deux et trois heures, serait déplacée l'après-midi », détaille-t-elle au quotidien.

Utiliser l'énergie solaire

Pourquoi une telle décision ? D'abord pour encourager la consommation d'électricité lorsque l'énergie produite grâce aux panneaux photovoltaïques est abondante. C'est-à-dire l'été et en journée. L'objectif est aussi de décharger le réseau électrique, notamment l'hiver, lorsqu'il est très sollicité puisque beaucoup de foyers se chauffent grâce à l'électricité. C'est d'autant plus nécessaire alors que l'électricité va être de plus en plus utilisée dans les années à venir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. C'est ce qu'on appelle l'électrification des usages.

Electricité : autoconsommer grâce à des panneaux photovoltaïques, vraiment un bon plan ?

« Les signaux tarifaires constituent un pilier historique de la flexibilité de la consommation d'électricité en France. C'est pourquoi la CRE envisage dans sa consultation des évolutions du placement des plages temporelles heures pleines et heures creuses », indiquait déjà la CRE dans son rapport d'activité 2023.

En d'autres termes, l'objectif est d'encourager davantage la consommation d'électricité à des heures ou peu de personnes utilisent cette énergie et où elle est donc plus disponible, grâce aux baisses de tarif proposées lors des heures creuses.

Répercuter les coûts

« Il s'agit de répercuter à chaque utilisateur les coûts qu'il génère en fonction de ses caractéristiques d'utilisation des réseaux. Ainsi, le consommateur qui adapterait son comportement en sollicitant moins le réseau aux heures les plus critiques constatera une économie de facture cohérente avec les baisses de coûts qu'il permet. Dans cette perspective, le niveau de différenciation des plages temporelles doit être suffisant pour les rendre incitatives pour les utilisateurs », détaille la CRE.

Quels changements sont envisagés ?

Plusieurs possibilités sont étudiées, mais les heures creuses devraient de toute façon être davantage disponibles l'été. D'autres ne seront plus attribuées, voire déplacées. « Certaines heures creuses actuellement positionnées sur des plages horaires pendant lesquelles une forte consommation pourrait créer des tensions sur l'équilibre offre-demande. De ce fait, les heures pleines et creuses pourraient être différenciées entre l'été et l'hiver, pour s'adapter à la saisonnalité des besoins du système électrique », justifie la CRE.

« Un utilisateur (...) pourrait voir les évolutions suivantes : en hiver le régime d'heures creuses resterait le même et en été il pourrait couvrir les plages 23h-5h et 12h-14h ou 23h-6h et 12h-15h. »

Dans la consultation publique publiée fin 2023 dans laquelle elle demandait l'avis des fournisseurs, gestionnaires et associations de défense des consommateurs, la CRE indiquait quelles plages d'heures creuses pourraient être déplacées. Il s'agit de celles qui sont positionnées de 7h à 11h et de 17h à 21h de novembre à mars et celles qui sont de 7h à 10h et de 18h à 23h, l'été. Elle conseille de ne plus attribuer à de nouveaux clients d'heures creuses entre 11h et 14h de novembre à mars. Enfin, les nouvelles heures creuses seraient privilégiées l'été, de 2h à 6h et de 11h à 17h

« Par exemple un utilisateur qui disposerait aujourd'hui d'un régime d'heures creuses entre 21h et 5h toute l'année pourrait voir les évolutions suivantes : en hiver le régime d'heures creuses resterait le même et en été il pourrait couvrir les plages 23h-5h et 12h-14h ou 23h-6h et 12h-15h (dans le cas d'un passage à 10h creuses en été) », précise la CRE. Reste à savoir quelle décision sera finalement prise en janvier.

La formule base bientôt concernée par des réductions ?

Les particuliers ayant souscrit à une formule base pourraient-ils aussi bénéficier de remises à certaines heures ? C'est probable. Pour les inciter à décaler leur consommation lorsque le réseau électrique est très sollicité, la CRE réfléchit à instaurer « une expérimentation, au sein des TRVE, d'une offre proposant un tarif plus bas toutes les heures de l'année, sauf pendant les périodes les plus tendues du système électrique (quelques heures en journée le matin et le soir, pendant les mois d'hiver), avec éventuellement des heures super creuses la nuit et le week-end ».

Cette expérimentation serait réservée aux foyers qui disposent d'un compteur d'une puissance de 3 ou 6 kva. En effet, la CRE constate que pour ces derniers « le ratio de consommation en heures creuses n'est pas suffisant pour que le tarif heures pleines / heures creuses soit intéressant, mais (ils) sont tout de même en mesure de décaler certains usages pour s'adapter à un signal tarifaire ». Le test pourrait être lancé courant 2025 / 2026.