Les marchés : Black Friday et Nvidia
La Bourse de Paris débute la semaine dans le rouge, alors que les investisseurs attendent une série d'indicateurs économiques américains rendus possibles par la fin du shutdown. Le CAC 40 perd 0,63% ce soir à 8 119 points (+2,8% la semaine dernière). Thales (+1,4%) et surtout Dassault Aviation (+4,6%) profitent d'un accord permettant à l'Ukraine d'acheter jusqu'à 100 avions Rafale.
Aux États-Unis, Wall Street attend les résultats de Nvidia, prévus mercredi soir. Le géant des puces, devenu la première capitalisation mondiale grâce à l'essor de l'intelligence artificielle, est perçu comme le baromètre incontournable du secteur. Ses résultats pourraient confirmer ou inverser la nervosité qui s'installe autour des valeurs technologiques. Wall Street évolue d'ailleurs avec prudence ce lundi, quelques prises de bénéfices font reculer de 0,3% le S&P 500 et le Nasdaq.
Les investisseurs redoutent que l'emballement autour de l'IA ait poussé certaines valorisations trop haut, trop vite, alors que les dépenses colossales des grandes entreprises pour développer ces technologies ne cessent d'augmenter. Le marché se trouve ainsi dans une phase d'incertitude, marquée par la volatilité des valeurs tech et la crainte de l'éclatement de la bulle de l'intelligence artificielle. Ce lundi est également marqué par deux événements pour la Communauté Bourse Privée. Nous vous avons envoyé cet après-midi , présentée dans cette édition. Bonne lecture.
Les valeurs : Le secteur de la défense, Total et Lexibook
Le secteur de la défense Les valeurs de la défense dominent la séance ce lundi, tirées par l'annonce d'un accord stratégique entre la France et l'Ukraine. Dassault Aviation s'envole de 4,60% à 286,80€, tandis que Thales grimpe de 1,38% à 242,70€. Pour les investisseurs, cet accord sur dix ans ouvre la porte à des contrats massifs, dont Thales capterait 20 à 25% de la valeur grâce à ses équipements embarqués. Reste l'épineuse question du financement ukrainien, qui pourrait tempérer l'euphorie tant que les commandes fermes ne sont pas signées.
Mais le marché retient avant tout l'essentiel, Paris place ses champions industriels au centre du réarmement européen, alors même que les budgets de défense français restent soumis aux aléas politiques... C'est une combinaison explosive pour le secteur ! Et un rappel que face aux tensions géopolitiques, le secteur de la défense n'a pas encore dit son dernier mot en Bourse.
Total Total traverse l'Atlantique. Nous vous en parlions ces derniers mois, le géant français de l'énergie fera ses premiers pas à la Bourse de New York le 8 décembre, transformant ses ADR (voir lexique) en véritables actions cotées, sans créer de double cotation. U
ne précision essentielle : il s'agit d'une cotation croisée, le titre restant listé en premier lieu à Paris, les deux marchés évoluant désormais en miroir via l'euro-dollar. L'opération vise surtout à se rapprocher des investisseurs américains, qui représentent déjà près de la moitié du capital de Total. À Paris, le marché salue l'annonce, l'action progresse ce soir de 0,53% à 56,53€. Le groupe met le cap sur Wall Street pour élargir sa base d'investisseurs, renforcer sa visibilité internationale et accroître la liquidité de son action. Trois leviers qui favorisent généralement une meilleure valorisation.
Le PDG Patrick Pouyanné espère même faire de cet événement un catalyseur pour 2026. Une stratégie à contre-courant de plusieurs groupes européens qui, ces dernières années, ont préféré réduire leurs places de cotation pour s'alléger administrativement. Total fait ainsi le pari inverse et compte jouer dans la cour des géants américains. Depuis le début de l'année, le titre gagne plus de 12% (dividendes inclus). notre objectif de long terme.
Lexibook Lexibook signe un semestre en clair-obscur. Le spécialiste des produits électroniques pour enfants voit son chiffre d'affaires bondir de 24% à 30,4 millions d'euros, porté par une belle dynamique en France (+10%) et surtout en Europe hors France (+38%).
Mais derrière cette croissance, la rentabilité recule. Le résultat net plonge de 21% à 1,9 million d'euros pénalisé par une envolée de 27% des charges. À cela s'ajoutent des vents contraires, une consommation sous pression et une hausse des droits de douane aux États-Unis, qui obligent le groupe à revoir ses ambitions pour 2026-27. Le marché reste pourtant étonnamment serein.
Malgré l'avertissement sur les perspectives et la prudence affichée par la direction, l'action éligible au PEA-PME progresse de 1,46% à 6,94€ ce soir. Les investisseurs saluent une trajectoire commerciale toujours solide, une marge brute en hausse et la capacité du management à garder le cap dans un environnement chahuté. Depuis le début de l'année, le titre progresse de 74%.
Le monde d'après : La commande massive de Kiev
C'est un accord qualifié d'historique par Kiev. Ce midi, Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky ont signé une lettre d'intention pour la vente de 100 avions Rafale à l'Ukraine. Un partenariat qui s'inscrit dans une stratégie de défense à dix ans et marque une nouvelle étape dans le soutien militaire français à Kiev. En plus des avions de chasse, l'accord prévoit la fourniture de systèmes de défense aérienne de nouvelle génération, de radars et de drones, symbolisant le rôle croissant de la France dans la reconstruction et la modernisation de l'armée ukrainienne.
Au-delà du geste politique, c'est aussi une commande majeure pour Dassault Aviation dont l'action s'envole de 4,60% à 288,80€, sur le podium du SBF 120 ce soir (+46% en 2025). Le Rafale, déjà présent à l'export, s'impose de plus en plus comme une référence mondiale. Ce contrat, parmi les plus ambitieux jamais envisagés avec l'Ukraine, confirme la montée en puissance d'une Europe de la défense plus autonome, alors que les États-Unis se recentrent sur l'Asie, et en particulier sur la Chine. Sur le plan diplomatique, cet accord intervient alors que les tensions géopolitiques se déplacent vers le ciel.
En la matière, la défense est autant technologique que militaire et le Rafale peut remplir une grande diversité de missions : il n'est pas limité à un seul besoin. En aidant l'Ukraine à sécuriser son espace aérien, la France exporte bien plus que des avions, elle propose un transfert de capacités stratégiques. Mais attention, dans l'immédiat, la question du financement n'est pas encore tranchée par les Européens...
L'agenda du lundi : Les résultats de Nvidia
L'événement le plus attendu de cette semaine, ce sont les résultats trimestriels de Nvidia, prévus mercredi soir après la clôture des marchés. Avec ses près de 5 000 milliards de dollars de capitalisation, le géant américain des puces dédiées à l'IA fait la pluie et le beau temps en Bourse. Les investisseurs et l'ensemble du compartiment technologique devraient retenir leur souffle d'ici là.
Si, jusqu'à présent, Nvidia n'a jamais déçu le marché, gare au faux pas ! Le moindre ralentissement peut faire l'objet de prises de bénéfices sur les grandes actions technos... Dans le reste du programme, les investisseurs surveilleront cette semaine plusieurs publications économiques : en particulier l'inflation de la zone euro, le compte-rendu de la dernière réunion de la Fed, le rapport mensuel sur l'emploi américain et de nouveaux indices PMI, sur l'activité économique en Europe et aux États-Unis.
Mais, clairement, Nvidia devrait accaparer l'essentiel de l'attention, avant l'autre grand temps fort de cette fin d'année. Les 9 et 10 décembre prochains, la Banque centrale américaine se réunira. Sa possible baisse de taux anime déjà les attentes et les spéculations des traders.
Demain à la Une : Une séance calme ?
En attendant les résultats de Nvidia, la séance de demain devrait être assez calme. En tout cas en termes de publications économiques. En dehors de la production industrielle américaine, aucune publication majeure ne sera dévoilée. On en profite pour faire un petit point technique. Sur le CAC 40, les acheteurs devraient viser, dans les prochaines séances, les 8 165 et 8 215 points. Et les vendeurs, les 8 050 et 8 000 points.
Le lexique : Les ADR
Les ADR (American Depositary Receipts) sont des certificats émis par une banque américaine qui représentent des actions de sociétés étrangères et permettent de les négocier directement sur les marchés américains en dollars. Ils simplifient l'accès aux actions internationales pour les investisseurs américains, tout en offrant aux entreprises étrangères une meilleure visibilité aux États-Unis. Les dividendes sont versés en dollars et les contraintes administratives sont réduites. Les ADR peuvent être sponsorisés lorsqu'ils sont émis en accord avec la société étrangère, ou non sponsorisés lorsqu'ils sont créés sans collaboration directe avec elle.




















