Des records en trompe-l'œil
« Le principal enseignement de 2025 est que le CAC 40 a terminé l'année en légère hausse, mais avec une performance nettement inférieure à celle des autres grands indices européens », souligne Daniela Hathorn, analyste marchés pour Capital.com, interrogée par l'AFP.
L'indice phare de la Bourse de Paris a gagné 10,42% environ sur l'année à 8.149,50 points, après avoir reculé de 2,15% en 2024. Il a même inscrit de nouveaux records, en séance le 13 novembre, à 8.314,23 points, et à la clôture le 21 octobre à 8.258,86 points.
Mais cette performance reste largement en deçà de celle de ses voisins européens : le Dax de la Bourse de Francfort et le FTSE 100 à Londres ont progressé respectivement de 23% et 21%. Milan (+31%) et Madrid (+49%) affichent des progressions jusqu'à cinq fois supérieures à la place parisienne.
« Bien que le CAC ait atteint des records à plusieurs reprises au cours de l'année, ces sommets ont été largement portés (...) par la revalorisation générale des marchés, plutôt que par des facteurs spécifiquement français », analyse Daniela Hathorn.
Les records du CAC 40 sont donc « portés par une poignée de champions mondiaux plutôt que par une participation large de l'ensemble du marché », estime Stephen Innes, analyste à SPI AM.
L'incertitude politique en toile de fond
« La France a passé une grande partie de l'année avec une prime de risque politique et budgétaire bien prise en compte dans les valorisations », rappelle Stephen Innes à l'AFP.
Depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, le CAC 40 souffre d'un climat d'instabilité politique prolongé, alimentant la défiance des investisseurs.
Tout au long de l'année 2025, la Bourse de Paris est restée sous pression et le coût de la dette française s'est renchéri, avec la démission du Premier ministre François Bayrou puis celle, surprise, de Sébastien Lecornu, fraîchement nommé, puis confirmé à son poste mais ne parvenant pas à faire voter le projet de budget de l'Etat à temps au Parlement.
« La phase la plus aiguë de l'incertitude est désormais passée et les marchés se montrent plus confiants quant à la stabilité institutionnelle de la France », concède toutefois Daniela Hathorn.
Mais pour Stephen Innes, « l'anxiété des investisseurs n'a pas disparu ».
Concrètement, « le marché ne sursaute plus à chaque titre de presse, mais il reste réticent à payer plus cher tant que la visibilité budgétaire ne s'améliore pas ».
Un indice exposé aux risques économiques
Le retard du CAC 40 s'explique aussi par sa composition sectorielle. « L'indice est fortement pondéré en valeurs du luxe, industrielles et énergétiques, et 2025 n'a pas été une année favorable » pour ces secteurs, explique Daniela Hathorn, citant le « ralentissement de la demande chinoise » et « l'évolution des habitudes de consommation mondiales », notamment dans le secteur automobile.
La première capitalisation française, LVMH, a grappillé un peu plus de 1% sur l'année, tandis qu'Hermès a reculé de plus de 8%. Parmi les poids lourds du luxe, seul Kering s'est distingué, avec une progression de plus de 26% depuis janvier.
Le secteur automobile a également souffert de la concurrence chinoise : Renault a chuté de 24% et Stellantis de 25%.
« Le CAC souffre d'un manque d'exposition significative aux thématiques de l'intelligence artificielle (IA), des semi-conducteurs et des grandes capitalisations technologiques » qui ont en revanche profité aux marchés mondiaux, notamment aux États-Unis, souligne Daniela Hathorn, de quoi plafonner le potentiel de hausse de l'indice parisien.
Dans les bons élèves en revanche, « les banques figurent parmi les secteurs les plus performants », relève Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.
Depuis le début de l'année, Société Générale affiche une hausse de plus de 150%, de loin la plus forte du CAC 40. La banque a dépassé en décembre les 5 milliards d'euros de valorisation boursière.



















