Les marchés : Une soirée risquée

Après -1,86% hier soir, le CAC 40 clôture en petite baisse ce mercredi : -0,18% à 7 954 points. Même son de cloche pour les places européennes et américaines où les performances sont atones. Les investisseurs attendent avec impatience les résultats de Nvidia qui seront dévoilés dans quelques heures. Des résultats essentiels pour la tech et les marchés mondiaux. La crainte d'une bulle liée à l'IA pousse en attendant les investisseurs à la prudence. En parallèle, la Fed publiera ce soir le compte-rendu de sa dernière réunion de politique monétaire. Clairement, la Banque centrale américaine évolue dans le brouillard en ce moment.

Les valeurs : Ubisoft, Interparfums et Exel Industries

Ubisoft est de retour en Bourse après plusieurs jours de silence radio qui ont affolé le marché. L'éditeur de jeux vidéo a demandé la suspension de sa cotation jeudi dernier, plongeant ses actionnaires dans l'inquiétude depuis près d'une semaine. Il a finalement confirmé qu'il publierait ses résultats semestriels avant l'ouverture de vendredi, permettant au titre de reprendre sa cotation au plus tard le 21 novembre au matin. Un calendrier loin d'être anodin pour un groupe qui traverse l'une des pires crises de confiance de son histoire. L'action, déjà malmenée avec une perte de près de 50% en 2025, et en chute libre de 92% sur cinq ans, reste suspendue pour le moment, laissant les investisseurs dans un brouillard épais. Le report de la publication est interprété comme un nouveau signal d'alerte dans un secteur où la visibilité est très faible. Les inquiétudes se cristallisent autour de performances décevantes, notamment pour la licence Assassin's Creed, dont les ventes seraient très en dessous des attentes, renforçant la thèse d'un trimestre compliqué. Entre spéculations sur une annonce majeure, risques comptables évoqués par plusieurs bureaux d'études et un pipeline créatif sous pression, Ubisoft aborde ce retour en Bourse dans un climat électrique. Le marché attend désormais une seule chose : que les chiffres de vendredi dissipent enfin les doutes. Sinon, le game over boursier pourrait se prolonger... Affaire à suivre !

Interparfums Le spécialiste des parfums sous licence décroche de 8,93% à 24,26€, plombé par un point annuel qui refroidit fortement les investisseurs. Le groupe abaisse son objectif de ventes pour 2025 et, surtout, rompt avec sa tradition en ne donnant aucune prévision pour 2026. Un silence qui sonne comme un aveu de ses difficultés : visibilité réduite, marché du parfum en net ralentissement et fin prochaine de la licence Boucheron... Pour un secteur habitué à surfer sur la croissance, le retournement est brutal. Interparfums parle désormais d'« année de transition » en 2026 et se projette directement en 2027, année de nouveaux lancements majeurs (Off-White, Longchamp, nouvelle ligne Montblanc). Un discours qui peine à convaincre alors que le marché évoque déjà des vents contraires structurels, comme une concurrence accrue et une distribution qui évolue au Moyen-Orient avec des effets de change défavorables... Dans ce contexte, le titre cède 35% depuis début janvier.

Exel Industries À voir ou à revoir. La semaine dernière, Marc Fiorentino recevait Daniel Tragus, Directeur Général d'Exel Industries, pour une consacrée à cette small cap française encore méconnue du grand public. L'occasion parfaite de plonger dans l'univers du groupe familial d'Épernay, devenu au fil des décennies un leader mondial des technologies de pulvérisation, d'arrosage et des machines agricoles. Présent sur les cinq continents, le groupe mise sur l'innovation, l'excellence industrielle et une stratégie responsable pour consolider sa position dans des marchés en pleine transformation. Une vidéo incontournable pour saisir tout le potentiel de cette valeur stratégiquement bien placée, d'autant que le titre progresse de plus de 10% depuis le 11 novembre. Un beau rappel que certaines pépites françaises avancent loin du bruit médiatique.

L'événement du mercredi : Le trou noir statistique

En attendant les résultats financiers de Nvidia ce soir, on revient sur la grande inconnue du moment : l'état réel de l'économie américaine, après le “trou noir statistique” provoqué par le shutdown. Cette paralysie d'une quarantaine de jours a retardé la publication de nombreuses données officielles, rendant la situation difficile à analyser pour les experts. Plusieurs indices laissent toutefois penser que l'économie américaine ralentit : les licenciements augmentent, le marché du travail s'essouffle et la consommation ralentit, notamment chez les ménages les plus modestes. Les projets d'investissement des entreprises marquent le pas, avec le plus faible nombre d'annonces depuis plus de trente ans dans le sud des États-Unis, pourtant l'une des régions les plus dynamiques. Malgré les bonnes performances trimestrielles des grandes entreprises, les investisseurs commencent à douter.

En novembre, les indices de Wall Street évoluent dans le rouge : -3,3% pour le S&P500, -5,5% pour le Nasdaq. Le bitcoin chute de 17%, signe d'une baisse de l'appétit pour le risque. Les taux d'intérêt, toujours élevés, pèsent sur l'immobilier et l'achat de voitures. Le taux directeur de la Fed évolue actuellement autour de 4%, contre 2% en zone euro. Au sein de la Banque centrale, c'est la cacophonie ! La Fed est très dépendante des données officielles pour ajuster sa politique monétaire et ses membres envoient en ce moment des signaux très contradictoires au marché. Certains responsables plaident pour une baisse des taux en décembre afin de limiter le risque de récession, tandis que d'autres ne veulent pas en entendre parler. Prenons un peu de hauteur. La possible baisse de décembre est relativement peu importante avant celles, massives, attendues à partir de mai2026. Trump et le Sénat américain doivent d'ici là nommer le successeur de Jerome Powell. Un successeur qui ne fera pas dans la dentelle. On parle déjà de “jumbo cuts” visant à ramener le taux directeur vers 1% pour stimuler l'économie, au risque de créer de nouvelles bulles spéculatives. Trump réclame ces baisses massives depuis le début de son second mandat. À court terme, le verdict tombera le 10décembre avec la dernière réunion de la Fed de 2025. D'ici là, les spéculations sur sa politique monétaire et la volatilité des marchés devraient rester particulièrement intenses. Prudence !

Le monde d'après : La chute libre des altcoins

C'est la gueule de bois dans la cryptosphère. Le bitcoin chute de plus de 25% depuis son pic atteint en octobre entraînant dans son sillage tout l'écosystème des altcoins. Ces petites cryptos extrêmement spéculatives promettaient monts et merveilles en période d'euphorie, soutenues par des liquidités abondantes. Mais depuis quelques jours, ce marché vit un krach silencieux et brutal. Les performances parlent d'elles-mêmes : seules une poignée d'altcoins du Top 200 sont en hausse cette année. Beaucoup affichent des baisses de 50% à 90%. Le trading de petites cryptos, si prisé des particuliers, s'est transformé en véritable champ de ruines. Souvent, les particuliers investissent sur ces petites cryptos avec des produits à effet de levier, renforçant les pertes engendrées durant ce mois rouge vif pour le secteur. La mécanique est connue. Quand les marchés se retournent, l'illusion s'évapore et les investisseurs redécouvrent la réalité du risque. Avec leurs volumes très fiables, leur liquidité éclatée et une volatilité extrême, les altcoins deviennent un terrain de jeu idéal pour les manipulations, les escroqueries et un cauchemar pour les particuliers. Le secteur espère maintenant le retour d'un cycle haussier et un ruissellement venu du bitcoin comme en 2017 ou 2021. Le prochain catalyseur ? Peut-être Nvidia ce soir, dont les résultats très attendus influencent de plus en plus le sentiment de marché sur les cryptos. Si le bitcoin repart vers 100 000$, les altcoins devraient en profiter. Mais si la reine des cryptos tombe vers 80 000$, la purge continuera. Ce soir, elle s'échange sous les 90 000$.

Demain à la Une : Pile ou face ?

C'est une séance américaine qui nous attend demain. Le marché devra d'abord digérer les résultats trimestriels de Nvidia, publiés ce soir après la clôture. Nous vous en parlions hier soir, Marc Fiorentino a également consacré son à la première capitalisation mondiale (4 550 milliards). Et clairement, c'est du pile ou face ! Si Nvidia continue d'impressionner, le secteur technologique suivra. En cas de déception, une baisse généralisée est à prévoir. Reste à découvrir l'ampleur du soulagement ou de la déception... Mais ce n'est pas tout ! Les investisseurs suivront également ce jeudi le rapport mensuel sur l'emploi américain de septembre, retardé par le shutdown. C'est l'une des statistiques les plus importantes pour anticiper les prochaines décisions de la Fed. Enfin, le géant américain de la distribution Walmart publiera ses résultats trimestriels. Ce n'est pas anodin, Walmart est le plus grand employeur privé des États-Unis, avec environ 1,6 million de salariés dans le pays.

Le lexique : Les produits structurés

Les produits structurés sont des instruments financiers qui combinent plusieurs actifs (obligations, options, dérivés) et offrent un rendement spécifique en fonction de scénarios de marché prédéfinis. Ils permettent d'ajuster le couple rendement / risque en intégrant des mécanismes de protection partielle du capital, de participation à la performance d'un sous-jacent (indice, action, taux, etc.) et des conditions de remboursement adaptées aux objectifs de l'investisseur.