Les marchés : Le marché retient son souffle

La Bourse de Paris clôture en légère baisse ce mardi. Le CAC 40 recule de 0,27% mais reste stable autour des 8 200 points, dans la même zone que la veille. Le marché se montre attentiste à la veille d'une décision très attendue de la Réserve fédérale américaine. À Paris, Capgemini (+1,5%) et Edenred (+3,2%) tirent leur épingle du jeu, tandis que BNP Paribas (-3,5%) et Vinci (-2,2%) pèsent sur la tendance après des publications trimestrielles décevantes.

Des deux bords de l'Atlantique, les investisseurs retiennent leur souffle. La Fed a entamé une réunion de deux jours qui devrait aboutir, selon toute vraisemblance, à une nouvelle baisse de 0,25 point de ses taux directeurs demain soir, la deuxième de l'année après celle de septembre. L'enjeu est de taille, il s'agit de mesurer la détermination de la Banque centrale à soutenir l'économie américaine, dans un contexte de ralentissement global et de tensions commerciales persistantes.

Sur le front géopolitique, les marchés restent suspendus aux signaux envoyés par Washington et Pékin. À deux jours d'une rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping, les investisseurs veulent croire à une avancée concrète. Scott Bessent, le Secrétaire américain au Trésor, évoque pour le moment « des progrès notables » pour la signature d'un accord commercial. De quoi entretenir l'optimisme à Wall Street où les principaux indices évoluent dans le vert. Mais la prudence reste de mise, tant les négociations sino-américaines ont déjà réservé leur lot de surprises, bonnes comme mauvaises... Affaire à suivre !

Les valeurs : Capgemini, Air Liquide et Clariane

Capgemini. L'action Capgemini a connu une séance mouvementée. Elle a d'abord bondi de plus de 9% à l'ouverture avant de clôturer en gain de 1,48% à 130,05 euros. Pourtant, le groupe a publié de bons résultats pour le troisième trimestre, avec une croissance plus forte que prévu et une révision à la hausse de ses objectifs pour 2025. Entre juillet et septembre, le chiffre d'affaires a progressé de 2,9%, notamment grâce à l'Amérique du Nord et aux secteurs des services financiers, des technologies et des télécoms.

Capgemini table désormais sur une croissance comprise entre 2% et 2,5% en 2025, contre une fourchette précédente allant de -1 à +1 %. Mais malgré ces bons chiffres, le directeur général Aiman Ezzat a tempéré l'optimisme. Il a rappelé que la demande restait fragile et que la concurrence faisait pression sur les prix, ce qui pèse sur les marges. Le groupe a d'ailleurs légèrement abaissé son objectif de rentabilité.

Résultat, les investisseurs, d'abord enthousiastes, ont revu leur jugement après la conférence du dirigeant. Les bureaux d'analyse saluent une publication solide, mais soulignent que la prudence du management et la faiblesse du marché risquent de limiter l'amélioration de la rentabilité à court terme. Depuis le début de l'année, le titre cède 17%.

Air Liquide. Air Liquide, valeur très prisée des petits porteurs, a publié des résultats supérieurs aux attentes pour le troisième trimestre. Le groupe, spécialiste des gaz industriels, a vu son chiffre d'affaires progresser de 1,9%, légèrement au-dessus des prévisions des analystes. En revanche, le chiffre d'affaires publié recule de 2,4% à 6,6 milliards d'euros, un effet lié aux taux de change et à la baisse des prix de l'énergie.

Les segments de la santé et des clients industriels de taille moyenne restent bien orientés, tandis que l'activité auprès de la grande industrie et de l'électronique a légèrement reculé. Le groupe souligne, par ailleurs, des gains d'efficacité record, avec 434 millions d'euros d'économies sur un an, et un niveau d'investissements en cours inédit de 4,9 milliards d'euros.

Air Liquide a confirmé ses objectifs pour 2025 : améliorer encore sa rentabilité et poursuivre la croissance de son bénéfice net. L'action bénéficie d'un fort soutien des particuliers, qui détiennent un tiers du capital, et reste jugée solide par les bureaux d'étude, même si elle se négocie encore à un prix inférieur à celui de son grand concurrent allemand, Linde. Ce soir, Air Liquide gagne 0,87% à 173,86 euros (+12% en 2025).

Clariane. Grosse chute pour Clariane, ex-Korian, qui accuse la plus forte baisse du SBF 120 après avoir prévenu que la progression de son résultat d'exploitation en 2025 serait inférieure à la fourchette initiale de +6% à +9%. Le groupe évoque un retard dans ses plans d'économies en France et en Allemagne, ainsi qu'une transformation plus lente que prévu de ses activités.

Au troisième trimestre, le chiffre d'affaires s'est établi à 1,32 milliard d'euros, en hausse de 5,1%, mais en dessous des attentes du marché (1,38 milliard). À la Bourse de Paris, l'action plonge de 12,77% à 3,92 euros, signant la pire performance de l'indice. Les investisseurs doutent de la capacité du groupe à améliorer significativement sa rentabilité d'ici 2026. Dans son sillage, son concurrent Emeis recule également de 1,71% à 14,37 euros, pénalisée par la nervosité qui entoure le secteur des maisons de retraite.

La recommandation du jour : l'investissement qui ne craint pas les tempêtes

Dans un contexte boursier chahuté où la visibilité est limitée, la recherche de performance sans prise de risque excessive devient un véritable défi. C'est dans ce type d'environnement que les fonds long / short se distinguent. Méconnus du grand public, ils permettent de tirer parti des mouvements de marché dans les deux sens, à la hausse comme à la baisse, tout en limitant l'exposition au risque global. long / short qui s'est particulièrement distingué en 2025, avec un rendement supérieur à 16%.

Le monde d'après : victoire de Milei, la Bourse s'envole

C'est une vague de confiance sans précédent qui a déferlé sur les marchés argentins. Au lendemain des législatives de mi-mandat, la Bourse de Buenos Aires s'est envolée de plus de 20%, tandis que le peso bondissait de près de 10% face au dollar. Dans le même temps, le taux d'emprunt à dix ans s'est effondré de près de quatre points, traduisant une détente spectaculaire sur le risque souverain. Les investisseurs saluent la consolidation du pouvoir du président libertarien et le signal de stabilité politique qu'envoie ce scrutin.

Ce résultat, qui dément les sondages, conforte la stratégie de réformes libérales de Milei et rassure ses alliés internationaux. Les États-Unis ont d'ores et déjà confirmé leur soutien, via un plan d'assistance de 40 milliards de dollars, mêlant soutien à la devise et prêts privés. Ce coup de pouce financier est vital pour un pays encore fragilisé par l'inflation et le manque de devises. Le rapprochement entre Buenos Aires et Washington s'annonce décisif pour la crédibilité économique du pays sur la scène internationale. Mais si les marchés s'enthousiasment, les défis restent considérables.

La thérapie de choc de Milei (austérité budgétaire, dérégulation et réduction du rôle de l'État) a permis de dompter une inflation à trois chiffres, au prix d'une récession et d'une montée du chômage. Le président devra désormais trouver des alliances politiques pour faire passer ses réformes tout en préservant la cohésion sociale. L'Argentine, portée par la confiance des marchés, entre dans une phase décisive.

Demain à la Une : des résultats majeurs

Airbus publiera demain son rapport trimestriel, ce sera l'un des temps forts à suivre à la Bourse de Paris. Wall Street devrait jouer la prudence en attendant les résultats de Microsoft, Alphabet, Meta et Boeing, prévus après la clôture. Les publications économiques seront très secondaires en comparaison.

Dans ce contexte, plusieurs niveaux seront à surveiller sur le CAC dans les prochaines séances. Les 8 260 points et potentiellement un nouveau record à 8 300, pour les acheteurs à court terme. Les 8 165 et 8 100 pour les vendeurs. En ce moment, le CAC se repose sur un support important, à 8 215 points, déterminant pour les séances à venir...

Le lexique : les fonds long/short

Un fonds long / short est un fonds d'investissement qui cherche à générer de la performance en prenant à la fois des positions acheteuses (longues) sur des titres jugés sous-évalués et des positions vendeuses (courtes) sur des titres considérés comme surévalués. Cette stratégie permet de profiter des écarts relatifs de valorisation entre différents actifs, tout en réduisant l'exposition globale aux fluctuations du marché. L'objectif principal est d'obtenir un rendement positif, quel que soit le sens de l'évolution des marchés, en misant davantage sur la sélection des titres que sur la tendance générale.