Les marchés : Un rallye, quel rallye ?

Petite séance ! Le CAC 40 sort d'une quatorzième séance consécutive de calme plat. On espérait un sprint final en décembre... on a pour le moment une marche digestive. L'indice français continue d'évoluer dans son rectangle de prix entre 8 000 et 8 150 points : -0,23% ce soir, à 8 106 points. Il conserve environ 10% de gain, hors dividendes, depuis le début de l'année. +13,5% dividendes inclus. Le rapport mensuel sur l'emploi américain était au cœur des attentions aujourd'hui. Globalement, le marché de l'emploi montre des signes de ralentissement.

En novembre, le taux de chômage est remonté à 4,6%, son niveau le plus élevé depuis quatre ans, tandis que les créations d'emplois ont continué de ralentir, même si elles ont été légèrement meilleures que prévu avec 64 000 nouveaux postes. De plus en plus de personnes se retrouvent récemment au chômage ou travaillent à temps partiel alors qu'elles souhaiteraient un emploi à temps plein, ce qui montre que les entreprises réduisent surtout le temps de travail plutôt que de licencier massivement.

Ces données, publiées en retard à cause du blocage budgétaire de l'automne, confirment les inquiétudes de la Réserve fédérale, qui a baissé ses taux d'intérêt mercredi dernier pour soutenir l'emploi, l'un de ses deux objectifs avec la lutte contre l'inflation. En parallèle, les négociations autour de l'Ukraine semblent avancer. C'est toutefois une information à prendre avec des pincettes. Donald Trump affirme que la fin de la guerre en Ukraine est plus proche que jamais, se réjouissant des progrès réalisés lors des négociations à Berlin.

La France, elle, insiste pour obtenir des garanties de sécurité solides pour Kiev avant d'envisager une éventuelle cession de territoires à la Russie, qui contrôle actuellement près de 19% du pays. Volodymyr Zelensky reconnaît des avancées sur ces garanties, mais reste prudent face aux divergences persistantes avec les États-Unis. Les dirigeants européens proposent de créer uneforce multinationale pour soutenir l'armée ukrainienne, tandis que les combats continuent sur le terrain. Pour l'instant, Moscou n'a pas réagi aux propositions européennes.

Les valeurs : Atos, Virbac et Abivax

Atos Atos, saison 8, épisode 264 ! Le titre, qui a perdu 99% en cinq ans, affiche malgré tout un rebond de 90% depuis le début de l'année, et évolue à 49,13€, en perte de 10,62% ce soir. Le bureau d'études Alphavalue vient de recommander l'achat du dossier, en prenant soin de qualifier cette opinion de « spéculative ». C'est le moins que l'on puisse dire...

Pour ses analystes, le groupe informatique est désormais engagé sur de meilleurs rails après une restructuration financière massive et un changement de gouvernance censé tourner la page des années noires. Sous l'impulsion de son nouveau directeur général Philippe Salle, Atos déroule son plan stratégique avec l'objectif clair de restaurer la rentabilité avant de renouer avec la croissance.

Les contrats les moins rentables sont progressivement abandonnés, les coûts réduits et la trésorerie placée au cœur du pilotage. Le bureau d'analyse estime que le plus dur est passé, tout en rappelant que l'exécution du plan est à surveiller de près. Le retour à la croissance est espéré pour 2026. Un pari risqué, mais potentiellement explosif pour les investisseurs prêts à accepter une forte volatilité. Nous passons notre tour !

Virbac Virbac muscle son portefeuille et le marché apprécie. Le laboratoire vétérinaire annonce le rachat d'un médicament innovant, pour environ 114 millions d'euros, destiné à traiter une maladie de la thyroïde chez les félins, auprès du laboratoire britannique Norbrook. Une pathologie fréquente chez les chats âgés, et un produit déjà commercialisé depuis plusieurs années, que Virbac va désormais distribuer directement sous ses propres marques dans les pays anglo-saxons, avant une reprise progressive de la distribution en zone euro.

En Bourse, le titre réagit positivement à l'annonce et progresse de 2,07% à 345€. Cette acquisition s'inscrit pleinement dans la stratégie de croissance ciblée de Virbac. Le médicament génère déjà près de 14 millions d'euros de chiffre d'affaires, avec un potentiel bien plus important grâce au réseau mondial de Virbac et à sa proximité avec les vétérinaires. La direction indique que l'opération sera favorable à la croissance et à la rentabilité dès la première année, confirmant sa capacité à investir sur des niches à forte valeur ajoutée. Depuis le début de l'année, le titre progresse de 9,5%.

Abivax La biotech française marque une pause en Bourse après la publication de résultats sans surprise. Le titre recule de 9,69% à 94,10€, pénalisé par l'alourdissement de ses pertes sur les neuf premiers mois de l'année. Le titre éligible au PEA-PME affiche une perte nette de 254 millions d'euros, contre 137 millions un an plus tôt, conséquence logique de la montée en puissance des dépenses de recherche et de certains effets financiers liés à ses instruments de financement. Rien de nouveau sous le soleil pour un dossier en pleine phase d'investissement.

Abivax dispose encore de près de 590 millions d'euros de trésorerie, ce qui lui assure une visibilité financière confortable jusqu'à fin 2027. De quoi poursuivre sereinement le développement de son candidat-médicament vedette, l'obefazimod, dans les maladies inflammatoires. Après une envolée spectaculaire d'environ 1 300% depuis le début de l'année, cette correction ressemble davantage à une respiration qu'à un signal d'alerte. Plus que jamais, la Bourse est suspendue à la validation des essais cliniques des traitements candidats d'Abivax.

Le monde d'après : Le baril décroche

Ce mardi, le Brent est tombé sous les 60 dollars pour la première fois depuis le printemps, tandis que le WTI (voir lexique) glisse à des niveaux inédits depuis 2021. En toile de fond, les avancées diplomatiques autour d'un possible règlement du conflit en Ukraine dont nous vous parlions ci-dessus. Entre les déclarations optimistes de Donald Trump, les signaux envoyés par Kiev et Berlin, et la perspective d'un cessez-le-feu, les marchés anticipent un scénario longtemps tabou, un retour progressif de l'offre russe sur le marché mondial.

Cette hypothèse pourrait changer la donne. Même avant toute levée formelle des sanctions, la simple possibilité d'un afflux supplémentaire de barils suffit à peser sur des prix déjà fragilisés par une demande chinoise en demi-teinte et une production toujours élevée u cartel pétrolier de l'OPEP+. Résultat immédiat, les valeurs pétrolières et parapétrolières reculent en Bourse, de Technip Energies (-2,3%) à TotalEnergies (-1,8%). Comme toujours, le baril est un thermomètre économique... mais aussi politique ! Pour les producteurs, l'ère du pétrole durablement au-dessus de 80 dollars s'éloigne de plus en plus.

Demain à la Une : Et de 15 ?

La séance de demain ne devrait pas être beaucoup plus agitée que celle d'aujourd'hui. C'est en tout cas ce que laisse entrevoir le calendrier économique. Au programme, une nouvelle enquête sur le moral des milieux d'affaires allemands sera dévoilée (l'indice IFO). En somme, ce mercredi devrait être une petite séance de transition avant celle de jeudi, nettement plus chargée en actus fortes (baisse des taux britanniques, inflation américaine).

Le lexique : Brent & WTI

Le Brent et le WTI sont les deux références majeures du pétrole brut sur les marchés mondiaux. Le Brent, extrait en mer du Nord, sert principalement de référence pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient. Le WTI, ou West Texas Intermediate, provient principalement des États-Unis, notamment du Texas, et constitue la référence pour le marché nord-américain.