Les marchés : une semaine chargée !

Le CAC 40 tente un rebond en ce début de semaine, +0,70% à 8 125 points. La Bourse de Paris fait mieux que les autres places européennes, portée notamment par Schneider Electric (+3,1%) et Kering (+2,6%). Mais derrière ce sursaut, la prudence domine. Nous entrons dans la dernière semaine complète de l'année, traditionnellement plus calme, mais qui s'annonce cette fois particulièrement dense en statistiques économiques. Les investisseurs avancent donc à pas mesurés, entre envie de rallye de fin d'année et vigilance.

Le secteur de la défense sous-performe en ce moment. Les valeurs européennes reculaient plus tôt dans la journée sur fond de discussions entre Kiev et des négociateurs américains, en vue d'un possible cessez-le-feu en Ukraine. Un simple espoir de désescalade suffit à peser sur ces titres, qui ont largement profité des tensions géopolitiques ces derniers mois.

Pendant ce temps, Wall Street se montre plus hésitante que l'Europe dans les premières heures d'échange, encore marquée par les inquiétudes autour de la bulle IA. Les résultats décevants de Broadcom et d'Oracle, dont nous vous parlions la semaine dernière, ont ravivé les doutes sur la rentabilité réelle des investissements massifs dans l'IA et sur des valorisations devenues vertigineuses.

La semaine s'annonce loin d'être reposante ! Les marchés devront digérer une avalanche d'indicateurs économiques américains, tandis que les banques centrales seront surveillées de près. À commencer par la BCE, qui ne devrait pas créer de surprise jeudi en laissant ses taux inchangés. Ce sont surtout les propos de Christine Lagarde et les anticipations économiques de l'institution qui sont attendus. Bref, même en fin d'année, le marché n'a clairement pas décidé de lever le pied.

Les valeurs : Sanofi, Vallourec et HRS

Sanofi. Sanofi traverse une période compliquée après de mauvaises nouvelles concernant le développement de son médicament contre la sclérose en plaques. Le groupe a décidé d'abandonner ce traitement pour une forme grave et rare de la maladie, car un essai clinique décisif n'a pas montré les bénéfices attendus. En parallèle, l'examen par les autorités américaines d'une autre indication du même médicament prend du retard, ce qui entretient l'incertitude sur son avenir.

Ces annonces déçoivent bien sûr les investisseurs, Sanofi est lanterne rouge du CAC ce soir : -3,26% à 80,60 euros (-13% en 2025). Elles s'inscrivent dans un contexte plus large de résultats cliniques décevants cette année, sur plusieurs médicaments pourtant très attendus. Cette succession d'échecs affaiblit la confiance du marché dans la capacité du groupe à transformer sa recherche en nouveaux traitements majeurs et explique pourquoi Sanofi figure parmi les plus fortes déceptions boursières du CAC sur l'année.

Vallourec. Goldman Sachs estime que Vallourec a un potentiel de hausse de 26% en Bourse dans les prochains mois. La banque américaine juge que l'entreprise métallurgique, qui a nettement amélioré sa situation financière et sa génération de trésorerie ces dernières années, pourrait réduire l'écart qui le sépare de son principal concurrent, l'italien Tenaris. Selon Goldman, Vallourec est mieux positionné pour les années à venir, notamment grâce aux effets de sa restructuration et à la baisse de ses coûts.

À l'inverse, Tenaris serait davantage pénalisé par les droits de douane américains sur l'acier et par son exposition au pétrole de schiste. D'importants contrats signés récemment devraient soutenir les performances du groupe français à partir de fin 2026. Enfin, la banque souligne que les investissements de Vallourec aux États-Unis, notamment dans une nouvelle ligne de production haut de gamme dans l'Ohio, devraient améliorer ses ventes à partir de 2027. Le titre gagne 1,91% ce soir à 15,75 euros et réduit ses pertes annuelles à 4%.

HRS. Hydrogen Refueling Solutions encaisse mal l'annonce de sa levée de fonds, l'action recule de 6,32% à 1,78 euro ce lundi. Le spécialiste français des stations de ravitaillement en hydrogène a levé environ 8,5 millions d'euros pour financer son développement à l'international, un montant légèrement inférieur à ses attentes. L'opération n'a été que partiellement souscrite par les investisseurs, provoquant la baisse de l'action.

Cette levée de fonds était nécessaire pour renforcer une situation financière fragilisée par la perte de grosses commandes et par une forte chute du titre en Bourse depuis son introduction. Pour se relancer, HRS mise surtout sur l'étranger, en particulier le Moyen-Orient, où l'entreprise s'est déjà implantée en Arabie saoudite et à Dubaï afin de profiter d'investissements massifs dans l'hydrogène.

Le groupe dispose d'un carnet de commandes important et vise une forte hausse de son chiffre d'affaires, tout en réduisant ses coûts pour atteindre l'équilibre financier. Malgré ce plan de route, l'action éligible au PEA-PME cède désormais 42% depuis le début de l'année et 95% depuis son introduction en Bourse en février 2021.

Le monde d'après : Nvidia mise sur l'open source

Nvidia annonce le lancement de nouveaux modèles d'intelligence artificielle en open source (voir lexique) pour faire face à la montée rapide des solutions développées en Chine. Avec cette initiative, l'entreprise américaine cherche à rester l'acteur central de l'IA, au moment où des groupes chinois comme Alibaba ou DeepSeek gagnent en influence sur le marché mondial.

Cette nouvelle gamme, appelée Nemotron 3, comprend des modèles capables d'effectuer des tâches complexes comme écrire des textes ou du code informatique. Le premier modèle est déjà disponible et consomme moins d'énergie tout en étant plus performant sur des tâches qui demandent plusieurs étapes de raisonnement. D'autres versions plus puissantes sont prévues au premier semestre 2026.

Nvidia souhaite aussi rendre publics les données et outils utilisés pour entraîner ces modèles, afin que les entreprises puissent les analyser ou les adapter à leurs besoins. Dans un contexte où certaines sociétés occidentales commencent à utiliser des modèles chinois, Nvidia veut proposer une alternative américaine jugée plus sûre et plus transparente.

L'entreprise mise clairement sur l'open source, alors que d'autres acteurs envisagent de revenir à des systèmes fermés, et cherche ainsi à rassurer les entreprises et les pouvoirs publics sur les enjeux de sécurité et de souveraineté technologique. Affaire à suivre ! Ce soir, l'action gagne 1,3% à 177,30$ (+33% en 2025).

L'agenda du lundi : banques centrales et données US

Après la baisse des taux de la Fed mercredi dernier, les banques centrales resteront à l'honneur dans les prochains jours. La Banque d'Angleterre va abaisser ses taux jeudi, tandis que la Banque du Japon devrait les relever.

En Europe, le statu quo devrait prévaloir mercredi. La BCE sera particulièrement scrutée, l'une de ses membres ayant récemment laissé entendre qu'une hausse des taux pourrait intervenir en 2026, à contre-courant de la tendance baissière des derniers mois. Enfin, les investisseurs attendent de nouvelles données clés sur l'économie américaine, notamment le rapport mensuel sur l'emploi demain et les chiffres de l'inflation jeudi, dont la publication a été retardée par le shutdown.

Demain à la Une : PMI, ZEW et emploi US

Ce mardi, trois temps forts seront au programme. De nouveaux indices PMI sur l'activité économique en Europe et aux États-Unis seront publiés. Les investisseurs européens suivront également le dernier indice ZEW, qui mesure le moral des milieux d'affaires allemands.

Surtout, l'attention se portera à 14h30 sur le rapport mensuel sur l'emploi américain. Son impact sur les marchés devrait toutefois être un peu plus limité que d'ordinaire, la Fed ayant déjà abaissé ses taux la semaine passée, ce qui réduit l'enjeu immédiat.

Le lexique : les modèles d'IA en open source

Les modèles d'intelligence artificielle développés en open source sont des systèmes dont le code, l'architecture et parfois les données d'entraînement sont librement accessibles au public. Cette ouverture permet à des chercheurs, développeurs et entreprises de comprendre leur fonctionnement, de les améliorer, de les adapter à des usages spécifiques et de vérifier leurs performances ou leurs limites.

Contrairement aux modèles propriétaires, ils favorisent la transparence, la collaboration et l'innovation collective, tout en réduisant la dépendance à un acteur unique. Grâce à l'open source, l'intelligence artificielle progresse plus rapidement et devient accessible à un plus grand nombre d'utilisateurs et d'organisations.