Les marchés : Une semaine critique
La Bourse de Paris gagne un peu de terrain ce lundi, +0,16% à 8 239 points, soutenue par Schneider Electric (+2%) et Michelin (+1,3%), mais pénalisée par Renault (-2,2%) et Eurofins (-2,1%). Les investisseurs restent prudents en France, avant les décisions de la Banque centrale européenne et de la Réserve fédérale américaine, attendues cette semaine.
Christine Lagarde pourrait donner des indices sur la suite de la politique monétaire européenne et la Fed devrait baisser ses taux. Malgré des valorisations élevées, certains bureaux d'analyse estiment que la tendance haussière des marchés pourrait se poursuivre jusqu'en 2026. Les résultats d'entreprises continuent d'animer la période, avec près de 30% des sociétés du S&P 500 ayant déjà publié leurs comptes, dont 87% ont dépassé les attentes.
Les géants américains de la tech, dont Apple, Amazon, Microsoft ou Meta, s'apprêtent à passer sur le gril, ce qui pourrait confirmer le rôle moteur de l'intelligence artificielle dans la hausse des marchés. Autre sujet à suivre cette semaine, les actions mondiales atteignent de nouveaux records grâce à l'espoir d'un accord commercial entre les États-Unis et la Chine. Le dollar recule, porté par l'optimisme sur une désescalade des tensions économiques et par les perspectives de baisse des taux des grandes banques centrales. On en reparle vite !
Les valeurs : Schneider Electric, BNP Paribas et Exosens
Schneider Electric Nous vous en parlions, Morgan Stanley a relevé sa recommandation sur Schneider Electric, estimant que la marge opérationnelle du groupe va sensiblement progresser dans les deux prochaines années. La banque a également relevé son objectif de cours de 240€ à 280€, soit un potentiel de hausse de plus de 8% par rapport au cours actuel. Ce changement de ton s'explique par une confiance retrouvée dans la capacité du groupe à restaurer son pricing power (voir lexique) et à améliorer son efficacité opérationnelle d'ici 2026.
En Bourse, la réaction ne s'est pas fait attendre : le titre Schneider Electric grimpe de 2,01% à 258,75€, signant la plus forte hausse journalière du CAC 40. Malgré une progression limitée à 8% depuis le début de l'année, bien en deçà de Legrand (+58%) ou Siemens (+30%), Morgan Stanley estime que la tendance pourrait bientôt s'inverser. La banque met en avant la reprise attendue des marges, le potentiel du marché des data centers et le partenariat stratégique avec Nvidia, autant de leviers susceptibles de relancer la croissance du groupe dans les années à venir.
BNP Paribas Après avoir perdu près de 8% le 20 octobre, effaçant quelque 8 milliards d'euros de capitalisation à la suite du verdict du procès soudanais aux États-Unis, le titre de la première banque française se redresse. Jefferies estime que la réaction du marché est excessive et juge l'action « trop bon marché pour être ignorée ». Le bureau d'études a réitéré son conseil à l'achat, avec un objectif de cours relevé de 94€ à 95€, considérant que le risque judiciaire, bien qu'inquiétant, ne justifie pas une telle correction boursière.
À la Bourse de Paris, BNP Paribas gagne 1,04% à 69,19€, soutenue par ce regain de confiance. Jefferies rappelle que le dossier soudanais représente un facteur de pression mais pas un obstacle structurel, et souligne la décote importante du titre, environ 30% sous sa valeur comptable. La banque dévoilera ses résultats trimestriels demain, un rendez-vous crucial pour confirmer la solidité de ses fondamentaux et commencer à tourner la page. On suivra ça de près demain !
Exosens Le spécialiste français de l'optique militaire a confirmé ses objectifs annuels après avoir enregistré un chiffre d'affaires de 327,8 millions d'euros sur les neuf premiers mois de 2025, en hausse de 23,2% en données publiées. Le groupe profite d'une demande soutenue dans la défense, notamment pour ses tubes intensificateurs d'image destinés à la vision nocturne, et a annoncé un nouvel investissement de 17 millions d'euros pour accroître ses capacités de production de 15% supplémentaires. Ces initiatives portent à 37 millions d'euros le total des investissements de l'année, afin d'augmenter de 40% la production d'ici 2027.
À la Bourse de Paris, l'action éligible au PEA-PME recule de 1,79% ce soir à 46,65€, mais affiche encore une hausse impressionnante de près de 140% depuis le début de l'année. Les investisseurs continuent de saluer la solide marge brute du groupe, portée à 51,2%, ainsi que la visibilité accrue liée à ses contrats militaires, notamment un accord majeur avec l'armée espagnole. Exosens confirme ainsi son statut de grand gagnant de la montée en puissance des budgets de défense européens.
La recommandation du jour : Le retour en force d'Apple
Après un début d'année difficile en Bourse, Apple semble retrouver des couleurs grâce au succès de son nouvel iPhone. Longtemps à la traîne par rapport aux autres géants de la tech, le groupe de Cupertino voit son action remonter fortement et battre de nouveaux records. L'entreprise avait souffert de plusieurs menaces : les droits de douane américains sur les produits fabriqués en Asie, les tensions avec Donald Trump, ou encore la crainte d'une remise en cause de l'accord très lucratif avec Google pour le moteur de recherche de Safari. Mais tout a changé ces dernières semaines. Début août, Apple a annoncé un vaste plan d'investissement aux États-Unis, accueilli favorablement par les marchés.
Peu après, la justice américaine a confirmé la validité de l'accord avec Google, retirant un gros risque pour l'action. Puis, en septembre, la sortie de l'iPhone 17 a marqué un tournant. D'abord jugé peu innovant, le nouveau modèle s'est avéré être un véritable succès commercial. Les délais de livraison se sont allongés, signe d'une forte demande, notamment en Chine et aux États-Unis. Selon les premiers chiffres, les ventes dépassent largement celles de l'iPhone 16. Grâce à cet engouement, le titre Apple a bondi de près de 30% en trois mois, repassant dans le vert sur l'année et rivalisant de nouveau avec Microsoft pour la deuxième place des plus grandes capitalisations mondiales, derrière Nvidia.
Les bureaux d'études saluent ce retour en force et anticipent une hausse des ventes d'iPhone d'environ 7 à 10% sur le prochain trimestre. Mais le marché reste vigilant. Apple devra confirmer cette dynamique lors de la publication de ses résultats le 30 octobre. Certains estiment que les attentes sont peut-être trop élevées, surtout dans un contexte où la stratégie du groupe en matière d'intelligence artificielle reste floue. En tout cas, pour beaucoup d'observateurs, Apple retrouve son élan et pourrait bientôt franchir le cap symbolique des 4 000 milliards de dollars de valorisation. notre objectif de long terme sur le titre.
Le monde d'après : 50 000 points
Le Japon n'en finit plus de surprendre les marchés. L'indice Nikkei 225 a franchi pour la première fois les 50 000 points, un cap symbolique qui marque le retour en grâce de la Bourse de Tokyo après trois décennies d'atonie. Depuis l'éclatement de la bulle spéculative de 1990, le pays avait connu une longue spirale déflationniste et des marchés boursiers désertés. Mais la dynamique s'est inversée : gouvernance renforcée, politiques pro-marché et retour massif des investisseurs étrangers redonnent à l'archipel son statut de place incontournable.
Ce nouvel élan est aussi politique. L'arrivée au pouvoir de Sanae Takaichi, première femme Première ministre, a agi comme un catalyseur. Héritière des Abenomics, elle promet de poursuivre les politiques monétaires accommodantes et d'accélérer la relance budgétaire. Les marchés saluent cette continuité : le Nikkei s'envole de 12% depuis le début du mois, porté par des valeurs industrielles, technologiques et de défense.
Cette embellie survient alors que Donald Trump entame sa tournée asiatique et rencontrera Takaichi demain. Les investisseurs espèrent une relation constructive entre Tokyo et Washington, deux partenaires stratégiques dans un contexte géopolitique tendu. Pour beaucoup de bureaux d'études, le Japon s'impose comme l'alternative la plus solide aux marchés américains, un refuge à la fois stable et porteur dans un monde où les équilibres économiques se redessinent.
L'agenda du lundi : Un déluge de publications
On attaque une semaine particulièrement riche en nouvelles actus. La Fed et la BCE se réuniront, avec à la clé des décisions différentes. Le marché s'attend en effet à ce que la Banque centrale américaine baisse de 0,25% ses taux directeurs mercredi soir et table sur un statu quo côté européen. Beaucoup de nouvelles données économiques seront également dévoilées, dont les derniers chiffres d'inflation et de croissance en zone euro et aux États-Unis. Côté entreprises, nous allons vivre un véritable déluge de publications trimestrielles. Pour ne citer que les principaux noms à venir : Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Meta, Airbus, Total, Schneider, Air Liquide, BNP, Danone...
Demain à la Une : La tournée de Trump
Au programme de ce mardi : les résultats trimestriels d'Air Liquide, BNP, Danone, Capgemini, Amundi et Interparfums. En revanche, aucune publication économique de premier plan n'est attendue. Les investisseurs surveilleront toutefois, demain et dans les prochains jours, la tournée diplomatique de Donald Trump en Asie, et en particulier sa rencontre avec Xi Jinping. Un important accord commercial pourrait être signé, écartant le spectre de guerre commerciale entre les deux superpuissances.
Le lexique : Pricing Power
Le pricing power désigne la capacité d'une entreprise à augmenter ses prix sans que cela ne réduise significativement la demande pour ses produits ou services. Il reflète la force de la marque, la rareté de l'offre, la fidélité de la clientèle ou encore la différenciation du produit. Une entreprise dotée d'un fort pouvoir de fixation des prix peut ainsi préserver ou accroître ses marges malgré l'inflation ou la hausse des coûts de production.









