Les marchés : l'IA tire la marché
La Bourse de Paris poursuit son ascension. Le CAC 40 enchaîne une cinquième séance de hausse consécutive, +1,13% ce jeudi soir à 8 057 points, et revient à moins de 3% de son record historique. Retrouvez dans les niveaux à suivre dans les prochaines séances. Sur la semaine, il s'envole de près de 2,5%, porté par Wall Street qui continue d'ignorer le shutdown et grimpe vers de nouveaux records. L'appétit pour le risque s'impose, poussé par les valeurs technologiques et la perspective de nouvelles baisses des taux en fin d'année. Les semi-conducteurs sont les vedettes de la séance.
En Asie, Samsung Electronics et SK Hynix ont bondi après l'annonce d'un accord préliminaire avec OpenAI pour la fourniture de puces d'intelligence artificielle. En Europe, la dynamique se propage, BE Semiconductor et ASML s'envolent de plus de 4%, tandis que les équipementiers de data centers comme Schneider progressent de plus de 2%.
À Paris, Stellantis brille, en hausse de 8,3%, porté par des ventes solides aux États-Unis et une amélioration de ses parts de marché. Le luxe profite aussi de ce regain d'optimisme. LVMH s'adjuge 3,6%, Hermès 2,7% et Kering +1,2%. Le secteur reste toutefois dépendant de la consommation américaine et asiatique, mais une amélioration de tendance se dessine, soutenue par une note sectorielle de HSBC qui relève ses perspectives pour LVMH.
Ce rallye boursier contraste avec un marché du travail américain en perte de vitesse. Mais l'euphorie liée aux investissements massifs dans l'intelligence artificielle semble pour l'instant plus forte que les signaux de fragilité économique. Les investisseurs misent sur une nouvelle vague de croissance portée par la tech, quitte à mettre entre parenthèses la réalité économique du moment...
Les valeurs : Stellantis, Worldline et Nanobiotix
Stellantis. Plus forte hausse du SBF 120, Stellantis bondit de 8,33% à 8,81 euros ce jeudi. Ses ventes ont fortement progressé aux États-Unis, son marché le plus stratégique. Le groupe franco-italo-américain sortait pourtant d'un premier semestre catastrophique en Amérique du Nord, avec des volumes en chute de 23% et près d'un milliard d'euros de pertes opérationnelles. Ironie du sort, cette même région affichait encore en 2022 des marges stratosphériques de 16%, dignes d'un fabricant de produits de luxe.
Mais la stratégie de l'ex-directeur général Carlos Tavares (pressurer les coûts et hausser les prix) avait fini par gripper la machine, provoquant une hémorragie de parts de marché. Le nouveau patron, Antonio Filosa, parie désormais sur des recettes plus classiques : nouveaux modèles et discours rassurant auprès des investisseurs. Apparemment, cela suffit. En septembre, les ventes américaines de Stellantis ont bondi de 14%, soit plus du double du marché. C'est le meilleur du constructeur auto depuis quinze mois.
D'où l'espoir d'un redressement du marché nord-américain. Et tant pis si les usines européennes, elles, tournent au ralenti, contraintes à des arrêts temporaires faute de demande. Pour les marchés, la simple perspective d'un retour aux bénéfices de l'autre côté de l'Atlantique suffit, pour l'heure, à remettre un peu d'essence dans le moteur. Mais attention, Stellantis n'a pas encore gagné son pari : l'action cède toujours 24% depuis le début de l'année.
Worldline. Worldline s'envole vers Pékin. Le géant français des paiements a officialisé une alliance stratégique avec le chinois YeePay, poids lourd des transactions en ligne dans le secteur du voyage. Derrière ce partenariat, l'objectif est de fluidifier les paiements transfrontaliers pour le transport aérien. Concrètement, les voyageurs, qu'ils réservent un vol Paris-Shanghai ou Pékin-Rome, pourront désormais payer via leurs solutions préférées : cartes locales, Visa ou portefeuilles numériques. Ce n'était pas le cas jusqu'à présent.
Les compagnies aériennes chinoises gagneront ainsi un accès simplifié aux marchés internationaux, tandis que leurs homologues occidentales pourront enfin pénétrer plus aisément l'écosystème de paiement ultra-spécifique du marché chinois. « Nous créons une nouvelle référence », promet Biljana Bosnjak, en charge du secteur voyage chez Worldline.
Une formule que l'on a déjà entendue dans l'industrie... mais qui, si elle se vérifie, pourrait bien redistribuer les cartes dans la bataille mondiale des paiements touristiques. Worldline signe la deuxième meilleure performance du SBF 120 ce soir (+7,33% à 3,12 euros) mais cède toujours 63% en 2025.
Nanobiotix. L'action de la biotech progresse de 4,19% à 16,90 euros, et s'envole de 467% depuis le début de l'année. Cette société française développe un traitement innovant qui utilise des nanoparticules pour rendre la radiothérapie contre le cancer plus efficace. Elle vient de présenter aux États-Unis des résultats encourageants dans le cancer de l'œsophage. Son traitement a bien été toléré et la majorité des patients ont vu leur maladie stabilisée ou reculer.
Par ailleurs, le groupe éligible au PEA-PME, a amélioré sa situation financière. Grâce à un accord avec le groupe Janssen (Johnson & Johnson), une grande partie des coûts de recherche est désormais prise en charge par son partenaire, ce qui permet à la société de réduire ses dépenses et de sécuriser son financement jusqu'en 2026. Pour les investisseurs, c'est un retournement spectaculaire. Il y a deux ans, l'entreprise doutait encore de sa survie. Aujourd'hui, elle fait partie des plus fortes progressions de la Bourse de Paris en 2025.
La recommandation du jour : du long terme...
Notre conseil émis hier sur Be Semiconductor a atteint son objectif ce matin, générant grâce au turbo recommandé. Clairement, c'est allé plus vite que prévu ! Le spécialiste néerlandais des semi-conducteurs a profité, comme l'ensemble du compartiment technologique, du regain d'appétit pour le risque sur les valeurs de croissance, dans le sillage des nouveaux records atteints hier soir par Wall Street.
Nous avons envoyé cet après-midi de court terme à la Communauté Bourse Privée. Surtout, nous vous enverrons demain une recommandation de long terme sur une grande action allemande, avec un horizon d'investissement de trois ans et un potentiel de gain de plus de 25%. Une autre opération de long terme, et deux de court terme, seront à suivre la semaine prochaine.
Le monde d'après : Buffett mise sur la chimie !
Berkshire Hathaway rachète OxyChem, la division pétrochimique d'Occidental Petroleum, pour 9,7 milliards de dollars. C'est la plus importante acquisition du conglomérat depuis Alleghany en 2022, réalisée grâce à une trésorerie record de 344 milliards de dollars. Spécialisée dans les produits chimiques de base comme le chlore et les vinyliques, OxyChem devrait générer près de 900 millions de dollars de bénéfices avant impôts cette année. La finalisation est prévue au quatrième trimestre, sous réserve d'approbations réglementaires.
Pour Occidental, cette cession s'inscrit dans une stratégie claire de désendettement. L'opération permettra d'alléger la dette principale de 6,5 milliards de dollars, après plusieurs cessions d'actifs. La directrice générale, Vicki Hollub, parle d'une étape clé dans la transformation du groupe, amorcée il y a une décennie.
Côté Berkshire, Greg Abel, successeur désigné de Warren Buffett, a salué une transaction qui illustre la recherche de stabilité et de création de valeur sur le long terme. Pour Buffett, qui doit passer le relais fin 2025, ce nouvel investissement dans la chimie rappelle celui de Lubrizol en 2011. Un signe que l'Oracle d'Omaha, à 95 ans, reste fidèle à son approche : acquérir des actifs solides, générateurs de cash-flow, et laisser ses héritiers gérer une machine financière toujours plus puissante.
Demain à la Une : pas de NFP
Demain, la séance devrait être moins chargée que prévu. Sauf erreur de notre part, le rapport mensuel sur l'emploi américain ne sera pas publié. Il était très attendu, comme chaque premier vendredi du mois. Mais avec le shutdown, le service en charge de sa publication semble fermé.
Les investisseurs européens pourront toutefois se consoler avec une nouvelle batterie d'indices PMI sur l'activité économique du Vieux Continent. Les secteurs des services seront sous le feu des projecteurs. Globalement, le marché s'attend à une petite accélération de l'activité en zone euro et en Allemagne au mois de septembre, mais un ralentissement en France (et même, une contraction de l'activité...).
Le lexique : combien de temps...
... ont duré les derniers shutdowns aux États-Unis ? La dernière fermeture partielle de l'administration fédérale américaine a duré 35 jours, du 22 décembre 2018 au 25 janvier 2019, lors du premier mandat de Donald Trump. Les deux précédents ont respectivement duré 16 jours (en octobre 2013) et 21 jours (de décembre 1995 à 1996).