Pour les 39 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels, le bénéfice net cumulé tombe à 51,8 milliards d'euros, en baisse de 28% par rapport au premier semestre 2024 pour ces mêmes entreprises. Cette somme des bénéfices nets part du groupe ne prend pas en compte d'éventuels résultats ajustés et exclut Pernod Ricard, dont l'exercice comptable est décalé et donc pas comparable. Le chiffre d'affaires cumulé est de 827,6 milliards d'euros, en légère baisse de 1%.

La première moitié de 2025 a été marquée par l'incertitude sur les droits de douane imposés par Donald Trump sur les produits européens. Elle a vu l'euro s'apprécier fortement par rapport à plusieurs devises, notamment face au dollar.

« C'est plutôt l'incertitude qui a pesé » avec le risque « qu'il y ait une guerre commerciale », a souligné auprès de l'AFP Lionel Melka, gérant à Swann Capital. Mais « globalement, (...) les résultats sont plutôt solides », avec, d'un côté, « les secteurs où les attentes étaient basses », comme le luxe ou la consommation, et, de l'autre, « les secteurs qui vont bien – défense, banque – là c'est bon comme prévu », a-t-il précisé.

Les banques résilientes

Ce semestre « reste décevant », notamment en comparaison avec la situation américaine, a jugé pour sa part Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM : « Il y a ce décrochage français et européen qui est perceptible. » En outre, « en début d'année, vous aviez un enthousiasme qui était indéniablement exagéré sur les actions européennes. (...) La réalité, c'est qu'on n'est pas sur une période de résultats qui est mirobolante », a-t-il noté.

Les entreprises de l'aérien et de la défense tirent leur épingle du jeu, portées par les tensions géopolitiques. Airbus a vu ses bénéfices bondir de 85%, Safran de 11%. Les banques s'en sortent bien également et « sont sur des bonnes dynamiques depuis déjà deux, trois ans », a relevé Christopher Dembik. Ensemble, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale réalisent au total 13,5 milliards d'euros de bénéfices. Une hausse de 12%.

En face, le secteur automobile se casse la figure. Renault, notamment, enregistre une lourde perte de plus de 11,2 milliards d'euros, due à ses mauvais résultats et à l'évolution comptable du traitement de son partenaire japonais Nissan. Son concurrent Stellantis a publié une lourde perte nette de 2,3 milliards d'euros au premier semestre. Son nouveau directeur général, l'Italien Antonio Filosa, a prévenu qu'il faudrait prendre des « décisions difficiles » pour « accélérer » fin 2025.

Le luxe a également souffert, avec un bénéfice net en chute de 46% pour Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga...) et de 22% pour LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine...). Le plus gros bénéfice revient à BNP Paribas, qui vole la vedette à TotalEnergies et LVMH, duo en tête au premier semestre 2024.

Risque de taux de change

L'incertitude reste forte pour les troisième et quatrième trimestres, en raison notamment de la force de l'euro qui devrait peser sur les entreprises françaises. Christopher Dembik prévoit « un risque de taux de change » plutôt « qu'un risque de droits de douane », et cela « va beaucoup plus se matérialiser dans les résultats à venir », dans les investissements, les importations, etc.

Concernant les droits de douane, malgré les questions en suspens, les entreprises avaient anticipé, « on savait que ce serait un tarif douanier important, donc elles avaient quand même prévu les choses », a ajouté l'analyste.

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont mis fin à l'attente dimanche, en annonçant un accord prévoyant une taxe de 15% pour les produits européens entrant aux États-Unis. La Maison-Blanche a précisé jeudi soir que les nouveaux droits de douane commenceront à être collectés le 7 août.