La pression s'annonçait terrible, mais le sommet a accouché d'une souris. Reçu mardi au ministère de l'Economie, les assureurs ont validé la demande de Bruno Le Maire de modérer leurs tarifs sous l'inflation en 2023 sans pour autant prendre d'engagements contraignants. « Je pense que nous sommes parvenus au meilleur accord possible dans une situation qui est très tendue pour le monde de l'assurance », a déclaré le ministre à l'issue de la rencontre. Malgré le poids des évènements climatiques depuis janvier, « nous partageons l'ambition du ministre qui est d'aider à lutter pour le pouvoir d'achat », a abondé Florence Lustman, la présidente de France Assureurs qui regroupe une large part des acteurs de la place.
Résultat, comme attendu, les assureurs se sont engagés à remettre un chèque auto de 100 euros à destination des chômeurs de moins de 25 ans. Des avancées ont aussi été enregistrées pour supprimer la vignette verte en assurance auto et Bercy incite à faire plus pour l'utilisation de pièces de réemploi dans le cadre des réparations. D'autres « engagements individuels » de la part des compagnies et au cas par cas, à destination des publics les plus fragiles, devraient suivre. Par exemple, la Macif ou la Matmut ont annoncé des gestes vers les étudiants ou certains contrats très spécifiques comme les véhicules électriques. Par contre, aucun engagement général sur le niveau de la prime du reste des contrats n'a été pris.
Selon les premières projections, en 2023, les cotisations d'assurance habitation et auto vont augmenter dans des proportions supérieures à celles observées en 2022. Même les mutualistes vont devoir augmenter leurs tarifs, en se retrouvant dans l'impossibilité de prolonger le gel des années passées.
Assurance auto : +5% en 2023 ?
Pour le cabinet Facts & Figures (F&F), les contrats en cours vont augmenter de 3 à 5%. Le comparateur Assurland mise de son côté sur une hausse comprise entre 2,5 et 3%. Les causes avancées sont toujours les mêmes : la hausse du prix des pièces détachées et des réparations automobiles (+3,5% sur un an).
Par exemple, le prix moyen des rétroviseurs avant gauche (dits « conducteur ») a bondi de 7,7% en 2022 par rapport à 2021 souligne F&F. Le prix moyen des parebrises avant s'est lui accru de 8% en 2022 par rapport à 2021. Enfin, le prix moyen des parechocs avant a grimpé de 6,8% en 2022 par rapport à 2021, avec une dérive de 10,5% pour les SUV contre 5,2% pour les berlines. Soit une hausse deux fois plus importante pour les SUV, dont le nombre d'immatriculations explose, qui devrait se répercuter sur la cotisation. Ainsi, les augmentations se feront avec « une intensité plus forte » pour les SUV que pour le reste des véhicules. « Pour ce qui est des véhicules électriques, nous assistons aussi à un effet de rattrapage après des premiers contrats avantageux pour le client », souligne Christophe Bescond, directeur marketing du courtier AcommeAssure.
« Le prix des pièces détachées affiche une hausse moyenne de 10% »
Toute la chaîne automobile est touchée par l'inflation. Le coût horaire de la main d'œuvre explose, celui des pièces détachées augmente et, en bout de chaîne, la facture pour les assureurs (et donc pour les particuliers) aussi, sans que le développement des pièces de réemploi ne parvienne à inverser la tendance. « Le prix des pièces détachées affiche une hausse moyenne de 10% contre 2,2% en 2021 et celui des réparations de 3,5% sur les douze derniers mois », souligne le comparateur Assurland.
De plus, la fidélité ne paye pas en assurance. Il faut « profiter de la loi Hamon et comparer son contrat minimum tous les 2 ans pour bénéficier d'éventuelles offres commerciales de bienvenue » rappelle Olivier Moustacakis de chez Assurland.
Assurance auto : ce que l'assureur fait vraiment de mon argent
Une hausse entre 30 et 60 euros en moyenne par an
Selon les experts sollicités par MoneyVox, la hausse des cotisations auto sera plus proche de 5% que de 3% en 2023. Sur cette base, de combien d'euros va augmenter la cotisation ? En moyenne, en 2022, la facture annuelle s'élevait à 611 euros TTC selon Assurland. En 2023, un conducteur moyen pourrait donc payer un peu plus de 30 euros supplémentaires.
« Mais un jeune conducteur ou quelqu'un avec un malus paye déjà près du double de cette somme », insiste Christophe Bescond, de AcommeAssure. Pour eux, la hausse du prix serait donc de plus de 60 euros.
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Assurance habitation : +3% minimum
Les phénomènes climatiques ont coûté 5,2 milliards d'euros aux assureurs entre janvier et août 2022. Par conséquent, la prime d'assurance habitation va augmenter. Le comparateur Assurland table sur une moyenne située entre 3 et 3,5% en 2023 quand Facts & Figures vise une hausse moyenne comprise entre 3 et 5% l'année prochaine. Avant certainement de s'envoler dans les prochaines années, en raison des aléas imprévisibles, mais aussi de la sécheresse qui abîme considérablement les logements d'une partie de la France.
Ce sont des « phénomènes plus insidieux, mais se révélant extrêmement coûteux pour les assureurs. Ils génèrent des fissures dans de nombreux pavillons construits avec des fondations trop fragiles au regard des phénomènes de contraction puis de gonflement du sol local », analyse F&F.
© MoneyVox / SA / Septembre 2022