Mme de Montchalin a également souligné, sur TF1, l'exactitude d'informations de presse évoquant 32 milliards d'économies et 21 milliards de hausses de recettes, soit plus de 50 milliards au total. Dans son discours de politique générale mardi, François Bayrou avait annoncé des « économies importantes » pour réduire le « surendettement » de la France et ramener le déficit public à 5,4% du PIB en 2025, contre un niveau de 6,1% attendu pour 2024.
Selon des sources gouvernementales, l'essentiel des économies proviendra de l'Etat (23 milliards dont environ 3 milliards pour les opérateurs de l'Etat), « presque 5 milliards » du champ social et quelque 2 milliards des collectivités territoriales. L'ensemble des ministères seront mis à contribution et les ministres devront détailler les mesures envisagées dans leurs périmètres respectifs.
Le gouvernement espère achever la procédure budgétaire (budget de l'Etat et de la Sécurité sociale) d'ici fin février pour que le pays puisse retrouver son « cours normal de fonctionnement » au 1er mars, a précisé Matignon.
Surtaxe
« Nous avons d'ores et déjà perdu 6 milliards d'euros par la baisse de la croissance et nous estimons à 6 autres milliards d'euros de manque à gagner dans les recettes. Je pense que ce coût de 12 milliards d'euros est minoré », a-t-elle détaillé dans une interview donnée au Figaro. Sur BFM TV, Amélie de Montchalin a par ailleurs répété que le gouvernement n'aboutirait pas à un budget « avant le mois de mars ».
Parmi les 20 milliards de recettes ambitionnées par le gouvernement dans le budget 2025 figurent une surtaxe sur l'impôt sur les sociétés (8 milliards), une taxe sur les billets d'avion, une hausse de la taxe sur les transactions financières et le maintien de la CVAE, un impôt de production pesant sur les entreprises, d'après les mêmes sources gouvernementales.
Contribution sur les hauts revenus
La « contribution différentielle » sur les hauts revenus sera conservée « pour l'instant », a précisé la ministre au Figaro. Elle sera ensuite remplacée par « un mécanisme anti-optimisation » pour que la somme acquittée par « ceux qui doivent payer l'impôt sur le revenu, le PFU, l'IFI, la contribution exceptionnelle sur le revenu (...) correspond(e) bien à un minimum », avait-elle dit sur TF1.
Cette mesure doit rapporter 2 milliards, a-t-elle précisé. Sa mise en place « sera au plus tard à l'automne dans le budget pour 2026 » et « pourrait passer par un projet de loi dédié car nous ne pouvons pas créer ce dispositif dans le projet de loi de finances 2025 », a dit la ministre au Figaro.
Amélie de Montchalin a aussi voulu rassurer : il n'y aura pas d'augmentation d'impôts « pour les classes moyennes et populaires », ni de relèvement de la taxe sur l'électricité au-delà du niveau prévu actuellement, comme l'avait envisagé l'ancien gouvernement avant d'y renoncer sous la pression du Rassemblement national (RN). La « flat tax » (PFU) resterait inchangée, tandis que le barème de l'impôt sur le revenu sera indexé sur l'inflation.
Toutefois, parmi les autres postes d'économies, la ministre a déclaré sur le plateau de BFM TV que le gouvernement allait « réduire la voilure sur le chèque énergie », estimant « qu'on n'est plus dans la crise Covid » et sorti du « choc inflationniste ».
- Croissance moindre -
Dans un contexte d'incertitude, le gouvernement a abaissé sa prévision de croissance de 1,1% à 0,9% pour 2025. L'inflation est attendue à 1,4% sur l'année.
Amélie de Montchalin a par ailleurs estimé que les partenaires sociaux allaient « arriver » à trouver un terrain d'entente sur la réforme des retraites d'Emmanuel Macron, que François Bayrou s'est résolu à « remettre en chantier ». Elle a toutefois éludé la question de savoir si cette réforme contestée de 2023 serait soumise au Parlement même en cas de désaccord, comme l'exige le Parti socialiste pour ne pas censurer jeudi le gouvernement.