Une situation qui se dégrade « lentement, mais sûrement ». En France, 9,1 millions de personnes sont pauvres (14,4% de la population), en fixant le seuil de pauvreté à 60% du niveau de vie médian, d'après le dernier rapport de l'Observatoire des inégalités (1). Ce nombre augmente, mais n'explose pas, car le pays « protège mieux de la misère » qu'ailleurs.
En parallèle, le nombre d'allocataires de minima sociaux atteint 4 millions fin 2023, d'après les estimations de l'association, à partir des chiffres du ministère des Solidarités. Ce nombre « retrouve son niveau de 2019, après avoir connu un pic lié à la crise sanitaire en 2020 ».
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Certains allocataires sont-ils au-dessus du seuil de pauvreté ?
Tout en bas de l'échelle des revenus, les allocataires du Revenu de solidarité active (RSA) perçoivent 559 euros par mois (pour une personne seule et après déduction du forfait logement). Cela correspond à peine à « plus de la moitié du seuil de pauvreté, ou encore seulement 40% du Smic ». L'Allocation pour les demandeurs d'asile est encore plus faible, 426 euros net mensuel, soit tout juste au-dessus du niveau de vie maximum des 1% les plus pauvres (395 euros).
D'autres allocataires, à l'inverse, ne sont pas forcément considérées comme « pauvres ». Car si le seuil de pauvreté est fixé par convention à 60% du niveau de vie médian (1 216 euros), l'Observatoire des inégalités utilise plutôt un seuil de 50% (1 014 euros). Les bénéficiaires de l'Allocation adultes handicapés (AAH) sont, ainsi, au-dessus, avec 1 016 euros net mensuel. Les retraités qui perçoivent le minimum vieillesse sont, eux, juste en dessous, avec 1 012 euros net par mois.
Des limites
L'Observatoire des inégalités le reconnaît lui-même, son échelle des bas revenus est « discutable » car « les données ne portent pas sur des années identiques ». En effet, les seuils de pauvreté sont calculés sur le niveau de vie, dont les dernières données de l'Insee remontent à fin 2022, alors que les montants des minima sociaux sont ceux issus de leur dernière revalorisation (en avril 2024). Ces aides peuvent également « être complétées par d'autres allocations ».
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Cependant, cela permet de se rendre compte de l'écart de revenus entre les plus pauvres et les plus aisés. « Les personnes les plus démunies vivent avec 400 à 700 euros par mois, voire sans aucunes ressources, alors que le niveau de vie médian se situe à 2 028 euros pour une personne seule », note l'Observatoire.
Car si certains minima sociaux évitent une « plus grande misère », ils ne suffisent pas pour vivre et « doivent être complétés par d'autres ressources » (aide au logement, hébergement chez un proche, petit boulot non déclaré...).
(1) L'observatoire des inégalités se base sur les dernières données de l'Insee, datant de 2022. Il n'existe pas de chiffres plus récents. Le niveau de vie médian est fixé à 2 028 euros net par mois.