Voilà un dispositif totalement méconnu et largement sous-utilisé qui s'est soudain refait une beauté. Par quel miracle ? Grâce à un geste gouvernemental, deux ans après l'entrée en vigueur de la réforme des retraites de 2023.
Le principe de la retraite progressive, qui vous permet schématiquement d'être à la retraite 1 à 3 jours par semaine en fin de carrière, s'activait jusqu'ici à deux ans de l'âge légal. Donc à 60 ans. Mais la réforme allait repousser cette échéance jusqu'à 62 ans. Le gouvernement a finalement choisi d'ancrer l'ouverture du dispositif à 60 ans. Dans le privé comme dans le secteur public.
Année de naissance | Âge de retraite progressive avec la réforme de septembre 2023 | Âge de retraite progressive à compter du 1er septembre 2025 |
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1964 | 61 ans | 60 ans |
1965 | 61 ans et 3 mois | 60 ans |
1966 | 61 ans et 6 mois | 60 ans |
1967 | 61 ans et 9 mois | 60 ans |
1968 | 62 ans | 60 ans |
Source : Assurance retraite et décret du 15 juillet 2025 fixant l'âge d'ouverture du droit à la retraite progressive à soixante ans.
« Une transition vers la retraite avec des journées de bénévolat, ou pour s'occuper des petits-enfants, par exemple »
« Ce dispositif existe depuis 1988 », souligne Philippe Bainville, porte-parole de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav). « Il a toujours été très peu utilisé. » L'intérêt est très récent, avec 31 368 retraités bénéficiaires du côté de l'Assurance retraite, contre 15 000 en 2017. « Fin 2025, le chiffre sera plus important », pronostique sans hésiter Philippe Bainville. « Avec le “on passe à 60 ans”, cela a attiré l'intérêt des retraités et des médias. Cela offre une transition vers la retraite avec des journées de bénévolat, ou pour s'occuper des petits-enfants, par exemple. »
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Question de Archi, le 12 septembre :
« Je suis en retraite progressive depuis 2022. Est-ce vrai que je devrai remplir un second dossier complet de retraite ? »
Oui. Un dossier pour la retraite progressive. Puis un nouveau dossier pour la retraite complète quelques années plus tard, comme le confirme Philippe Bainville, de la Cnav : « La retraite progressive, c'est un dispositif de fin de carrière. Une retraite provisoire. Pendant la retraite progressive, on acquiert de nouveaux droits. Donc oui, au moment de prendre sa retraite définitive, il va falloir recalculer vos droits, donc on refait une demande. »
« Le dossier est plus simple à remplir »
« On ne sait pas quand la retraite progressive va s'arrêter », ajoute cet expert retraite. « Vous pouvez même aller jusqu'à 70 ans ! Le dossier est certes plus simple à remplir, vu que vous avez déjà complété de nombreux éléments au moment de la demande de retraite progressive, mais il peut y avoir eu des évolutions entre temps. »
Question de Liv, le 18 septembre :
« Dois-je remplir deux dossiers de retraite progressive, Cnav et Agirc-Arrco ? »
Non, sauf... « Si vous faites la demande de retraite progressive en ligne, comme pour la demande de retraite classique via l'Assurance retraite, cette requête vous permet de balayer tous les régimes », répond Philippe Bainville.
Reste une subtilité, transitoire. Les services informatiques inter-régimes n'ont pas encore pu s'adapter à l'accès dès 60 ans. La demande en ligne de retraite progressive « sera également ouverte aux 60-62 ans » début décembre, explique l'Union Retraite, qui pilote le portail inter-régimes Info-Retraite.fr, auprès de MoneyVox. « Les personnes qui ont entre 60 et 62 ans et qui souhaitent faire leur demande avant fin novembre, devront le faire directement auprès de leurs régimes de retraite (avec un formulaire). » Dans ce cas, bien spécifique, il faut effectivement faire deux dossiers papier, l'un pour le régime général (votre Carsat ou la Cnav en Ile-de-France) et l'autre pour la complémentaire Agirc-Arrco.
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Question de Fifi, le 13 septembre :
« Est-ce vraiment intéressant la retraite progressive ? Est-ce que je suis perdante entre salaire et retraite ? Je toucherai combien entre les deux ? »
Ça dépend. Si vous êtes à temps plein, vous ne toucherez très probablement pas autant que 100% de votre salaire en basculant sur un fonctionnement avec 60% de votre salaire et 40% de retraite, puisque votre pension de retraite est un revenu de remplacement qui est - sauf exception - inférieur à votre salaire. Mais cela dépend des potentiels avantages que votre employeur peut consentir à vous aménager si ce départ progressif est dans son intérêt. Du cas par cas.
Quant au montant de la retraite progressive, il est conseillé d'utiliser le simulateur officiel sur Info-Retraite.fr, qui lui est à jour des dernières évolutions depuis le 1er septembre.
« Quand vous êtes déjà à temps partiel, là vous êtes gagnant financièrement parlant ! »
Reste un cas à part : « Quand vous êtes déjà à temps partiel, là vous êtes gagnant financièrement parlant ! » souligne Philippe Bainville. Car vous demandez de compléter votre temps partiel salarié par une pension de retraite elle-même à temps partiel. Un bonus qui vient combler l'absence de revenus complémentaires à votre emploi à temps partiel. Ce qui explique selon l'expert retraite que la Cnav compte « 66% de femmes bénéficiaires » de la retraite progressive, car elle sont « plus concernées par le temps partiel ».
Question de Paul, le 12 septembre :
« Est-ce que je perds sur ma future retraite ? »
Ça dépend. Tout d'abord, Paul, oui ces dernières années à temps partiel vont bel et bien avoir un impact sur le futur calcul de votre pension complète au moment de votre véritable départ à la retraite. Et cet impact vaut pour la pension de base comme pour la complémentaire.
Toutefois... « C'est du cas par cas : tout le monde n'a pas ses meilleures années de salaire en fin de carrière », relève Philippe Bainville. Si jamais vos 25 meilleures années sont derrière vous, alors l'impact sera neutre sur le calcul de votre future pension de base.
La problématique est différente pour la complémentaire Agirc-Arrco : avec un système par points, c'est mécanique : moins de cotisations, moins de points, moins de retraite !
« Faites le point avec le service RH de votre entreprise. »
« Faites le point avec le service ressources humaines (RH) de votre entreprise. Il s'agit de temps partiel choisi », conseille Philippe Bainville. Pourquoi ? Car vous pouvez choisir, en accord avec votre entreprise, de « surcotiser » : en clair cotiser pour la retraite comme si vous étiez à temps plein alors que vous travaillez à temps partiel pendant cette période transitoire. Ce qui vous permet d'éviter toute pénalité financière sur votre future pension. « Sur le relevé de carrière, on aura alors les cotisations et les points comme s'il y avait eu une activité à temps plein. »
Dans tous les cas, faites chauffer le simulateur Info-Retraite.fr avant toute décision. Car l'impact financier risque d'être très faible. « Si l'on ne parle que d'un an de retraite progressive, cela joue sur quasiment rien... », juge l'expert de la Cnav. « En revanche, sur 2, 3 4 voire 5 ans de retraite progressive, on peut voir un effet sur la future pension. »
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« Je suis au chômage... J'ai 61 ans »
Question de Jean, le 1er septembre :
« Je suis au chômage... J'ai 61 ans. Je peux bénéficier de la retraite progressive ? »
Non. « Il faut une activité à temps partiel », coupe Philippe Bainville. C'est l'une des conditions de la retraite progressive : travailler à hauteur de 40% minimum. Impossible donc de cumuler retraite et allocations chômage.
« Un vrai intérêt pour les gens qui sont déjà à temps partiel ! »
Question de M. Richard, le 5 septembre :
« J'ai deux emplois. Si j'en arrête un pour partir en retraite progressive, je toucherai ma prime de fin d'activité ? »
Ça dépend. La prime de départ à la retraite dépend de votre entreprise. Donc « cela échappe totalement à la caisse de retraite », répond l'expert de la Cnav, qui n'a aucune prise sur le sujet. À vous d'anticiper, de vous renseigner, et d'être vigilant pour ne pas perdre le bénéfice d'une partie de votre prime de départ.
Question de Serge, le 12 septembre :
« Ayant plus de 60 ans et plus de 150 trimestres cotisés, puis-je prendre une retraite progressive et exercer le cumul emploi-retraite durant cette période ? »
Non. La réponse de notre expert de la Cnav n'est pas aussi catégorique mais l'idée de cumuler les deux dispositifs paraît complexe et improbable. Car la logique du cumul emploi retraite est d'arrêter toute activité puis de reprendre en parallèle de votre retraite complète. Ce qui est totalement différent d'un dispositif de fin de carrière où vous restez en activité avec une pension de retraite provisoire.
Surtout, cumuler les deux risqueraient de casser l'un des deux dispositifs comme l'explique Philippe Bainville : « La règle de la retraite progressive est de travailler entre 40% et 80% d'un temps complet. Si vous reprenez une autre activité, que vous devez obligatoirement nous le signaler, vous prenez le risque de perdre le bénéfice de la retraite progressive en ne respectant plus cette condition. » Le résultat ? Une « suspension de la retraite progressive ».
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