Vous venez de vivre un évènement heureux ? Vous recevez peut-être des cadeaux des amis et de la famille par virement ou en liquide pour la naissance de votre enfant. Où placer cet argent ? Tour d'horizon des produits disponibles pour votre enfant.
1 - Le Livret A, classique mais indémodable
Où et comment. Dès qu'il faut une « tirelire », l'option du Livret A s'impose. Une épargne de 10 euros suffit, dans n'importe quelle banque, et même 1,50 euro à La Banque Postale.
Risque et rendement. Le best-seller de l'épargne en France est rémunéré à 3%, net de tout impôt jusqu'au 31 janvier 2025. Plafonné à 22 950 euros de versements, le Livret A est un placement sans risque : l'épargne déposée est garantie. Le plafond autorisé peut être dépassé mais seulement grâce aux intérêts capitalisés.
Point fort. « Le très classique livret A présente un aspect pratique : il peut facilement faire office de cagnotte pour les cadeaux en argent des grands-parents, des oncles et tantes, etc. », analyse Valérie Bentz, responsable des études patrimoniales de l'UFF. L'épargne étant disponible à tout moment, votre enfant pourra y piocher à sa guise à partir de 16 ans, puis le conserver (ou le transférer dans une autre banque) à sa majorité.
Point faible. L'actuelle formule de calcul du taux du Livret A est basée sur l'inflation mais aussi sur un taux monétaire (Eonia). Autrement dit, avec la baisse de l'inflation, le rendement du livret A risque de diminuer l'an prochain. Il existe mieux pour « faire travailler » l'épargne d'un nouveau-né sur la durée.
Verdict : pratique et non contraignant, le Livret A est une valeur sûre mais il ne peut pas être considéré comme le meilleur placement à long terme. A privilégier comme « cagnotte » des cadeaux familiaux.
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2 - Le plan épargne logement : un rendement réduit
Où et comment. Proposé par toutes les banques, ou presque le PEL a longtemps été un best-seller pour les enfants et nouveau-nés. Un dépôt de 225 euros est nécessaire à l'ouverture, puis il faut vous engager à verser 540 euros par an, soit 45 euros par mois.
Risque et rendement. Le taux de rémunération affiché à l'ouverture est garanti pour toute la durée de vie du plan d'épargne logement. Le hic : ce taux garanti n'est désormais plus que de 2,25% brut, soit moins que le Livret A. Et les intérêts des PEL nouvellement ouverts sont fiscalisés, à hauteur de la flat tax (PFU) de 30%, ce qui offre un taux net annuel de 1,57%.
Point fort. L'épargne contrainte : vous vous forcez à mettre 45 euros de côté chaque mois pour votre enfant.
Point faible. Un rendement réduit. Même rehaussé à 2,25% depuis le 1er janvier 2024, il reste moins rémunérateur que le Livret A. Par ailleurs, au-delà de l'obligation de versement régulier, le PEL dispose d'une durée de vie limitée : 10 ans maximum pour y déposer de l'argent, et 15 ans maximum de détention. Ouvrir un PEL à la naissance de votre enfant ne vous permet pas de vous projeter avec ce placement jusqu'à sa majorité.
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Verdict : Il est devenu bien moins intéressant avec la baisse de son rendement. Alors qu'il profitait d'une exonération d'impôt sur le revenu pendant 12 ans, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Son seul atout est l'aspect épargne régulière mais vous pouvez programmer des versements de la même manière sur des produits plus souples (livrets, assurance vie, etc.).
3 - L'assurance vie : un compromis entre disponibilité et rendement à long terme
Où et comment. Toutes les banques disposent d'une assurance vie accessible aux enfants, mais il ne faut pas oublier les assureurs traditionnels, les fintechs, courtiers et banques en ligne. L'offre est pléthorique.
Risque et rendement. L'assurance vie est un placement à moyen ou long terme avec d'une part un support peu exposé au risque, le fonds en euros, et d'autre part des supports potentiellement plus rentables à long terme, en contrepartie d'un risque de perte, les unités de compte (UC).
Support phare de l'assurance vie, le fonds euros a rapporté en moyenne 2,60% en 2023. Un rendement qui peut évidemment être bonifié par les UC : leurs performances suivent les soubresauts des marchés financiers (+7% en 2023 mais -11,2% en 2022 selon France Assureurs).
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La fiscalité ? La flat tax (PFU) au pire, mais le plus souvent les gains ne sont soumis qu'aux cotisations sociales (17,20%). Ils sont en partie exonérés d'impôt sur le revenu si vous conservez votre contrat plus de 8 ans, éventualité la plus probable pour un nouveau-né. En effet, pour les contrats de plus de 8 ans, le titulaire bénéficie d'un abattement fiscal annuel de 4 600 euros pour une personne seule en cas de rachat.
Point fort. Les perspectives de rendement à long terme, à condition de diversifier en mélangeant fonds euros et unités de compte. Vous voulez limiter les risques ? Les contrats avec gestion pilotée vous permettent de déléguer la gestion des UC à un expert grâce à la gestion pilotée tout en adaptant la prise de risque à des horizons de placement à long terme, 18, 20 ou 25 ans dans le cas d'un nouveau-né.
Point faible. Demandez à votre banquier ou conseiller financier d'être précis sur un aspect : le contrat est-il souscrit au nom de l'enfant ou à votre nom avec l'enfant en bénéficiaire ? Les deux pratiques coexistent mais la finalité n'est pas la même.
Dans le premier cas, l'épargne versée appartient à l'enfant et il peut en disposer dès la majorité. Dans l'autre, vous pouvez changer le bénéficiaire quand bon vous semble. Il est aussi possible de programmer une mise à disposition de l'épargne à un âge défini à l'avance (20 ou 25 ans par exemple) grâce à un pacte adjoint. Deux objectifs différents, dont il faut être conscient à la souscription.
Verdict : plus adapté qu'un livret s'il s'agit de préparer le financement des études ou pour permettre à votre enfant de se lancer dans la vie active avec un petit pécule. « L'assurance vie peut s'avérer aussi utile en cas de donation plus importante ou d'héritage par exemple », ajoute Valérie Bentz.
Malgré certaines idées reçues, l'assurance vie est un placement peu contraignant : votre enfant pourra piocher dans son épargne sans délai à sa majorité. Mais n'hésitez pas à comparer les contrats, pour éviter de trop importants frais sur versement et afin de viser un fonds en euros dont la rémunération n'est pas trop faible.
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4 - Les livrets bancaires, une option peu avantageuse
Les banques proposent, en plus du classique Livret A ou de l'assurance vie, des livrets accessibles dès la naissance. Livrets Zebulon, Scoopy, Tiwi, P'tit Mousse ou Premier Pas : des livrets bancaires « jeune enfant » sont très souvent proposés avant de pouvoir passer au livret jeune. Ces livrets sont en effet accessibles entre 0 et 12 ans.
Rendement et risque. Leur taux de rémunération est défini par la banque et les intérêts sont soumis au PFU de 30%, contrairement au Livret A qui est complètement défiscalisé. Le livret Zébulon du LCL, par exemple, est actuellement rémunéré à 1,10% brut, ce qui fait 0,77% après impôt. Il est plafonné à 2 000 euros. Autre exemple, au Crédit Coopératif, le livret Scoopy est plafonné à 1 600 euros avec un taux à 3% brut, ce qui ramène son rendement à 2,10% net. Le livret Tiwi du Crédit Agricole est quant à lui rémunéré à 4% brut (2,80% net).
Point fort. Le livret bancaire peut être intéressant en complément du Livret A mais il faut bien les comparer avant de souscrire.
Point faible. La plupart de ces livrets sont plafonnés à 1 600 euros de versements, ce qui en fait des supports d'attente avant d'ouvrir un Livret jeune à 12 ans, lui aussi plafonné à 1 600 euros. Il existe toutefois des exceptions comme le Livret + Enfant de Fortuneo plafonné à 10 000 euros mais rémunéré à 2% avant impôt.
Verdict : Les livrets bancaires sont aussi souples que le Livret A mais offrent des rendements inférieurs, voire très inférieurs, après fiscalité. Il s'agit d'une épargne étape avant l'ouverture d'un livret jeune accessible à 12 ans. Pour rappel, le livret jeune est plafonné à 1 600 euros. Son taux est au moins égal à celui du Livret A (3% actuellement), qui peut atteindre 4% dans certains établissements bancaires.
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5 - Le PEAC pour remplacer le PER mineur
Où et comment. Si jusqu'ici il était possible d'ouvrir un PER pour son enfant mineur, ce n'est plus le cas depuis le mois de janvier 2024. Par ailleurs, les versements sur ceux déjà ouverts seront aussi impossibles. Pour remplacer le PER pour les enfants mineurs, Bercy a créé le Plan Épargne Avenir Climat (PEAC), accessible en théorie depuis le 1er juillet et plafonné comme le Livret A, à 22 950 euros. Il peut être proposé par les banques, les mutuelles ou encore les assureurs.
Rendement et risque. La rémunération du tout nouveau PEAC n'est pas fixée de manière règlementaire. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait estimé que la rémunération sera « sans doute plus attractive que celle du Livret A ». Il est impossible de le vérifier pour le moment. En effet, la performance dépendra des rendements des fonds accessibles au sein des PEAC proposés par les établissements financiers. Les fonds devront d'ailleurs soit être labellisés ISR, soit Greenfin (France Finance verte).
Pour limiter le risque, le mode de gestion par défaut appliqué au PEAC sera similaire au profil équilibré à horizon retraite du Plan épargne retraite (PER). L'épargne placée sera donc sécurisée au fur et à mesure. Le décret publié le 16 juin dernier précise d'ailleurs qu'au moins 70% de l'encours détenu par l'épargnant sera placé sur des actifs à faible risque (2 ou moins sur l'échelle SRRI), deux ans avant la date de liquidation du plan envisagée par son titulaire.
Point fort. Accessible dès la naissance, les intérêts ne sont pas fiscalisés. À l'image du Livret A, le titulaire ne paiera donc aucun impôt ni charges sociales en cas de retrait ou à la liquidation du plan.
Point faible. Le Plan d'épargne avenir climat a une durée de vie limitée. En effet, le PEAC est automatiquement clôturé aux 30 ans du titulaire. Autre point négatif, sa liquidité. S'il est souscrit au nom d'un mineur, il sera aussi impossible de récupérer les fonds avant la majorité de l'enfant (sauf en cas d'invalidité du titulaire ou de décès de l'un des parents). Les retraits partiels (qui n'entraînent pas la clôture) sont possibles dès la majorité mais à la condition que le plan soit ouvert depuis au moins 5 ans.
Verdict. Le PEAC se retrouve à mi-chemin entre le Livret A et l'assurance vie. « C'est un placement qui complète la gamme des placements pour les jeunes mais qui n'est pas comparable à un Livret A au regard des supports qu'il est susceptible de contenir et qui peuvent être exposés aux risques de marché. C'est donc une enveloppe à privilégier une fois que le jeune détient par ailleurs une épargne sécurisée suffisante pour pouvoir ainsi diversifier ses actifs et aller chercher avec le PEAC comme le PEA jeune d'ailleurs, sur la durée de la performance. Il est alors préférable de l'ouvrir jeune et effectuer si possible des versements réguliers afin de lisser le risque et aller chercher de la performance », explique encore Valérie Bentz. Le PEAC n'offre par ailleurs pas la même liquidité et a en plus, une durée de vie limitée.
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6 - Bonus : le Livret jeune dès 12 ans
Il est possible de compléter la gamme d'épargne de votre enfant en souscrivant, dès ses 12 ans, un Livret jeune. Complètement défiscalisé, il est possible d'y placer jusqu'à 1 600 euros. Il est clôturé aux 25 ans du titulaire.
Où et comment. Le livret jeune est accessible au sein de la majorité des établissements bancaires. Il est possible d'y associer une carte de retrait dès les 16 ans du titulaire.
Rendement et risque. Le livret jeune ne présente aucun risque de perte en capital pour le titulaire. Côté rémunération, cela va dépendre des banques. Contrairement aux autres livrets d'épargne réglementée, le taux du livret jeune n'est pas fixé par voie réglementaire. Sa rémunération doit toutefois être au moins égale à celle du Livret A, soit 3% actuellement. Les taux oscillent donc entre 3% et 4% selon les banques.
Point fort. Tout comme le Livret A, le LEP ou encore le LDDS, les gains d'un Livret jeune ne sont soumis ni à l'impôt ni aux cotisations sociales.
Point faible. Son plafond est bien inférieur à celui des autres livrets d'épargne réglementée : 1 600 euros.
Verdict. Avec un livret de ce type, en complément d'un Livret A par exemple, l'enfant peut commencer à apprendre la gestion de ses comptes. Adossé à une carte de retrait, il peut permettre à l'enfant d'apprendre à gérer son budget. Par ailleurs, les retraits comme les versements sont aussi accessibles que sur un Livret A.
Quel placement choisir ?
À la naissance de votre enfant, ouvrir un Livret A est déjà une excellente option. Accessible, il vous permettra d'y épargner à votre rythme et d'y ajouter les cadeaux de tous les membres de la famille, heureux de gâter le dernier né.
Si le Livret A est à plein, il est possible de se tourner vers l'assurance vie. Un placement à moyen et long terme permettant d'accompagner votre enfant dans ses projets de vie.
« Le mieux est de commencer par le Livret A comme pour la trésorerie d'un ménage, car c'est une réserve pour acheter sa première voiture par exemple ou aider pour toute autre dépense coûteuse. Une fois le plafond atteint sur les livrets ou dans le cas où l'enfant reçoit des donations plus importantes, l'assurance vie est un produit très adapté », conclut la responsable des études patrimoniales de l'UFF.