L'essentiel
- La décision entre une rente ou un capital de PER dépend de facteurs individuels.
- La stratégie de sortie du PER devrait être planifiée 5 à 10 ans avant la liquidation, en tenant compte de sa situation financière globale.
- La fiscalité appliquée varie en fonction du type de sortie choisie et de l'avantage de la déductibilité des versements pendant la vie active.
Vous détenez un PER, la retraite approche (à grands pas ou non) et vous vous demandez quelle serait la sortie la plus adaptée pour toucher votre argent. Rente ou capital ?
« Il n'existe pas de solution idéale, ni de bonne ou mauvaise réponse. Le choix ne doit pas être psychologique. Il faut calculer, si l'épargnant choisit la rente, combien cela représentera. Sachant que le montant des rentes est 10 à 15% plus faible qu'il y a 20 ans car l'espérance de vie augmente. En effet, le calcul des rentes se fait sur les tables de mortalité de l'INSEE. Le montant de la rente est réparti sur une durée plus longue aujourd'hui », annonce en préambule Olivier Rull, co-fondateur du courtier Caravel.
« La peur première des retraités c'est de survivre à leur épargne, c'est-à-dire voir s'épuiser trop rapidement leur épargne et survivre sans avoir suffisamment »
« Le PER fait partie du patrimoine de l'épargnant, sa résidence principale s'il en a une, ses autres placements, le montant de sa retraite, etc. Il est donc important, non pas de se demander quoi choisir entre rente ou capital, mais quelle est la stratégie de décumulation globale de son épargne par rapport à son patrimoine. La peur première des retraités, c'est de survivre à leur épargne, c'est-à-dire voir s'épuiser trop rapidement leur bas de laine et survivre sans avoir suffisamment », ajoute Olivier Rull.
Testez notre calculatrice de rentes viagères
Quand opter pour la sortie en rente ?
En l'absence de revenus garantis à la retraite, si la pension versée est trop faible ou encore si l'épargnant n'est pas propriétaire de sa résidence principale, alors « l'épargnant aura besoin de sécuriser un flux régulier. Dans ce cas, la sortie en rente est une bonne option », précise encore le co-fondateur de la plateforme spécialisée dans la retraite complémentaire.
« La sortie en rente viagère est généralement demandée et adaptée à des personnes, souvent seules, qui veulent être certaines de disposer d'un complément de ressources jusqu'à leur décès. C'est un bon moyen de gagner en sérénité et d'être plus facilement en capacité d'assumer le coût important de la fin de vie », explique de son côté Gilles Belloir, directeur de Placement-direct.fr
Les 3 questions à vous poser absolument avant d'ouvrir un PER fin 2025
En revanche, si « la pension permet de vivre confortablement », qu'il n'existe pas de charges de loyer ou que l'épargnant peut bénéficier de revenus garantis, la sortie en capital peut être plus adaptée, ajoute Olivier Rull. Un avis partagé par Gilles Belloir qui précise que « la sortie en capital offerte par le PER est retenue par l'immense majorité des adhérents qui veulent être libres de disposer de leur épargne comme ils l'entendent ».
« Lors d'une sortie en rente simple, l'ensemble du contrat est transmis — on parle d'aliénation du contrat — à la compagnie d'assurance, en contrepartie du versement d'une rente. Il n'y a donc plus de capital transmissible au décès », prévient toutefois Kevin Vidalenc, conseiller patrimonial chez Linxea. L'épargnant a cependant la possibilité d'opter pour une rente viagère réversible. Ainsi, le conjoint ou le bénéficiaire désigné pourra continuer à percevoir toute ou partie de la rente, selon le taux de réversion choisi.
Quand se poser la question ?
« La stratégie de sortie doit être anticipée, 5 à 10 ans avant la liquidation de son plan épargne retraite », conseille Olivier Rull. Pourquoi si tôt ? « L'épargnant peut se dire que 10 ans avant c'est beaucoup mais souvent, l'horizon de temps est beaucoup plus visible et proche. On se dit qu'on va travailler jusqu'à 62 ou 64 ans et qu'on sera ensuite à la retraite. En réalité, la transition est plus souvent bien différente et progressive. Certains s'arrêtent de travailler à 55 ans et ne retrouvent pas de travail avant leur départ à la retraite, d'autres partent à la retraite dès 60 ans et certains à 65 ans. Penser à sa retraite à 55 ans c'est tout à fait légitime. Entre 3 et 8 ans, on reste sur une horizon de placement à court terme », ajoute Olivier Rull.
Placement : faut-il être riche pour profiter des avantages fiscaux du PER ?
La sortie en capital mais progressive
Vous préférez opter pour une sortie en capital mais sans avoir à retirer toute votre épargne en une seule fois ? C'est tout à fait possible grâce à des retraits programmés « comme en assurance vie. C'est un bon moyen de se constituer une ressource complémentaire tout en gardant la main sur son épargne », confie Gilles Belloir. En effet, rien n'oblige l'épargnant à clôturer son PER à la retraite. Il est donc tout à fait possible de garder son plan ouvert et de retirer progressivement le capital pour financer sa retraite.
« Les rachats partiels permettent de retirer ce dont on a véritablement besoin pour faire face à ses besoins de trésorerie et lisser la fiscalité dans le temps »
« Le déblocage du capital en une fois devrait servir à financer un projet en particulier comme un achat immobilier. Les rachats partiels tous les deux ou trois ans par exemple permettent justement de retirer ce dont on a véritablement besoin pour faire face à ses besoins de trésorerie et lisser la fiscalité dans le temps. Par ailleurs, les montants des rachats peuvent être différents selon l'âge. En début de retraite, l'épargnant pourrait retirer de plus petites sommes pour garantir son niveau de vie, tout conservant un capital dans le cas où il devrait intégrer par exemple un Ehpad ou encore avoir plus de frais suite à une perte d'autonomie », explique encore Olivier Rull.
Quel impact fiscal ?
« La mise en place de retraits réguliers n'est pas facturée alors que de nombreux PER retiennent des frais d'arrérages de rente à hauteur de 3% voire des frais annuels sur encours de rente »
Attention, le dénouement d'un contrat d'épargne retraite en rente occasionne des frais d'arrérage qui sont ponctionnés à chaque versement par l'assureur. « La mise en place de retraits réguliers n'est pas facturée alors que de nombreux PER retiennent des frais d'arrérages de rente à hauteur de 3% voire des frais annuels sur encours de rente », détaille Gilles Belloir. Les frais sur encours de rente, assimilés à des frais de gestion du capital transformé en rente viagère, oscillent de 0,6% à 1% par an.
Concernant l'impact financier, la rente est rarement avantageuse, selon les experts interrogés. « Financièrement, la sortie en capital avec la mise en place de rachats partiels programmés est très souvent plus avantageuse que la rente qui, elle, ne le devient que lorsque le crédit rentier a vécu à un âge très avancé », ajoute le directeur de Placement-direct.fr.
Côté fiscalité, « la rente viagère est en outre moins bien traitée puisqu'on ne va pas différencier ce qui correspond à des versements et à des gains », précise par ailleurs Gilles Belloir. En effet, pour une sortie en capital à la retraite, si l'épargnant a déduit ses versements pendant la vie active, les versements sont imposés au barème de l'impôt sur le revenu à la liquidation à la retraite, et les plus-values soumises à la flat tax de 30%. En revanche, pour une sortie en rente, la pension (versements et plus-values sans distinction) est soumise au régime fiscal de la rente viagère à titre gratuit (RVTG), donc à l'impôt sur le revenu, après un abattement de 10%.
Sortie en rente ou en capital de votre PER : bien comprendre la fiscalité
« Autre avantage de la sortie en capital avec des rachats programmés : le capital non encore racheté reste investi sur le contrat, ce qui permet de continuer à le faire fructifier et reste transmissible aux héritiers selon la clause bénéficiaire inscrite au contrat », ajoute Kevin Vidalenc, conseiller patrimonial chez Linxea.
Enfin, certains PER permettent également une sortie mixte, soit coupler la sortie en rente et la sortie en capital. Si votre assureur ne l'autorise pas, reste la possibilité d'une « stratégie mixte en ouvrant plusieurs PER, afin de dédier un contrat à une sortie en rente et un autre à des sorties en capital fractionné », explique par ailleurs le conseiller patrimonial de Linxea.
























