L'essentiel

  • Les banques françaises sont prêtes à accroître leur soutien aux entreprises de défense, avec des lignes de crédit et des options de financement supplémentaires.
  • Les assureurs français, avec plus de 2 000 milliards d'euros en assurance vie, pourraient orienter davantage de fonds vers le capital des entreprises de défense.
  • La Caisse des dépôts et les fonds d'investissement peuvent également soutenir le secteur de la défense, par le biais du financement de l'infrastructure et de la prise de part dans le capital des entreprises de défense.

Conviés jeudi à Bercy par le ministre de l'Economie Eric Lombard et le ministre des Armées Sébastien Lecornu, en compagnie des industriels de la défense, que peuvent faire concrètement les financiers ?

Les banques

« On fera plus qu'accompagner le mouvement, on est prêts pour la montée en puissance », a déclaré mardi sur BFM Business la directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF), Maya Atig.

Les banquiers français ont longtemps été accusés d'être trop frileux et ne pas assez jouer leur rôle de prêteur vis-à-vis des industriels de la défense.

Ils se défendent d'un quelconque blocage : « les six plus grandes banques françaises soutiennent les entreprises de défense à hauteur de 37 milliards d'euros », affirme mardi dans un communiqué la FBF.

Les banquiers, outre l'attribution de nouvelles lignes de crédit facilitées par la nomination d'un « référent Défense » dans chacun des grands réseaux bancaires, pourront également être mis à contribution en cas d'éventuel nouveau livret dédié, une option pour l'instant écartée.

Les assureurs via les contrats d'assurance vie et de PER

Les assureurs en France, dont des filiales de grandes banques comme Predica (Crédit Agricole), Cardif (BNP Paribas) ou encore Société Générale Assurances, disposent d'une manne financière colossale : plus de 2.000 milliards d'euros placés en assurance vie en France, principalement dans des obligations d'États et d'entreprises.

Ils pourraient « flécher » davantage cette manne vers le capital des entreprises de la défense, notamment le tissu de sous-traitants qui vont avoir besoin de davantage de fonds propres pour se développer, via les fonds euros de l'assurance vie, via des supports d'investissement dédiés en unités de compte ou encore via les plans d'épargne retraite (PER).

La défense n'avait pas forcément les faveurs des assureurs, plus attentifs ces dernières années à l'investissement responsable répondant aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Mais le regard est en train de changer. « En temps qu'acteur financier, on pense que ça a du sens de flécher une partie de l'épargne vers le secteur de la défense », explique la directrice générale de la France Mutualiste, Isabelle Le Bot.

La Caisse des dépôts et l'argent du Livret A

La Caisse des dépôts, gardienne de près de 60% des fonds déposés sur les Livrets A et les Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) qu'affectionnent les Français, a aussi un rôle à jouer dans le soutien à l'effort de défense.

Elle peut par exemple abonder des fonds, en son nom ou via sa filiale BpiFrance, ou financer des infrastructures logistiques de l'arrière, comme la construction de nouveaux logements pour les gendarmes ou la rénovation d'écoles d'officiers.

« Le livret A peut tout à fait financer les infrastructures de défense (...) mais pas sur le matériel d'armement qui relève de l'Etat », a déclaré dimanche le ministre de l'Economie Eric Lombard sur BFM TV.

Les fonds du Livret A restants dans le bilan des banques, alloués pour l'essentiel au financement des PME, peuvent également participer au financement des prêts accordés aux entreprises du secteur.

Placement : les Français refusent que l'argent de leur Livret A finance la défense

Les fonds d'investissement

Les fonds d'investissement sont à même de prendre davantage de parts du capital des entreprises de la base industrielle et technologique de défense (BITD), leur permettant de se développer et de capter davantage de prêts.

Les sociétés de gestion françaises Tikehau Capital, Weinberg Capital Partners ou encore Omnes Capital sont par exemple positionnées sur cette thématique. Mais ce type d'investisseurs, parfois gêné par des considérations éthiques, rechigne à prendre des parts dans des sociétés considérées comme difficiles à revendre.

C'est le cas du secteur de la défense, soumis en cas d'acheteur hors de France au strict contrôle des investissements étrangers. Le faible nombre de clients des petites et moyennes entreprises de cette industrie, dépendant de grands donneurs d'ordre eux-mêmes tributaires de la commande publique, contribue également à les refroidir.