Cette décision « reflète notre opinion selon laquelle les finances publiques du pays seront considérablement affaiblies au cours des prochaines années », en raison d'une « fragmentation politique plus susceptible d'empêcher une consolidation budgétaire significative », indique l'agence.

La note souveraine de la France s'établit désormais à Aa3 avec perspective stable. Fin octobre déjà, Moody's avait assorti la précédente note Aa2 d'une perspective négative, et avait émis une note le jour-même de la censure du précédent Premier ministre Michel Barnier, le 4 décembre, pour signaler que cet événement était « négatif » pour la note française.

L'agence, qui classait la France jusque-là légèrement au-dessus de ses concurrentes, les rejoint : S&P classe la France AA- avec perspective stable, et Fitch AA- avec perspective négative. Le tout reflète encore cependant une bonne, voire haute, qualité de crédit.

Une dette à 120% du PIB en 2027

Alors que le gouvernement Barnier misait sur un déficit public de 6,1% du PIB cette année, et avait construit ses textes budgétaires sur la base d'un déficit public de 5% en 2025, pour revenir sous la limite des 3% tolérée par Bruxelles en 2029, Moody's n'y croit pas.

L'agence de notation anticipe un déficit public stagnant à 6,3% du PIB en 2025, et toujours à 5,2% en 2027. Ainsi, au lieu de se réduire, la dette publique passerait de 113,3% du PIB en 2024 à environ 120% en 2027.

« La nomination (de) François Bayrou et la volonté réaffirmée de réduire le déficit y apportent une réponse explicite »

Le ministre de l'Economie et des Finances Antoine Armand a aussitôt « pris acte » de cette décision. « L'agence Moody's a annoncé le changement de la note de la France (...) en mettant en avant les récents développements parlementaires et l'incertitude actuelle qui en découle sur l'amélioration de nos finances publiques. J'en prends acte », écrit le ministre dans un communiqué.

« La nomination (de) François Bayrou et la volonté réaffirmée de réduire le déficit y apportent une réponse explicite », ajoute-t-il.

Dans son bref discours de passation de pouvoir vendredi après-midi, François Bayrou a en effet vigoureusement insisté sur la nécessité de réduire le déficit public et la dette du pays, rappelant avoir conduit par le passé « des campagnes présidentielles sur ce thème ».