L'essentiel
- Les banques françaises vont économiser environ 1,6 milliard d'euros grâce à la baisse des taux des livrets réglementés.
- Cela représente plus de 1% de leurs revenus, améliorant la rentabilité des banques qui distribuent ces produits.
- Une partie des dépôts dans ces livrets est centralisée pour financer des prêts à long terme, les banques touchant un complément d'intérêt, qui ne compense pas entièrement les coûts de distribution.
1,6 milliard d'euros : c'est, selon Julien Grandjean, analyste senior chez Fitch Ratings, cité par Les Echos, le montant de l'économie annuelle dont vont bénéficier les banques françaises grâce à la baisse des taux des livrets réglementés. Le 1er février prochain, le rendement du Livret A et du LDDS va, en effet, passer de 3% à 2,4%, net d'impôts, ; celui du LEP de 4% à 3,5%.
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1,6 milliard, cela représente « un peu plus de 1% de leurs revenus », poursuit l'analyste dans le quotidien économique. Un gain non négligeable, donc, qui va permettre d'améliorer la rentabilité de toutes les banques de détail distribuant ces produits, mais surtout de La Banque Postale et de la Caisse d'Epargne qui, en tant que distributeurs historiques, concentrent une part importante des encours des livrets réglementés.
Le Livret A, une ressource qui coûte cher
Pour comprendre pourquoi l'économie sera aussi majeure, il faut faire un rappel sur le fonctionnement du système français d'épargne réglementée. Près de 60% de l'argent que vous déposez sur ces livrets - plus précisément 59,5% pour le Livret A et le LDDS, 50% pour le LEP - ne reste pas dans votre banque : il est transféré - on parle de « centralisation » - à la Caisse des dépôts, le bras financier de l'Etat, pour financer, notamment, des prêts à très long terme accordés pour construire des logements sociaux. En échange de leur contribution, les banques touchent un « complément d'intérêt » équivalent à 0,3% des sommes centralisés pour le Livret A et le LDDS, et de 0,4% pour le LEP. Cela a représenté, en 2023, 1,078 milliard d'euros.
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Cette somme ne compense pas, loin de là, les coûts liés à la distribution des livrets réglementés. Les banques, en effet, payent à leurs usagers les intérêts dûs sur les 39,5% de l'encours (soit 258 milliards d'euros fin 2023) qu'elles conservent à leur bilan.
Problème, elles n'ont pas la main sur le taux servi, puisqu'il est fixé par les pouvoirs publics. Résultat : l'argent du Livret A et de ses « cousins » représente une ressource systématiquement plus coûteuse pour les banques que les dépôts effectués sur les comptes courants ou leurs livrets d'épargne maison, dont elles peuvent faire évoluer les taux à leur guise. Les chiffres sont parlants : pendant que le Livret A rapporte (encore) 3%, le rendement moyen des « livrets ordinaires » est actuellement de 0,56% !