« Pourquoi ne pas envisager une privation des droits civiques ? Le gel de leurs avoirs ? (...) Ils font le choix de faire sécession d'avec la communauté, comme l'avaient fait les aristocrates pendant la Révolution française », a déclaré le député de gauche de la Somme alors qu'une taxation accrue des plus riches est une des conditions posées les socialistes pour ne pas censurer le gouvernement de Sébastien Lecornu.
« Aujourd'hui, on vit dans un pays où les milliardaires paient deux fois moins d'impôts en proportion que leur secrétaire et que les infirmières. Est-ce que c'est normal ? », a martelé l'élu ex-LFI qui siège actuellement au sein du groupe écologiste à l'Assemblée nationale.
M. Ruffin, qui considère que le pays est « bloqué par le haut, par des dirigeants qui refusent le changement », réitère son appel à « relever l'imposition des plus hauts revenus » et propose de s'inspirer du modèle américain, en continuant à « taxer à vie » en cas de départ à l'étranger.
Exil fiscal
Favorable à la taxe Zucman - un impôt plancher visant à s'assurer que les foyers fiscaux disposant de plus de 100 millions d'euros de patrimoine contribuent chaque année à hauteur d'au moins 2% de leur fortune - le député a jugé « extrêmement marginal » le risque d'exil fiscal des grandes fortunes en se référant à une étude publiée cet été par le Conseil d'analyse économique.
Cette enquête avait étudié l'effet, sur les ménages appartenant au top 1% des revenus du capital - environ 385 000 ménages -, de deux « chocs fiscaux » inverses : la suppression du prélèvement forfaitaire libératoire (PFL) en 2013, puis en 2017 celle de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Les réformes de 2013 ont entraîné une augmentation des départs nets de 0,04 à 0,09 point de pourcentage, soit au pire quelque 350 ménages. L'allègement fiscal de 2017 a fait baisser les départs nets de 0,01 à 0,07 point.
Le député était interrogé en réaction à des propos de l'économiste Thomas Piketty qui dans un entretien à Bloomberg a jugé que « si vous ne payez pas la taxe Zucman, vous vous mettez dans la même position que quiconque décide de ne pas payer d'impôt - vos actifs peuvent être gelés, vous pouvez être arrêtés à l'aéroport ».
Cette déclaration a fait bondir à droite. « Arrêter les personnes à l'aéroport c'est l'URSS. On n'est plus dans une démocratie, on est dans un pays d'extrême gauche, c'est le Venezuela », a réagi sur TF1 le chef des députés UDR Eric Ciotti, allié du Rassemblement national.