Les marchés : J-1

Dix séances d'affilée que le CAC 40 tourne en rond, coincé dans un couloir entre 8 050 à 8 150 points. Et ce mardi ne fait pas exception, l'indice parisien recule de 0,69% et clôture à 8 053 points. À la veille de la décision de la Fed, les investisseurs restent convaincus d'une nouvelle baisse de taux mais l'incertitude porte désormais sur la trajectoire de 2026.

En parallèle, une annonce inattendue est venue animer la séance. Donald Trump affirme avoir donné son feu vert à l'exportation, sous conditions, de certaines puces Nvidia vers la Chine, après un échange avec Xi Jinping. Nvidia, de son côté, devra verser 25% du chiffre d'affaires généré par ces ventes à l'État américain. Un geste politique autant qu'économique, qui pourrait rebattre les cartes dans la course mondiale à l'intelligence artificielle. Pourtant, Wall Street ne s'emballe pas, le titre Nvidia cède 0,2% pour le moment, preuve que le marché attend des éléments concrets avant de réagir.

Dans ce climat mêlant attentisme monétaire et diplomatie technologique, les investisseurs avancent avec prudence. Le verdict de la Fed demain soir pourrait enfin briser l'ennui de ces dix séances de stagnation... ou prolonger encore un peu le suspense.

Les valeurs : EssilorLuxottica, Nexans et Exail Technologies

EssilorLuxottica. Le géant mondial des lunettes chute de 5,57% à 286,30 euros. En cause, l'annonce de Google qui prévoit de lancer ses propres lunettes d'intelligence artificielle en 2026 avec le fabricant coréen Gentle Monster. Cette entrée en scène confirme que le marché des lunettes connectées attire désormais les plus grands acteurs de la tech.

Jusqu'ici, le propriétaire de Ray-Ban profitait pleinement de son avance grâce à son partenariat avec Meta. Les Ray-Ban Meta et les nouveaux modèles Oakley Meta ont rencontré un grand succès et fortement porté la croissance du groupe. Mais les ambitions de Google, ajoutées à celles d'Alibaba qui a récemment présenté ses lunettes « Quark », changent la donne. Les futures lunettes de Google fonctionneront comme les Ray-Ban Meta, connectées à un smartphone et capables de gérer vidéo, audio, traduction en direct et applications Android.

Le marché craint que l'avance d'EssilorLuxottica et Meta se réduise face à cette concurrence technologique de plus en plus agressive. Mais selon les experts du secteur, EssilorLuxottica garderait encore un avantage important grâce à la force de ses marques, son réseau de distribution et sa maîtrise de toute la chaîne de production. Lanterne rouge du CAC ce soir, son action progresse tout de même de 21% depuis le début de l'année.

Nexans. Le fabricant français de câbles sous-marins signe l'une des pires performances du SBF 120 ce mardi : -6,38% à 123,30 euros. Des articles de presse affirment que l'entreprise aurait annulé ses appels d'offres liés à un énorme contrat d'environ 1,4 milliard d'euros. Ce contrat concerne le projet Great Sea Interconnector, censé relier électriquement la Grèce, Chypre et Israël pour sécuriser l'approvisionnement énergétique de la région.

Selon un média chypriote, Chypre et la Grèce auraient décidé de geler le projet, empêchant Nexans de poursuivre les travaux comme prévu. L'entreprise aurait donc stoppé ses appels d'offres, sans toutefois avertir officiellement les sociétés candidates. Ces incertitudes, sur fond de tensions politiques dans la zone ont lourdement pénalisé le titre aujourd'hui et seront surveillées de près par les actionnaires dans les semaines à venir.

Nexans n'a pas encore réagi officiellement mais sa direction rappelait cet été que les câbles déjà fabriqués pour le projet avaient été entièrement payés, et que les technologies du groupe restaient très demandées dans le monde, ce qui limiterait le risque financier en cas de changement de plan. L'action gagne 18% en 2025.

Exail Technologies. Exail Technologies continue de faire vibrer la Bourse, porté par un vent d'optimisme sur l'ensemble du secteur de la défense. Après avoir souffert cet automne, comme les principales valeurs de la défense, le spécialiste français de la robotique autonome reprend de la hauteur. Son titre, éligible au PEA-PME, gagne 1,7% à 89,90 euros, dans la foulée d'une note très favorable de la société de gestion Bernstein. Elle cite Exail comme l'une de ses midcaps européennes préférées.

Ses analystes saluent une trajectoire commerciale impressionnante en 2025 et un positionnement unique dans les drones maritimes et les systèmes anti-mines. La hausse du jour est soutenue par une information venue d'Allemagne. Les parlementaires devraient voter cette semaine un plan de 52 milliards d'euros pour moderniser l'armée.

De quoi réveiller tout le secteur dont Thales, Dassault Aviation ou Rheinmetall, et donner un nouveau coup d'accélérateur à Exail. Une avalanche de signaux positifs pour une valeur qui, décidément, ne cesse de surprendre. Après sa hausse de 7% hier, le titre s'envole désormais de 420% depuis le début de l'année.

Le monde d'après : le rallye de la défense ?

L'Europe se réarme et Berlin s'apprête à valider 29 contrats de défense pour 52 milliards d'euros, un montant record qui redessine le paysage stratégique du continent. Résultat immédiat en Bourse : Thales (+2,60%), Dassault Aviation (+2,59%), Rheinmetall (+4,10%), Saab (+3,15%), Hensoldt (+6,72%)... tout le secteur décolle ce mardi.

À Paris, Thales caracole en tête du CAC 40. À Francfort, Rheinmetall continue son parcours stratosphérique. Le chancelier Friedrich Merz l'a répété hier soir : l'objectif est clair, faire de la Bundeswehr l'armée conventionnelle la plus puissante d'Europe. L'Allemagne, longtemps critiquée pour son sous-investissement, change donc d'ère. Le monde aussi. Les budgets défense des pays de l'OTAN vont passer de 2% à 3,5% du PIB d'ici 2035.

Une tendance lourde, durable, qui ne dépend ni du calendrier politique ni d'un éventuel cessez-le-feu en Ukraine. Depuis le début de la guerre, Rheinmetall a pris 1 400% en Bourse, Saab 780%, Thales 160%. Et si certains pensaient que la frénésie s'essouffle, l'annonce allemande rappelle une chose essentielle : le réarmement européen n'en est qu'à ses débuts. Dans le monde d'après, la défense n'est plus un secteur cyclique... c'est de nouveau un pilier stratégique des États. Et les investisseurs ont compris que cette nouvelle réalité géopolitique réécrit durablement les règles en Bourse.

Demain à la Une : -0,25%

On vous en a beaucoup parlé ces derniers jours, et en particulier hier soir. La séance de demain sera focalisée sur la Fed. La Banque centrale américaine devrait baisser ses taux de 0,25%, ramenant son taux directeur à 3,75%. Les investisseurs tablent à environ 90% sur ce scénario. Dans le cas contraire, la déception devrait être lourde en Bourse... Le marché attend également les prévisions économiques et des précisions sur les futures baisses de taux de l'institution. Verdict à 20h ! Côté entreprises, Oracle, le géant américain du digital, publiera ses résultats trimestriels.

Le lexique : les produits structurés

Les produits structurés sont des instruments financiers qui combinent plusieurs actifs (obligations, options, dérivés) et offrent un rendement spécifique en fonction de scénarios de marché prédéfinis. Ils permettent d'ajuster le couple rendement/risque en intégrant des mécanismes de protection partielle du capital, de participation à la performance d'un sous-jacent (indice, action, taux...) et des conditions de remboursement adaptées aux objectifs de l'investisseur.