Les marchés : Un fragile retour au calme
La Bourse de Paris retrouve un peu de sérénité. Le CAC 40 progresse de 1,07% ce mercredi et clôture à 8 060 points, effaçant en grande partie les pertes provoquées en début de semaine par la démission surprise de Sébastien Lecornu. Le Premier ministre démissionnaire multiplie les consultations politiques dans l'espoir de trouver une issue à la crise. Après la droite et le centre mardi, c'était au tour des partis de gauche d'être reçus aujourd'hui à Matignon.
Les marchés parient sur une sortie de crise à court terme. Selon plusieurs sources, Sébastien Lecornu pourrait sauver son poste en suspendant la réforme des retraites, une concession qui garantirait le vote du budget 2026 par les socialistes... Dans son allocution ce matin, le Premier ministre s'est voulu rassurant, évoquant une “convergence” pour parvenir à un accord budgétaire avant le 31 décembre. Il a également souligné l'engagement commun des partis à maintenir le déficit public sous la barre des 5% du PIB l'an prochain, un message bien reçu par les marchés.
Ailleurs en Europe, Francfort grimpe aussi, malgré un net repli de la production industrielle allemande en août (-4,3%), plombée par un effondrement de 18,5% de l'activité dans le secteur automobile. BMW a même lancé un avertissement sur ses bénéfices, accentuant les inquiétudes autour du moteur industriel de la zone euro.
Outre-Atlantique, Wall Street reste dans une dynamique haussière. Le S&P 500 et le Nasdaq gagnent environ 0,5%, soutenus par les valeurs technologiques et l'enthousiasme persistant autour de l'intelligence artificielle. Mais la hausse historique de l'or, au-delà des 4 000$ l'once, traduit un regain de prudence d'une partie des investisseurs qui cherchent à se protéger face à un contexte géopolitique et économique plus incertain que jamais...
Les valeurs : Les bancaires, Legrand et Voyageurs du Monde
Les bancaires C'est loin d'être gagné mais le marché a anticipé aujourd'hui un accord budgétaire en France. Les taux des obligations d'État françaises ont baissé, grâce à cet espoir de compromis budgétaire d'ici la fin de l'année. Le rendement de l'OAT à 10 ans recule à 3,51%, son plus bas niveau depuis mi-septembre, tandis que le Bund allemand de même maturité évolue à 2,68%. L'écart entre les deux taux s'est ainsi resserré à 83 points de base (0,83%).
Ce reflux intervient après plusieurs séances tendues, marquées par la démission de Lecornu, cinquième chef de gouvernement en moins de deux ans. Ce dernier s'est montré légèrement optimiste sur la possibilité d'un accord budgétaire, réduisant le risque de nouvelles élections législatives. Mais restons prudents ! Le mouvement de détente reflète aussi des rachats de positions vendeuses et ne modifie pas les inquiétudes structurelles liées au déficit public français. La prime de risque sur la dette française reste ainsi parmi les plus élevées de la zone euro. Dans ce contexte, Société Générale (+2,1%), Crédit Agricole (+1,1%) et BNP (+0,8%) retrouvent quelques couleurs.
Legrand Premier du CAC 40 ce soir, Legrand gagne 3,56% à 146,95€ (+59% en 2025). Le groupe prend le contrôle de Cogelec via l'acquisition de la société Cogelec Développement qui détient 60% du capital et 75% des droits de vote du spécialiste du contrôle d'accès. L'opération s'est faite sur la base de 29€ par action, valorisant ainsi le groupe vendéen à près de 180 millions d'euros. Legrand prévoit désormais de déposer une offre publique d'achat simplifiée pour acquérir le reste du capital au même prix, avant un éventuel retrait de la cote. La gouvernance de Cogelec a été remaniée pour refléter cette prise de contrôle : quatre représentants de Legrand rejoignent le conseil d'administration, aux côtés de trois membres historiques.
Voyageurs du Monde L'action Voyageurs du Monde grimpe de 5,70% à 167€, portant sa hausse à 15% depuis janvier. Le spécialiste du voyage sur mesure rassure les investisseurs avec de bons résultats. Son chiffre d'affaires a augmenté de près de 10% à 317 millions d'euros, porté par la forte demande pour les séjours personnalisés et d'aventure. Le groupe améliore aussi sa rentabilité, avec un résultat brut en hausse de 15% à 11 millions d'euros et un bénéfice net en progression de 4% à 5,7 millions d'euros. Le groupe prévoit une croissance annuelle d'environ 7% et poursuit son expansion à l'étranger. Après le Canada et le Royaume-Uni, il ouvre une agence en Suisse alémanique et vise d'autres pays européens. Le bureau d'analyse Oddo BHF, toujours confiant, recommande d'acheter l'action et a relevé son objectif de cours à 186€, estimant que le titre éligible au PEA-PME reste bien positionné sur un marché du tourisme haut de gamme, même dans un contexte international incertain.
La recommandation du jour : Nouvelle opération de long terme
Du mouvement dans notre sélection de long terme ! Ce mercredi, notre opération sur Novartis a atteint son objectif. Depuis son ouverture en avril 2022, elle a généré *, dividendes inclus et de 24,70%* en 2025. Nous avons aussi clôturé notre opération sur Virbac, ouverte il y a un an. Le titre s'est révélé décevant et nous ne croyons plus en son potentiel : +1,39%* cette année, -14,48%* depuis son ouverture. Surtout, nous avons envoyé à la Communauté Bourse Privée de long terme, avec un potentiel de gain de plus de 25%. Comme la semaine dernière, nous visons un grand groupe allemand. Le modèle de notre cible est basé sur le cloud et un système d'abonnements qui lui assurent des revenus récurrents. Enfin, d'ici la fin de la semaine, nous vous enverrons deux recommandations de court terme. À suivre !
L'événement du mercredi : Avertissement de BMW
BMW rejoint la série noire des avertissements dans l'automobile européenne. Après Stellantis, Renault et Porsche, le géant allemand a à son tour abaissé ses prévisions aujourd'hui, provoquant une chute de plus de 8% de son titre à la Bourse de Francfort. Le constructeur anticipe désormais une marge opérationnelle (voir lexique) comprise entre 5 et 6% pour sa division automobile en 2025, contre 5 à 7% auparavant, et un rendement des capitaux de 8 à 10%, contre 9-13%. Deux facteurs expliquent ce coup d'arrêt : la faiblesse persistante du marché chinois, où les constructeurs allemands peinent face à la concurrence locale, et le décalage du remboursement de surtaxes douanières espérées pour 2025, désormais attendu en 2026.
Les autorités américaines et allemandes doivent en effet rembourser plusieurs centaines de millions d'euros à BMW et ce report a conduit le groupe à diviser par deux sa prévision de flux de trésorerie, à 2,5 milliards d'euros. Les autres titres automobiles européens ont suivi le mouvement. Volkswagen et Mercedes-Benz reculent respectivement de 2% et 2,6%, tandis que Renault perd 1,8%. Malgré ces difficultés, plusieurs bureaux d'études conservent une note d'espoir. La future architecture de véhicules “Neue Klasse”, dont les premiers modèles électriques sont attendus en 2026, pourrait marquer un tournant technologique majeur pour BMW et redonner du souffle au constructeur munichois. En Bourse, son action préserve 7% de gain depuis le début de l'année.
Le monde d'après : Verisure sonne la cloche
2025 continue de sourire à la Bourse de Stockholm. Le spécialiste des systèmes d'alarme Verisure a signé la plus grosse introduction en Bourse européenne depuis Porsche en 2022, levant 3,2 milliards d'euros. Le titre a bondi de près de 18% pour sa première séance, valorisant Verisure à 13,7 milliards d'euros. L'opération détrône un record vieux de 25 ans dans la capitale suédoise, celui de Telia en 2000. Verisure, présent dans 17 pays et numéro un européen des services de sécurité connectée, compte utiliser les fonds pour renforcer son bilan, refinancer sa dette et finaliser l'acquisition du mexicain ADT Mexico.
Entre 2014 et 2024, la société a triplé sa base de clients et multiplié par cinq son résultat opérationnel, s'appuyant sur un modèle d'abonnements récurrents qui assure 90% de ses revenus. Cette opération confirme le leadership de la Suède dans les IPO européennes, grâce à un marché boursier soutenu par une forte participation des investisseurs particuliers. Après les introductions réussies de Noba Bank et Asker Healthcare, Stockholm s'impose plus que jamais comme le cœur battant de la finance nordique.
Demain à la Une : La prochaine étape...
Sébastien Lecornu s'exprimera ce soir au journal télévisé de France 2. Sa prise de parole sera suivie de près, on devrait être fixé sur la prochaine étape de la crise politique : formation d'un nouveau gouvernement, ou dissolution de l'Assemblée. Du moins, en théorie... En ce qui concerne le calendrier économique de demain, il est une nouvelle fois allégé par l'absence de données américaines. La BCE publiera le compte-rendu de sa dernière réunion de politique monétaire et Jerome Powell, le président de la Fed, s'exprimera lors d'un discours assez peu attendu par Wall Street. Enfin, la publication des résultats trimestriels de LVMH est repoussée au 14 octobre. On reviendra bien sûr demain soir sur les temps forts qui auront réellement animé la séance.
Le lexique : La marge opérationnelle
La marge opérationnelle est un indicateur financier qui mesure la rentabilité d'une entreprise sur son activité principale, avant la prise en compte des charges financières et des impôts. Exprimée en pourcentage, elle se calcule en divisant le résultat opérationnel (ou bénéfice d'exploitation) par le chiffre d'affaires. Plus la marge opérationnelle est élevée, plus l'entreprise est efficace dans la gestion de ses coûts par rapport à ses revenus.