Les marchés : Prudence avant la Fed
Après six séances consécutives de hausse, la Bourse de Paris a marqué une pause. Le CAC 40 recule de 1% pour terminer à 7 818 points. Rien d'alarmant, l'indice a déjà effacé les pertes enregistrées fin septembre lors de l'annonce du vote de confiance de François Bayrou. Mais la prudence domine à l'échelle mondiale, car tous les regards se tournent vers la Réserve fédérale américaine. La banque centrale tient en ce moment une réunion de deux jours, qui devrait déboucher demain sur la première baisse de ses taux d'intérêt depuis décembre 2024.
Côté politique internationale, Washington et Pékin viennent de conclure un accord de principe sur TikTok. La plateforme devrait passer sous pavillon américain, un compromis que Donald Trump et Xi Jinping finaliseront vendredi. Ce dossier sensible est aussi un symbole. Derrière l'application star, ce sont surtout les tensions technologiques et stratégiques entre les deux superpuissances qui continuent de peser.
Sur le plan économique, les chiffres publiés aux États-Unis entretiennent le débat sur l'inflation. Les prix à l'importation ont progressé de 0,3% en août, après +0,2% en juillet. Une hausse modérée, mais inattendue, qui laisse entrevoir des tensions à venir sur les prix intérieurs. Sur un an, ces prix sont restés stables, après trois mois consécutifs de recul. Le paradoxe est là. D'un côté, les prix à la production baissent, les entreprises absorbent une partie du choc des droits de douane, de l'autre, les prix à la consommation repartent légèrement à la hausse. Un cocktail qui complique la tâche de la Fed, prise en étau entre ralentissement économique et risque inflationniste.
Les valeurs : BNP Paribas, Vusiongroup et Guerbet
BNP Paribas - Le mastodonte bancaire français revoit ses ambitions à la hausse, mais le marché reste prudent. Le titre recule de 1,78% ce soir à 78,95€, malgré la présentation d'objectifs financiers ambitieux pour les prochaines années. La banque a confirmé viser plus de 12,2 milliards d'euros de bénéfice net en 2025 et un retour sur fonds propres de 12% en 2026, avant de monter à 13% en 2028 dans le cadre de son futur plan stratégique. Si ces annonces traduisent la confiance du management, les investisseurs préfèrent prendre leurs bénéfices. Le groupe met en avant la solidité de sa banque de financement et d'investissement ainsi que l'amélioration attendue de la rentabilité de ses activités de crédit à la consommation. Le marché attend désormais la publication des résultats du troisième trimestre, le 28 octobre, pour juger de la trajectoire de croissance confirmée par le groupe. Depuis le début de l'année, le titre progresse de près de 35%.
Vusiongroup - Vusiongroup s'envole de 13,68% à 241€ après la publication de résultats semestriels spectaculaires et le relèvement de ses objectifs pour 2025. Le spécialiste des étiquettes électroniques et des solutions digitales pour les magasins affiche une rentabilité en forte hausse et anticipe désormais un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d'euros cette année, contre 1,4 milliard prévu auparavant. Cette dynamique est portée par le succès de ses activités aux États-Unis, où Walmart déploie massivement ses solutions, mais aussi par la montée en puissance des services et logiciels, plus rentables que les étiquettes. Pour les investisseurs, ce cocktail de croissance, de marges améliorées et de perspectives renforcées confirme Vusiongroup comme l'une des valeurs technologiques françaises les plus prometteuses. Depuis le début de l'année, le titre progresse de près de 33%.
Guerbet - Le spécialiste de l'imagerie médicale chute de 22,96% à 14,90€ ce soir après avoir abaissé ses prévisions pour 2025. Le groupe s'attend à présent à une légère baisse de son chiffre d'affaires et à une rentabilité réduite de 12–13% contre plus de 15% initialement visés. Cette révision s'explique par plusieurs difficultés. D'une part un marché français perturbé par une réforme, des prix sous pression et d'autre part une clientèle moins favorable aux États-Unis et un problème technique sur l'un de ses sites américains, désormais réglé. Malgré ces obstacles, Guerbet reste confiant pour l'avenir grâce à deux produits prometteurs, Elucirem et Lipiodol. Mais la Bourse n'a pas attendu. Les analystes ont revu leurs prévisions à la baisse et l'action subit sa plus forte chute depuis plusieurs années. Depuis le début de titre éligible au PEA-PME cède près de 44%.
La recommandation du jour : Valeur refuge à potentiel !
Danone renoue avec la confiance des marchés en 2025, avec un gain de 17% depuis le début de l'année. Le géant de l'alimentation affiche une croissance solide de ses ventes (+4,2%) et améliore ses marges. Cette bonne dynamique vient en particulier de la Chine, où les produits de nutrition spécialisée, comme le lait riche en protéines, se vendent très bien. Face à ces résultats encourageants, le bureau d'analyse Jefferies a changé d'avis sur le titre. Il recommande désormais d'acheter l'action Danone, alors qu'il était plus prudent auparavant. Il a aussi revu à la hausse son objectif de cours, le passant de 62€ à 84€, ce qui représente une belle perspective de gain pour les investisseurs. La stratégie recentrée sur la santé, l'innovation et un meilleur mix produits offre à Danone une trajectoire de croissance qualitative et résiliente, idéale pour les investisseurs en quête de rendement et de visibilité dans un environnement macro incertain. Les dépenses marketing sont progressivement rationalisées, la demande reste soutenue dans les marchés clés, et la promesse d'une revalorisation à horizon 2026 semble désormais crédible. Ce titre figure dans notre portefeuille de valeurs défensives, en hausse de plus de 12,5%* depuis le début de l'année.
Le placement du mardi : Rebond des actions chinoises
La Bourse chinoise connaît un spectaculaire regain d'intérêt, avec un rebond de plus de 30% sur un an. Ce retour en force s'explique par une combinaison de facteurs. D'une part le soutien actif des autorités de Pékin avec la montée en puissance de l'innovation locale et d'autre part l'assouplissement des tensions commerciales avec Washington. Ce mardi, les marchés chinois ont terminé en légère hausse, stimulés par les discussions commerciales entre les deux puissances. Un consensus aurait même été trouvé concernant l'avenir de TikTok aux États-Unis et un échange direct entre Xi Jinping et Donald Trump est prévu vendredi. Ces signaux positifs renforcent la confiance des investisseurs internationaux.
Le monde d'après : 3 000 milliards pour Alphabet
Nouvelle étape historique à Wall Street. Alphabet, maison mère de Google, a franchi pour la première fois la barre symbolique des 3 000 milliards de dollars de capitalisation boursière. L'action a bondi de 4,5% hier, propulsant le groupe dans le club très fermé des géants valorisés au-delà de ce seuil, aux côtés de Nvidia, Microsoft et Apple. Ce record s'appuie sur une série de bonnes nouvelles. Un juge fédéral américain a validé la capacité du groupe à conserver le contrôle de Chrome et d'Android, écartant une menace majeure pour son écosystème. Côté business, la division cloud a affiché une croissance de 32% au deuxième trimestre, portée par ses puces maison et par le déploiement de son modèle d'IA Gemini, qui commence à convaincre le marché. Alphabet rejoint ainsi le peloton de tête des géants technologiques mondiaux, avec un moteur de croissance désormais clairement identifié : l'intelligence artificielle, qui transforme son cloud en un atout stratégique face à Microsoft et Amazon.
Demain à la Une : Jour de fed
Tous les regards se tournent vers la Réserve fédérale américaine, qui rendra demain soir sa très attendue décision de politique monétaire. Le comité entame aujourd'hui ses discussions, et les marchés s'attendent largement à une nouvelle baisse de taux face aux signes de faiblesse de l'emploi américain. L'annonce en elle-même ne serait pas une surprise, car les marchés l'anticipent depuis plusieurs semaines. Ce que les investisseurs scruteront de près, en revanche, c'est le fameux “dot plot”, ce graphique qui révèle les intentions de chaque membre de la Fed sur l'évolution future des taux. En clair, ce sera l'occasion de prendre la température de la banque centrale pour les mois à venir. La conférence de presse de Jerome Powell, prévue après la décision, pourrait donner le ton pour les marchés mondiaux. Si son discours confirme un virage plus dovish (voir lexique), c'est-à-dire accommodant, cela pourrait relancer la détente sur les taux et encourager la prise de risque. Mais attention, quand tout le monde s'y attend, les marchés peuvent choisir de “vendre la nouvelle”.
Le lexique : hawkish et dovish
L'adjectif « hawkish » est emprunté à l'anglais « hawk », qui signifie « faucon ». Dans le contexte économique, cela fait référence à une posture stricte et souvent agressive vis-à-vis de l'inflation. Une banque centrale hawkish est donc encline à augmenter les taux d'intérêt pour tempérer l'inflation et éviter que l'économie ne surchauffe. Cela peut ralentir l'investissement et la consommation en rendant les prêts plus coûteux pour les entreprises et les particuliers. Même si cette position peut être perçue comme moins favorable à la croissance à court terme, les décideurs « hawkish » sont généralement plus préoccupés par la stabilité des prix à long terme et la prévention des bulles économiques. À l'inverse, « dovish » dérive de « dove », qui signifie « colombe ». Une banque centrale dovish privilégie la croissance économique et est plus tolérante envers l'inflation, souvent disposée à maintenir des taux d'intérêt bas pour encourager l'emprunt et stimuler l'investissement et la consommation. Cette approche est adoptée dans l'espoir de réduire le chômage et de soutenir l'économie pendant les périodes de ralentissement ou de récession. Les critiques des politiques dovish mettent en garde contre les risques d'une inflation élevée et prolongée qui peut éroder le pouvoir d'achat et déséquilibrer l'économie sur le long terme.