Les marchés : Wall Street dans les nuages
La Bourse de Paris a perdu de son élan au fil de la séance. Le CAC 40 ne gagne plus que 0,15% à 7 761 points, contre +0,7% en début de journée. Les valeurs de la défense se sont distinguées, mais le souffle haussier est retombé rapidement, signe d'un marché prudent avant les prochaines échéances politiques et économiques.
De l'autre côté de l'Atlantique, l'animation est plus vive. Oracle a électrisé Wall Street avec des résultats trimestriels supérieurs aux attentes, portés par le cloud et les projets liés à l'intelligence artificielle. Le titre bondit de plus de 40% dès les premiers échanges, entraînant le Nasdaq (+0,3%) et le S&P 500 (+0,4%) vers de nouveaux records. Une seule entreprise qui change la donne et voilà la puissance des GAFAM élargies. En toile de fond, la politique commerciale américaine continue d'alimenter l'incertitude. Donald Trump a confirmé mardi soir que Washington poursuivait ses discussions avec l'Inde pour réduire les barrières commerciales. Mais le président américain aurait en parallèle encouragé l'Union européenne à imposer des droits de douane de 100% à l'Inde et à la Chine pour accentuer la pression sur Moscou. Après avoir déjà relevé ses propres taxes sur l'Inde à 50% en raison des importations de pétrole russe, la Maison Blanche joue une nouvelle fois avec le feu du protectionnisme.
Les valeurs : Le secteur de la défense, Alstom et Lighton
Le secteur de la défense - Les valeurs de défense s'envolent ce mercredi, portées par l'annonce de la Pologne qui a abattu plusieurs drones russes ayant pénétré dans son espace aérien. Un incident inédit, dénoncé comme une « provocation à grande échelle » par le Premier ministre Donald Tusk, qui ravive les craintes d'une escalade du conflit ukrainien et pousse les investisseurs à se réfugier dans le secteur militaire. À la Bourse de Paris, Thales gagne 3%, Dassault Aviation 2,3%, tandis que le spécialiste de l'optique Exosens bondit de plus de 8,2%. Les investisseurs se tournent vers les valeurs de défense, jugées stratégiques en période de tensions géopolitiques. Le mouvement ne se limite pas à la France, BAE Systems (+2,2% à Londres), Leonardo (+2,3% à Milan) ou encore Rheinmetall (+3% à Francfort) s'inscrivent également en hausse.
Alstom - Alstom s'offre une bouffée d'air en Bourse. Le titre progresse de 6,8% à 21,06€ ce soir, même s'il reste en recul de 3% depuis le début de l'année. Le constructeur de trains a annoncé un contrat majeur de 1,1 milliard de dollars aux États-Unis, attribué par NJ Transit, la troisième agence de transport public du pays. L'accord porte sur la livraison de 200 voitures à deux étages et de 12 locomotives hybrides, destinées à remplacer un matériel vieillissant et à augmenter la capacité du réseau de plus de 12%. Ce succès s'ajoute à une série de commandes remportées ces dernières semaines, notamment en Nouvelle-Zélande et en Inde. En cumulant ces contrats, Alstom renforce sa présence sur plusieurs marchés clés et rassure les investisseurs sur sa trajectoire. Le groupe maintient ses objectifs de croissance pour l'exercice en cours, avec une progression attendue entre 3% et 5%, et laisse même entrevoir la possibilité d'un relèvement si la dynamique actuelle se confirme.
Lighton - Coup dur pour Lighton. Le titre chute de 12,45% à 8,23€ ce soir et affiche désormais un repli de 36% depuis le début de l'année. La société française, pourtant spécialisée dans l'intelligence artificielle, a reconnu qu'elle n'atteindra pas ses objectifs 2025. Au premier semestre, Lighton a vu son chiffre d'affaires progresser de 15% et ses ventes de licences pour Paradigm, sa plateforme d'IA générative destinée aux entreprises, ont été multipliées par cinq. Mais les contrats prennent plus de temps que prévu à se concrétiser, ce qui freine la croissance. Résultat, l'entreprise vise désormais un revenu annuel de 3 à 4 millions d'euros fin 2025, contre 6 millions espérés initialement. Une révision qui a fortement pesé sur le titre depuis son introduction en Bourse fin 2024.
L'événement du mercredi : bad news = good news
L'événement du jour, vous l'aviez deviné : les prix à la production américains. Publiés cet après-midi, ils ressortent en baisse de 0,1% en août, alors que le consensus attendait +0,3%. En rythme annuel, la progression ralentit nettement à 2,6% après 3,1% en juillet. Une surprise qui, dans le contexte actuel, fait figure de bonne nouvelle pour les marchés. Rappelez-vous, mardi, le Département du Travail avait déjà révisé à la baisse les créations d'emplois sur les 12 derniers mois, suggérant que le marché du travail américain n'est pas aussi solide qu'on le pensait. Ces deux signaux combinés renforcent le scénario d'un ralentissement progressif de l'économie américaine... et donc celui d'une Fed plus conciliante dans les mois à venir. Résultat, les marchés intègrent désormais à 90% une baisse de 25 points de base du taux directeur dès la réunion du 17 septembre. Les 10% restants misent même sur un geste plus fort de 50 points de base. La logique qui domine à Wall Street est toujours la même, bad news = good news. Plus les chiffres montrent un refroidissement, plus la probabilité d'un assouplissement monétaire grimpe.
Le monde d'après : +40% en une séance
Wall Street n'avait pas vu pareil spectacle depuis 1992. L'action Oracle bondit de plus de 40% en séance, ajoutant 230 milliards de dollars de capitalisation et frôlant à présent le club très fermé des 1 000 milliards. Le titre pourrait bientôt rejoindre les “Neuf Magnifiques”. À l'origine de cette euphorie, des prévisions hors norme pour sa division cloud, boostée par la demande exponentielle en intelligence artificielle. Oracle prévoit que ses revenus d'Infrastructure Cloud grimperont de 77% cette année à 18 milliards de dollars, avant d'atteindre 32 milliards en 2027 puis 144 milliards en 2030 ! Le carnet de commandes a littéralement explosé, 455 milliards de dollars, contre 180 milliards attendus par le marché. Grâce à des contrats géants avec OpenAI, Meta, Nvidia et AMD, Oracle ambitionne désormais de multiplier par huit ses revenus cloud d'ici cinq ans. Selon Morningstar, ces projections la placent sur la trajectoire de Google Cloud. Peu importe des résultats trimestriels légèrement inférieurs aux attentes, les investisseurs n'ont retenu qu'une chose : Oracle a changé de dimension. De retardataire du cloud, le groupe s'impose dorénavant comme un acteur central de la révolution IA. Reste à savoir si cette réinvention sera durable, mais le marché, lui, a déjà validé le pari. Pour les investisseurs, l'essor de l'intelligence artificielle constitue une opportunité stratégique. Le fonds Echiquier Artificial Intelligence mise sur les leaders mondiaux du secteur, dont Oracle, désormais propulsé au premier plan de la révolution IA.
Demain à la Une : Jour de verité monétaire
Demain, les investisseurs auront les yeux rivés sur deux grands rendez-vous économiques. Aux États-Unis, la publication de l'indice des prix à la consommation (IPC) donnera une nouvelle indication sur l'évolution de l'inflation. Un chiffre plus élevé que prévu pourrait faire dérailler les espoirs de baisse des taux d'intérêt. De l'autre côté de l'Atlantique, c'est en Europe que les regards se tourneront, avec le discours très attendu de Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, suivi d'une conférence de presse. Les marchés espèrent y déceler des indices sur la suite de la politique monétaire en zone euro. Une journée cruciale pour anticiper la direction des marchés !
Le lexique : IPC
L'Indice des Prix à la Consommation est un indicateur économique essentiel utilisé pour mesurer l'évolution moyenne des prix des biens et des services que les ménages consomment couramment au fil du temps. C'est une mesure essentielle de l'inflation ! Elle permet en effet de quantifier l'inflation en comparant les prix d'un panier de produits et de services représentatif à des périodes différentes. En surveillant l'IPC, les gouvernements, les banques centrales et les économistes peuvent évaluer les pressions inflationnistes, ajuster les politiques monétaires et budgétaires, ainsi que prendre des décisions éclairées concernant la stabilité économique et la politique monétaire.