En dépit du coût des catastrophes naturelles, Generali a vu son bénéfice net ajusté (hors exceptionnels) augmenter de 5,4% à 3,8 milliards d'euros. L'assureur a aussi enregistré un bénéfice opérationnel en hausse de 8,2% à 7,3 milliards d'euros, le plus élevé de son histoire, dépassant légèrement les attentes des analystes, selon le consensus compilé par Generali.

« Le groupe se trouve aujourd'hui dans la position la plus forte de son histoire, comme en témoignent nos résultats opérationnel et net ajusté record », a commenté jeudi Philippe Donnet, un polytechnicien français âgé de 64 ans. Le bénéfice opérationnel a été tiré par la gestion d'actifs (+22,6%) et l'assurance-vie (+6,6%).

Sous l'égide de Philippe Donnet, en poste depuis 2016, Generali a commencé à se concentrer davantage sur la gestion d'actifs pour diversifier ses sources de revenus, face au poids croissant des catastrophes naturelles.

Champion européen

Point culminant de cette stratégie, Generali et le gestionnaire d'actifs français Natixis Investment Managers ont signé en janvier un protocole d'accord pour créer un champion européen de la gestion d'actifs qui pèsera près de 1.900 milliards d'euros.

Malgré les nombreuses catastrophes naturelles, le segment dommages a vu son bénéfice opérationnel également augmenter, de 5,1%. Les pertes liées aux intempéries et inondations ont atteint 1,2 milliard d'euros en 2024, après 1,1 milliard d'euros en 2023.

Generali a confirmé les objectifs de son plan stratégique, dont une hausse du bénéfice par action de 8% à 10% par an et des dividendes cumulés de « plus de 7 milliards d'euros » d'euros sur la période 2025-2027. Le rendement total des actionnaires s'est accru d'environ 300% depuis novembre 2016, avait assuré M. Donnet en janvier.

Bataille de succession

Autant d'arguments que le patron de Generali compte mettre en avant dans la bataille pour sa succession que se livrent les principaux actionnaires du groupe, fondé en 1831 à Trieste, dans le nord-est de l'Italie.

L'assemblée générale des actionnaires censée trancher son sort a été avancée au 24 avril au lieu du 8 mai, ce qui donnera un peu moins de temps aux actionnaires frondeurs de préparer le terrain et augmenter le cas échéant leurs participations dans Generali.

Cette assemblée devrait voir s'affronter Mediobanca, premier actionnaire avec une part de 13,1%, et deux autres investisseurs qui avaient tenté en vain de renverser M. Donnet en mai 2022. Ces actionnaires, le magnat de la construction Francesco Gaetano Caltagirone (6,92%), et Delfin, la holding de Leonardo Del Vecchio, défunt fondateur de l'empire Luxottica (9,93%), pourraient proposer leur propre liste.

Assaut sur Mediobanca

Mediobanca soutient M. Donnet mais la banque d'affaires est la cible d'une offre de rachat de sa rivale Monte dei Paschi di Siena (MPS) qui est vue comme une opération visant à mettre en même temps la main sur Generali.

A la manœuvre, M. Caltagirone, réputé proche du gouvernement Meloni, et la holding Delfin, qui a porté sa part dans MPS à 9,78% début janvier, après en avoir acquis en novembre 3,5%, mis en vente par le ministère des Finances.

Allié de la famille Del Vecchio, M. Caltagirone avait racheté à cette occasion également 3,5%, une part qui est passée entre-temps à 5%. Pour compliquer la donne, Delfin est le premier actionnaire de Mediobanca avec 19,81%, alors que M. Caltagirone en détient 7,66%.

L'assaut de MPS, soutenu par le gouvernement, son premier actionnaire avec 11,7%, est survenu peu après la signature de l'accord entre Generali et Natixis Investment Managers.

Cette union est vue d'un mauvais œil par M. Caltagirone, Delfin et aussi le gouvernement, qui redoutent une perte de contrôle de Generali sur l'épargne nationale en cas de fusion avec des actifs français.

Pour départager les concurrents, c'est le bouillant patron d'UniCredit, Andrea Orcel, qui devrait jouer les arbitres : il a acquis 5,2% de Generali et pourrait aller au-delà pour peser dans la balance.