Pour les femmes seules avec un ou plusieurs enfants, l'achat de cadeaux et des courses nécessaires au repas de Noël représente un véritable défi budgétaire. Dans le cadre de la publication du premier Observatoire sur les budgets contraints, Emmaüs revient sur les difficultés financières des familles monoparentales et notamment à l'approche des fêtes de fin d'année.

L'association a ainsi interrogé 13 femmes. Parmi elles, Aurélie mère de deux enfants âgés de 12 et 22 ans : une fois les dépenses du foyer passées (logement, énergie, assurances, abonnements, transports) « c'est 200 euros par mois en tout et pour tout » et les colis alimentaires hebdomadaires sont « indispensables ».

Dans ces conditions, « ces montants et leur faiblesse rendent visible d'emblée le risque que représente pour l'équilibre budgétaire toute dépense supplémentaire et ce qu'il peut en coûter de faire plaisir aux enfants ou d'avoir à financer des moments de convivialité familiale », rappelle Emmaüs.

Pour la majorité des femmes interrogées, seules les dépenses alimentaires sont ajustables, une fois les prélèvements et autres dépenses obligatoires payées. Une autre mère, Laïla explique d'ailleurs qu'après la séparation, elle informait ses filles des contraintes budgétaires du mois à venir : « Ce mois-ci, on va s'habiller, mais on va manger un peu plus de pâtes et de choses comme ça. Et c'est déjà arrivé qu'on mange des pâtes pendant un mois complet parce qu'on n'avait plus rien », a t-elle témoigné.

« Il n'y a pas de fête. On mangera des pâtes tout simplement. Et puis voilà, on a déjà à manger dans l'assiette, et on fera avec »

Un Noel pas si festif

Alors dans ces conditions, comment fêter Noel ? Pour Aurélie et sa famille, : « il n'y a pas de fête. On mangera des pâtes tout simplement. Et puis voilà, on a déjà à manger dans l'assiette, et on fera avec ».

Les cadeaux seront utiles, « principalement des vêtements, mais aussi quelques éléments de décoration pour les chambres »

De son côté, Donia explique que le réveillon ne sera pas festif : « je ne le fais pas parce que je ne peux pas en fait. C'est difficile. Je ne peux pas acheter les cadeaux. Par exemple, là, ça fait le mois de novembre, j'avais le 22, l'anniversaire de la petite. En fait, il manquait une doudoune. J'ai acheté une doudoune pour le cadeau d'anniversaire. Je sais que ce n'est pas un cadeau, mais je n'avais pas le choix ».

Pour Manuella et ses deux enfants de 10 et 15 ans, les cadeaux seront utiles, « principalement des vêtements, mais aussi quelques éléments de décoration pour les chambres », notamment sur Shein et Vinted. « C'est moins cher que dans les magasins, malheureusement. Et même si je préfère des magasins, mais voilà, cette fois-ci, même ça, la précarité, ça implique de devoir aller sur Internet parfois », conclut-elle.

Toujours selon cette étude, 50% des personnes victimes de précarité sociale et économique sont des personnes seules dont 51% des femmes et 30% sont des familles monoparentales dont 91% sont des mères. Les aides sociales « amortissent les chocs et permettent dans certains cas d'éviter de basculer sous le seuil de pauvreté, mais ne garantissent plus une vie décente ».

L'endettement est souvent une « stratégie de survie », signe d'un déséquilibre économique durable. Les femmes, premières touchées par les contraintes budgétaires et, au sein d'un ménage, « se retrouvent plus souvent en charge de la gestion d'un budget contraint », relève encore l'Observatoire.