Violences économiques : plus d'une femme en couple sur quatre n'a pas de compte bancaire personnel

Selon une enquête menée fin octobre par l'Ifop pour le Crédit Mutuel Alliance Fédérale et la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF), plus d'une femme en couple sur quatre ne possède pas de compte bancaire personnel. Elles étaient 23% l'an dernier, elles sont désormais 28%, souvent sous la pression du conjoint ou par manque d'information sur leurs droits. Un recul net de l'autonomie financière, qui fragilise les femmes en couple.

Pourtant, l'immense majorité des femmes perçoit le compte personnel comme un outil indispensable : 58% l'associent à l'indépendance financière, 49% à une protection en cas de séparation et 41% à la possibilité d'épargner pour soi.

Près d'une femme sur trois n'a pas d'autres revenus que celui du conjoint

L'étude montre aussi à quel point, dans de nombreux foyers, la gestion de l'argent reste largement masculine. Près d'une femme sur cinq ne gère pas elle-même ses finances et 30% n'ont aucune autre source de revenus que ceux de leur partenaire. Pour les femmes victimes de violences, ce verrou financier est souvent l'un des plus difficiles à briser : sans compte personnel ni économies, il devient presque impossible de quitter le foyer ou de se reloger.

« Les femmes doivent comprendre les risques de ne pas s'occuper de leurs finances personnelles »

Les chiffres confirment l'ampleur du phénomène : 24% des femmes interrogées déclarent avoir déjà subi des violences économiques (confiscation d'argent, contrôle des dépenses, détournement d'épargne, etc...) Les jeunes femmes sont particulièrement touchées : chez les 18-35 ans, cette proportion grimpe à 37%. Parmi celles qui disent avoir subi ces pratiques, plus de la moitié expliquent avoir eu du mal à couvrir leurs besoins essentiels, et certaines se sont retrouvées en situation de surendettement ou d'interdit bancaire.

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Face à ce phénomène, l'étude souligne le rôle central que peuvent jouer les banques. Plus d'un tiers des femmes victimes de violences économiques s'est tourné vers son établissement bancaire pour demander de l'aide ou être orientée vers des solutions.

Pour répondre à cet enjeu, depuis le 1er juillet 2024, Crédit Mutuel Alliance Fédérale a mis en place un compte bancaire gratuit destiné aux femmes victimes de violences économiques. Ce compte, dont seules les bénéficiaires connaissent l'existence, vise à les aider à retrouver leur indépendance financière. Un compte à leur seul nom, non connu de leur conjoint et non rattaché au domicile conjugal afin d'assurer leur protection.

« Les banques ont un rôle à jouer dans l'émancipation financière des femmes. Le fait de pouvoir ouvrir un compte et de bénéficier gratuitement, pendant un an, de tous les outils de paiement de ce compte permet aux femmes victimes de violence d'aller vers l'autonomie financière en toute sécurité », explique Mine Günbay, directrice générale de la Fédération Nationale Solidarité Femmes, dans le communiqué.