L'essentiel

  • Peu de banques françaises ont de véritables offres de crypto-monnaies. Parmi les banques traditionnelles, Delubac&Cie fait office d'exception.
  • SG est une pionnière, ayant lancé une filiale pour le développement des activités de crypto-actif, tandis que BoursoBank et Fortuneo offrent un accès indirect aux cryptomonnaies.
  • Les règlementations PSAN, puis MiCA, redessinent le paysage et favorisent les établissements capables d'offrir sécurité, traçabilité et accompagnement, là où le marché a longtemps fonctionné sans garde-fous.

Les banques françaises sont-elles « crypto-friendly » ? Une chose est certaine, même en 2025 : parler de « banques crypto » reste souvent trompeur. Car entre les établissements qui communiquent sur le sujet, ceux qui se contentent de ne pas bloquer les virements vers les plateformes, et ceux qui ont réellement développé des offres et des infrastructures dédiées, l'écart est considérable. En France, rares sont les acteurs bancaires qui ont franchi le pas d'un engagement concret. Mais ils existent, avec des stratégies très différentes selon qu'ils s'adressent aux institutions, aux investisseurs particuliers ou aux entreprises.

SG Forge à l'assaut des stablecoins

Du côté des grands groupes, SG fait figure de pionnière, via sa filiale SG Forge. Créée pour développer des activités autour des actifs numériques, cette structure travaille sur des usages bien précis : tokenisation d'actifs financiers, conservation de crypto-actifs et émission de stablecoins. SG Forge a notamment lancé un stablecoin adossé à l'euro, l'EUR CoinVertible, destiné à faciliter des opérations financières sur blockchain dans un cadre réglementé.

Comme le rappelle le groupe sur son site, l'objectif n'est pas de proposer une offre crypto au grand public, mais de bâtir une infrastructure compatible avec les exigences bancaires et européennes, notamment celles du règlement MiCA. Une approche très institutionnelle, loin des applications de trading, mais qui montre que la crypto est désormais intégrée aux réflexions stratégiques de certaines banques traditionnelles.

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À l'inverse, les banques en ligne françaises avancent avec beaucoup plus de prudence. BoursoBank et Fortuneo sont souvent qualifiées de « crypto-friendly », mais cette expression mérite d'être nuancée. Aucune des deux ne propose aujourd'hui l'achat ou la conservation directe de cryptomonnaies.

Leur positionnement passe essentiellement par la Bourse : via un compte-titres, les clients peuvent accéder à des produits cotés indexés sur le Bitcoin ou l'Ether (ETN, ETP), sans jamais détenir de crypto-actifs en propre. Une solution qui permet de s'exposer aux performances du marché, tout en restant dans un cadre financier classique, mais qui n'ouvre pas la porte aux usages crypto à proprement parler : pas de wallet, pas de clés privées, pas de transactions sur blockchain. Mais la donne pourrait bientôt changer. Selon plusieurs sources citées par Tradingview, Fortuneo réfléchirait sérieusement à ouvrir l'investissement crypto à ses clients.

Des « comptes crypto » adossés à une offre bancaire classique

Entre ces deux modèles, certaines fintechs ont choisi une approche beaucoup plus directe, à commencer par Revolut. Très utilisée en France, la néobanque propose depuis plusieurs années l'achat, la vente et la détention de cryptomonnaies directement dans son application. Revolut communique aussi sur le renforcement de son cadre réglementaire en Europe, afin de continuer à proposer ces services sous le régime MiCA.

Dans un registre proche, mais avec une philosophie différente, Deblock tente de faire le lien entre univers bancaire et crypto. L'acteur met en avant un portefeuille non-custodial, où l'utilisateur conserve ses clés, tout en proposant des services de paiement et un compte adossé à une structure régulée. Une promesse qui séduit une partie des utilisateurs avertis, mais qui suppose aussi une certaine autonomie et une bonne compréhension des risques liés à la gestion directe de ses crypto-actifs.

L'exception Delubac&Cie

Le cas le plus singulier reste sans doute la banque Delubac&Cie. Banque centenaire et indépendante, Delubac a fait le choix d'intégrer la crypto au cœur de son offre bancaire, et non comme un simple produit annexe. « Nous n'avons pas voulu être un exchange, mais une banque qui apporte un cadre sécurisé à la détention et à l'usage des crypto-actifs », explique Édouard Belliard, directeur du développement et de l'offre crypto de la banque.

Concrètement, Delubac propose à ses clients un compte bancaire couplé à un wallet crypto, avec une ségrégation stricte des actifs : les cryptomonnaies restent la propriété du client et ne sont pas utilisées par la banque. Un point clé, alors que de nombreux investisseurs ont été échaudés par les faillites et piratages de plateformes ces dernières années.

« Beaucoup de banques refusent encore les fonds issus de la crypto faute de pouvoir en vérifier l'origine. »

Delubac met aussi en avant son expertise sur la traçabilité des flux et la conformité réglementaire. Enregistrée comme prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) auprès de l'AMF, puis titulaire de l'agrément MiCA qui renforce le cadre autour des actifs numériques, la banque revendique sa capacité à sécuriser les allers-retours entre euros et crypto, y compris pour des montants significatifs. « Beaucoup de banques refusent encore les fonds issus de la crypto faute de pouvoir en vérifier l'origine. C'est précisément là que nous intervenons », souligne Édouard Belliard. La banque travaille également sur les usages professionnels, notamment le recours aux stablecoins pour des entreprises opérant dans des zones où les monnaies locales sont peu liquides.

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Au final, toutes les banques ne « misent » pas sur la crypto de la même manière. Certaines bâtissent des infrastructures lourdes pour les marchés financiers, d'autres offrent un accès indirect via la Bourse, tandis que quelques acteurs font le pari d'une intégration bancaire complète. Pour les clients, l'enjeu est de comprendre ce qui se cache derrière les promesses : détention réelle ou non des crypto-actifs, niveau de protection, cadre réglementaire et usages concrets. Car en matière de crypto, plus encore qu'ailleurs, la différence entre le discours et la réalité peut coûter cher.

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