Les prix négatifs, c'est-à-dire les heures durant lesquelles l'électricité est vendue sur les marchés à des prix en dessous de zéro, correspondent « généralement à une surabondance d'offre d'électricité par rapport à la demande », explique la CRE dans son rapport. « L'équilibre offre-demande reflète alors le fait que les producteurs acceptent de payer pour produire », ajoute-t-elle.

Une bonne nouvelle pour les consommateurs ? Pas forcément. « S'agissant des consommateurs, les prix négatifs représentent en théorie un gain (baisse des prix spot, et potentiellement des prix à terme), mais celui-ci est susceptible d'être compensé par d'autres mécanismes si la rentabilité des installations de production n'est plus suffisante (augmentation des prix sur le mécanisme de capacité par ex., répercutés in fine au consommateur) », détaille la CRE

Certaines occurrences de prix négatifs sont « la conséquence d'une utilisation sous-optimale du parc de production installé, du fait notamment de modalités particulières de certains dispositifs de soutien aux énergies renouvelables (EnR) », estime la CRE. « Dans ces situations, les heures à prix négatifs engendrent une perte économique pour la collectivité », ajoute-t-elle en proposant des incitations à l'arrêt des installations soutenues.

Autres solutions mises sur la table : « Le stockage (batteries par ex.) et la flexibilité de la demande (notamment incitée via une meilleure adéquation entre le placement des heures creuses et les besoins du système électrique). »

Electricité : on en sait plus sur les nouvelles heures pleines et heures creuses

Une perte d'environ 80 millions d'euros

Selon le régulateur de l'énergie, les heures à prix négatifs ont représenté 235 heures au premier semestre 2024, soit 5,4% du temps, contre 147 heures en 2023 (1,7% du temps) et jamais plus de 102 heures par an jusqu'en 2022 (soit 1,2 % du temps).

La CRE estime, « à titre d'illustration », que cela représente une perte d'environ 80 millions d'euros pour le parc français au premier semestre. Ce montant correspond à « une valorisation sur le marché spot de la production observée en heures de prix négatifs par le parc français ». Il concerne les producteurs non soutenus qui maintiennent un certain niveau de production lors des heures à prix négatifs car le coûts des arrêts-démarrages de leurs installations sont importants.