Total avait préparé les esprits : dans une note d'indicateurs avant ses résultats, il avait prévenu que la baisse des cours devrait peser sur les résultats de sa branche reine de l'Exploration-Production. TotalEnergies a vu son chiffre d'affaires reculer sur un an de 7,6% à 49,6 milliards de dollars au 2e trimestre. Le titre est sanctionné à la bourse de Paris ce jeudi matin avec un repli de 2,1% à 52,29 euros. Seul STMicroelectronics fait pire avec une chute de plus de 10%.
Le groupe fait valoir qu'en dépit d'« un prix du brut en baisse de 10% », ses flux de trésorerie (cash flow, NDLR) ont diminué « de seulement 5% » notamment « grâce à la croissance de sa production d'hydrocarbures » au 2e trimestre.
Les marchés pétroliers ont connu des derniers mois fébriles entre l'incertitude sur la situation économique mondiale avec la guerre commerciale lancée par l'administration Trump à coûts de hausse de droits de douane, l'escalade des tensions au Moyen-Orient et la réouverture des vannes de la production de l'Opep+ pour doper une demande atone. Le brent s'est effondré à 67,9 dollars le baril en moyenne au 2e trimestre, contre 85 dollars un an plus tôt.
A cela s'ajoute le recul des cours et une moindre volatilité sur le marché mondial du gaz liquéfié, devenu indispensable à bien des pays depuis la guerre en Ukraine, qui ont rogné les marges de l'entreprise dans ses activité de négoce.
Pour autant, TotalEnergies estime avoir « poursuivi avec succès l'exécution de sa stratégie multi-énergies équilibrée, s'appuyant sur une croissance soutenue de sa production d'hydrocarbures et d'électricité ».
Sa production de pétrole a augmenté « de plus de 3% sur un an » grâce au démarrage du champ de Ballymore, aux Etats-Unis, dans le golfe du Mexique, ainsi que de celui de Mero-4, au Brésil, avec un trimestre d'avance.
La hausse est conforme aux objectifs du groupe qui avait prévu une croissance de sa production d'hydrocarbures d'environ 3% par an jusqu'en 2030 et même au-dessus de 3% en 2025 et 2026, contre une augmentation de 2% à 3% par an jusqu'en 2028 prévue auparavant.
Electricité plus rentable
Sous le feu des critiques pour ses investissements continus dans les énergies fossiles, le groupe répète que le pétrole et le gaz sont encore nécessaires pour répondre à la demande d'énergie mondiale, notamment des pays émergents et financer les investissements dans les renouvelables.
Au milieu des revirements sur la transition énergétique annoncés par ses concurrentes européennes Shell et BP, le groupe s'emploie lui à se démarquer en montrant qu'il est « devenue la société la plus engagée dans la transition énergétique parmi les majors » et qu'il « maintient le cap » dans les renouvelables, une activité de plus en plus rentable. Il compte atteindre une rentabilité sur capitaux investis de 12% dans l'électricité - contre 10% aujourd'hui - autant que pour le pétrole et le gaz sur la base d'un baril de brut à 60 dollars.
Ces investissements doivent lui permettre d'atteindre en 2030 100 TWh de production électrique, de quoi couvrir autant que ce que consomme les Pays-Bas. Cette électricité sera produite à 70% à partir d'éolien ou de solaire et à 30% à partir d'actifs « flexibles » tels que les centrales à gaz, une énergie fossile que le groupe met en avant pour compenser l'intermittence des renouvelables en l'absence de soleil et de vent. Sur le semestre, sa production d'électricité a atteint 23 TWh, en hausse de plus de 20% sur un an.