Instaurée la première fois en 1956, la trêve hivernale suspend les expulsions locatives entre le 1er novembre et le 31 mars, offrant chaque année un répit à des milliers de foyers modestes en France.

« La situation est inédite : 24 000 ménages, soit environ 50 000 personnes, ont été expulsés par les forces de l'ordre en 2024 », a déclaré le délégué général de la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-fondation abbé Pierre) Christophe Robert, lors d'une action de sensibilisation organisée place du Palais Royal à Paris.

Logement : 5 questions sur les droits des propriétaires et des locataires durant la trêve hivernale

« Des chiffres qui font froid dans le dos »

« Ces chiffres inédits dépassent le précédent record de 2023 qui avait déjà approché les 20 000 ménages expulsés en un an », a-t-il alerté, évoquant « des chiffres qui font froid dans le dos ». Un cri d'alarme partagé par la plateforme Logement pour tous qui compte notamment dans ses rangs la CGT, le Droit au logement ou encore Solidaires.

« Jamais depuis 50 ans, il n'y a eu autant de locataires menacés d'expulsion à l'approche de la fin de la trêve hivernale, ni autant de demandes HLM (2,6 millions), de mal-logés (4,2 millions), ni autant de sans-abris (350 000) », s'alarme la plateforme dans un communiqué.

Or, les conséquences de ces expulsions sont dramatiques tant sur la sphère professionnelle, familiale, sociale, scolaire que sur la santé mentale et physique des personnes qui y sont confrontées, soulignent les associations. Selon une étude de la Fondation pour le logement des défavorisés, un tiers des personnes expulsées se retrouvent ainsi sans aucune solution pérenne de relogement « et ce, 1 à 3 ans après leur expulsion ».

Dédommager les propriétaires

« C'est pour certains se retrouver chez des amis, sur le canapé du salon, mais aussi pour d'autres qui n'ont pas le choix, se retrouver à dormir dans sa voiture, ou même à la rue », a souligné Christophe Robert. « Depuis de nombreuses années, nous appelons à des mesures offensives pour soutenir les ménages et éviter ces situations dramatiques, en vain », a-t-il déploré.

La Fondation pour le logement appelle les pouvoirs publics à « lancer un plan de prévention » associant tous les acteurs, à renforcer « les aides au maintien dans le logement » et à augmenter le fonds d'indemnisation des propriétaires « qui permet de les dédommager quand les préfets décident de différer l'expulsion ». Sollicité par l'AFP, le ministère du Logement n'avait pas répondu dans l'immédiat.