« C'est un enjeu majeur d'intérêt général. La situation actuelle est catastrophique », déclare Nicolas Beraud qui est également président de l'Association française des jeux en ligne, dans un entretien à La Tribune Dimanche.
« Une étude de l'Autorité nationale des jeux montre que quatre millions de Français fréquentent des sites illégaux, contre un million en 2019. Ces joueurs ne sont pas protégés : personne ne contrôle leur âge ni leur identité, aucune limite n'est fixée, ni aucune interdiction. L'argent part dans des paradis fiscaux, cela encourage la cybercriminalité », dit-il.
Il estime que la légalisation des casinos en ligne fera disparaitre les plateformes illégales, comme cela a été le cas, dit-il, « au Portugal, en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas... ». Les résultats en Allemagne sont moins probants car « la réglementation y reste trop restrictive », avec « des temps d'attente longs » et « une offre limitée ».
Interrogé sur le risque de créer des addictions aux jeux en ligne, Nicolas Beraud rétorque que « personne ne se préoccupe de ces quatre millions de joueurs qui fréquentent les sites illégaux de casinos en ligne ». « En les ramenant dans un marché régulé, on les protégera par la loi », assure-t-il. « Des mesures supplémentaires de protection sont peut-être envisageables mais il faut bien avoir un cadre légal pour pouvoir agir ».
Quant aux craintes des casinos « physiques » de voir leurs clients les délaisser au profit des casinos en ligne, le fondateur de Betclic pense que « l'impact ne sera pas significatif puisque le marché existe déjà, sous une forme illégale ». Et « les clients qui vont dans les casinos réels ne sont pas les mêmes que ceux qui sont devant leur écran. C'est une population plus âgée. L'expérience est très différente », ajoute-t-il.
La Fédération Addiction, qui regroupe les acteurs de la prévention et du traitement des addictions, a vertement critiqué cette semaine l'amendement au projet de budget 2025 visant à légaliser les casinos en ligne et a appelé à son retrait. Elle le juge « irresponsable et contraire aux priorités de santé publique ».
En déposant cet amendement le 19 octobre, le gouvernement a affirmé vouloir « limiter l'impact sur la santé publique des consommateurs de jeux en ligne » et « contrôler cette offre de jeux qui ne cesse de croître ».