Comment est calculée la revalorisation annuelle Agirc-Arrco ?

Tous les éléments pris en compte dans la formule de calcul sont connus. Et ce depuis début septembre, à la suite de la publication par l'Insee de sa prévision d'inflation annuelle hors tabac, valeur clé pour la revalorisation de la complémentaire Agirc-Arrco. Annoncée à 0,9% en juin dernier, l'inflation « hors tabac » est finalement attendue à 1%, ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour les 14 millions de pensionnés du régime, comme l'écrivait MoneyVox le 11 septembre dernier.

Selon la formule présente dans l'accord national interprofessionnel du 5 octobre 2023, qui régit l'Agirc-Arrco, la stricte application de la formule revient à 0,6%, mais la fourchette de revalorisation de la pension Agirc-Arrco va de 0,2% à 1%. Charge ensuite aux syndicats et aux organisations patronales qui copilotent ce régime complémentaire de s'accorder, dans le cadre de cette fourchette.

Pourquoi le patronat et les syndicats ne sont pas d'accord ?

Chaque année ou presque, le patronat argumente pour la fourchette basse et les syndicats pour la fourchette haute. L'an passé, un désaccord du patronat avec la hausse de 1,6% avait publiquement été exprimé, le Medef ayant souhaité un taux de 1,5%. Mais la situation semble bien plus tendue cette année, le conclave avorté sur les retraites et l'actualité brûlante de la suspension de la « réforme Borne » semblant envenimer une négociation déjà peu aisée.

« On pourrait même aller à 1% sans difficulté »

La négociation Agirc-Arrco devient ainsi un symptôme de la tension environnante sur les retraites, la CFDT se félicitant par exemple de la suspension de la réforme pour « sortir du sujet éruptif ». Revenons à l'Agirc-Arrco. « Côté syndical, globalement l'idée est que la situation financière du régime complémentaire est suffisamment solide pour aller au-delà de 0,6%, sans mettre en péril la trajectoire financière de l'Agirc-Arrco », explique Régis Mezzasalma, conseiller confédéral retraite à la CGT et qui participe aux discussions paritaires. « On pourrait même aller à 1% sans difficulté », ajoute-t-il en faisant référence à une présentation des résultats financiers extrêmement favorable pour l'Agirc-Arrco lors des dernières réunions.

« On dispose d'une situation extrêmement favorable conjoncturellement. Profitons en pour engranger des noisettes pour l'avenir. Nous en aurons peut-être plus besoin que prévu »

Le patronat ne réfute pas la bonne santé financière de l'Agirc-Arrco. Mais l'idée serait de rivaliser de précaution face à l'incertitude actuelle : « Quid de l'exemplarité de l'Agirc-Arrco ? », commence par s'interroger Éric Chevée, vice-président et négociateur pour la CPME, en faisant référence au gel prévu dans les budgets 2026 pour les retraites de base. « Nous n'avons en effet actuellement pas de problème sur la règle d'or [toujours avoir au moins 6 mois d'avance de pensions complémentaires dans les caisses, NDLR]. On profite de l'inflation et de la hausse des taux d'intérêt, et aussi de la réforme des retraites [avec un recul de l'âge de départ, NDLR]. C'est une bonne chose ! On dispose d'une situation extrêmement favorable conjoncturellement. Notre position, c'est : profitons en pour engranger des noisettes pour l'avenir. Nous en aurons peut-être plus besoin que prévu vu le contexte. »

« Pour nous, la base de départ de négociation sera 0,2% », coupe Éric Chevée, de la CPME, qui évoque une position partagée dans les rangs patronaux. Une position qui fait bondir Régis Mezzasalma, de la CGT, n'entendant « pas du tout » l'argument de la précaution, et évoquant des « arguments fallacieux » du patronat.

« Ce serait une extrême prudence ! »

Les positions étant si tendues, le compromis évident serait-il de 0,6% ? Peut-être... mais cela ne ravirait ni un bord, ni l'autre ! « À réglementation constante [donc avec la suspension de la réforme des retraites, NDLR] et à 0,6% on aurait une augmentation des réserves bien au-delà de ce qui est prévu. Là, ce serait une extrême prudence ! »

Régis Mezzasalma rappelle, en outre, qu'une sous-indexation du point Agirc-Arrco, par rapport à l'inflation attendue à 1% sur l'année 2025, « impacte aussi les actifs » : « la valeur du point se déprécie si l'on ne suit pas l'inflation », et donc le niveau futur des pensions, à terme.

« Il y aura un accord »

Face à des positions contraires et une négociation tendue... que se passerait-il sans accord ?

Au sein de l'Agirc-Arrco, la règle est répétée à l'envi : en l'absence d'accord... ce serait zéro ! « Il y aura un accord », coupe Éric Chevée. Réponse ce vendredi 17 octobre.