Parmi les nombreux dispositifs de solidarité du système de retraite, figure une majoration de 10% de la pension pour les parents de trois enfants ou plus. En 2020, ce « bonus » se chiffrait « à 8,4 milliards d'euros, soit 2,9% du total des pensions de droit direct, et concernait 39,8% des pensionnés, pour un montant moyen par bénéficiaire de 105 euros par mois », explique la Drees en préambule d'une étude publiée ce jeudi 13 mars.
Mais en réalité, la somme versée à ce titre augmente proportionnellement selon le niveau de la pension. Cette situation profite donc davantage aux hommes, qui ont des retraites plus élevées que les femmes (1 964 euros brut en moyenne contre 1 668 euros, selon la Drees).
Ainsi, la majoration « ne contribue pas à la redistribution entre assurés selon leur niveau de pension et ne concourt pas à réduire les écarts de pension entre sexes : elle reproduit globalement les disparités de pension ». Afin de réduire les inégalités, le Conseil d'orientation des retraites (Cor) a demandé à la Drees d'établir trois simulations différentes, en changeant certains paramètres.
Retraite : votre nouvelle pension de l'Assurance retraite est-elle supérieure à la moyenne ?
Scénario A : les femmes aux revenus modestes davantage gagnantes
Explications. Dans ce scénario, une majoration forfaitaire (d'un montant de 150 euros minimum pour une liquidation en 2026) remplace la majoration proportionnelle, mais le périmètre d'application reste identique (femmes et hommes ayant au moins trois enfants). Ce forfait est également partagé au prorata de la pension versée par chaque caisse et le mode de revalorisation est indexé selon le salaire moyen par personne.
Résultats. Parmi les assurés nés en 1978, environ 17% seraient gagnants (au moins 1% de hausse de leur pension) et 11% perdants (au moins 1% de baisse). Dans le détail, 19,7% des femmes bénéficieraient de ce scénario, et plus particulièrement les 20% ayant les pensions de droit direct les plus modestes (32,3% seraient gagnantes). Au contraire, 14% des hommes seraient perdants, et nettement plus du côté des plus aisés (37%).
Montants de la pension. Elle augmenterait de 0,3% pour les femmes, à 1 673 euros brut mensuel, quand celle des hommes diminuerait dans les mêmes proportions, à 1 958 euros.
Scénario B : un gain pour 86% des femmes
Explications. Ce scénario consiste à reverser la majoration uniquement aux femmes et dès le premier enfant. Elle serait « de 3% pour un enfant, de 6% pour deux enfants et de 13% pour trois enfants ou plus, sans que la majoration ne puisse excéder 3 000 euros bruts par an en 2026 », détaille la Drees.
Résultats. Pour la génération 1978, cette simulation entraîne un gain de pension pour 86% des femmes. Ne sont pas concernées les femmes qui n'ont pas d'enfant, qui en ont au moins quatre et dépendent de la fonction publique, des régimes spéciaux ou de l'Ircantec ou qui subissent le plafonnement de la majoration.
Dans ce scénario, la pension moyenne des femmes représenterait 90,4% de celle des hommes, contre 84,9% selon la législation actuelle (soit un écart réduit de 5,5 points). Mais les inégalités subsisteraient : le rapport entre la pension des 20% des retraités les plus aisés et celle des 20% les plus modestes serait quasiment inchangé (0,2 point).
Montants de la pension. Elle augmenterait de 3,3% pour les femmes, à 1 723 euros brut par mois, et diminuerait de 3,3% pour les hommes, à 1 906 euros.
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Scénario C : un peu moins de gagnantes, mais une meilleure répartition en fonction des revenus
Explications. Ici, les scénarios A et B sont combinés, en versant la majoration seulement pour les femmes, mais selon un forfait qui dépend du nombre d'enfants. Le barème est de 40 euros par mois pour un enfant, 80 euros pour deux enfants et 160 euros pour trois enfants et plus. Il évolue au même rythme que le salaire moyen par tête.
Résultats. Pour les femmes nées en 1978, le fait de verser un forfait en fonction du nombre d'enfants, au lieu d'utiliser un montant proportionnel, diminue la proportion de gagnantes au moment de la retraite. 81,6% d'entre elles auraient un gain de pension d'au moins 1%. Mais à l'inverse du scénario précédent, la pension augmente beaucoup plus sensiblement pour les 20% les plus modestes : 83,2% d'entre elles ont une hausse d'au moins 10% (et même +20% pour une sur deux). Au contraire, parmi les plus aisées, presque aucune femme n'aurait une hausse de plus de 5%.
Par ailleurs, « le gain relatif de pension serait deux fois plus important pour les femmes avec deux enfants que pour celles en ayant un », analyse la Drees. Ce scénario se justifie car l'écart de rémunération entre les femmes et les hommes s'amplifie avec le nombre d'enfants. Il permettrait d'atténuer les importantes disparités.
Montants de la pension. Les femmes gagneraient, en moyenne, 3,9% sur leur pension à 68 ans (1 733 euros), alors que les hommes perdraient 3% (1 906 euros).