Sur proposition de Matignon, les partenaires sociaux se sont engagés dans trois mois de discussions visant à « améliorer » la réforme des retraites de 2023, qui a décalé l'âge légal de départ de 62 à 64 ans.
Dans sa lettre de mission, le Premier ministre François Bayrou a toutefois posé une « exigence »: un retour vers « l'équilibre financier » du système à horizon 2030, qui impose aux partenaires sociaux de trouver six milliards d'euros d'économies ou de nouvelles recettes.
Principale revendication des syndicats, un retour à 62 ans coûterait quelque 10,4 milliards d'euros supplémentaires à horizon 2030. Jeudi, la réunion a essentiellement porté sur l'emploi des seniors et le dispositif « carrières longues », mécanisme dérogatoire qui permet aux salariés ayant commencé leur carrière jeune de partir plus tôt, élargi lors de la réforme de 2023.
22% des départs « carrières longues »
Ce dispositif concerne aujourd'hui « 22% des départs » avec des bénéficiaires qui ont globalement une bonne espérance de vie et il s'est donc « éloigné de sa cible initiale », a dit à la presse la négociatrice du Medef, Diane Milleron-Deperrois, en sortant de la réunion.
L'organisation patronale voudrait donc « le recentrer » sur ceux qui ont réellement « commencé de manière précoce » et pas seulement effectué quelques trimestres (jobs d'été, étudiants) jeunes. « C'est un principe d'équité » mais aussi une « piste d'économie », a-t-elle défendu.
Les syndicats s'y opposent totalement. L'élargissement du dispositif « est l'un des rares points positifs de la réforme de 2023, qu'on n'a pas du tout l'intention de revoir », a tranché pour la CFTC Pascale Coton.
« On a dit qu'on fermait la porte à cette discussion-là », a aussi indiqué le négociateur de la CFDT, Yvan Ricordeau. Pour lui, le débat sur les carrières longues ne peut avoir lieu que la semaine prochaine, lorsque sera abordée la pénibilité.
Pour la CGT, le dispositif carrières longues doit au contraire être « amélioré », pour s'ouvrir aux personnes touchées par des périodes de chômage, d'arrêt de travail ou maladie professionnelle, qui en sont aujourd'hui souvent exclus car ils ne peuvent pas justifier d'une « carrière complète ».
La CPME estime elle que le dispositif est « coûteux » et qu'on peut « clairement économiser » en « le rendant plus équitable ». Ces économies pourraient être réutilisées pour améliorer les droits des salariés concernés par l'usure professionnelle, a suggéré le négociateur, Eric Chevée.