D'après une étude de la Caisse des dépôts publiée le 10 mars, 27,5% des affiliés à l'Ircantec (Institution de Retraite Complémentaire des Agents Non Titulaires de l'Etat et des Collectivités publiques) ne font pas valoir leurs droits à la retraite. Sur les 1,59 million d'affiliés, cela représente 437 000 personnes qui laissent leur pension complémentaire en suspens. Un constat préoccupant, d'autant que l'étude précise que ce taux de non-recours est « bien plus élevé que dans d'autres régimes de retraite », comme le rapporte Capital.
Contrairement aux fonctionnaires titulaires bénéficiant d'un régime de retraite spécifique, les agents non titulaires de la fonction publique – tels que les contractuels, vacataires ou auxiliaires – cotisent à l'Ircantec. Cependant, ces derniers y restent souvent pour une période limitée avant de passer à d'autres régimes comme l'Agirc-Arrco ou la CNRACL (Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales). Cette courte durée de cotisation explique des pensions complémentaires particulièrement faibles, en moyenne 230 euros brut par an, soit environ 20 euros par mois.
Jusqu'à 810 euros par an oubliés
Face à des montants aussi modestes, il n'est pas surprenant que certains renoncent à entreprendre les démarches administratives nécessaires pour récupérer leur dû. En revanche, les nouveaux retraités de 2023 affichent une durée de cotisation plus longue, atteignant« 40 ans en moyenne ». En conséquence, leurs pensions complémentaires sont plus conséquentes, s'élevant en moyenne à 810 euros brut par an.
Un recul du taux de non-recours est toutefois observé et devrait se poursuivre dans les années à venir. Si certains estiment leur pension trop faible pour justifier les démarches administratives, d'autres ignorent purement et simplement qu'ils y ont droit. La Caisse des dépôts met en lumière cette problématique structurelle en soulignant que « le taux de non-recours est particulièrement élevé chez les assurés ayant peu de droits dans le régime ou n'ayant plus cotisé après l'âge de 30 ans. »
1,15 million de pensions attendent toujours preneurs
Toutefois, la situation s'améliore progressivement. En effet, « près d'un affilié de la génération 1940 sur deux (46,8%) n'avait pas liquidé ses droits en juillet 2024, contre seulement un quart (26,1%) de ceux de la génération 1954. » Une simplification majeure des démarches en 2019 a contribué à cette évolution : une seule demande en ligne permet désormais d'accéder à l'ensemble des pensions, qu'elles soient de base ou complémentaires.
La tendance à la baisse du non-recours pourrait donc se poursuivre dans les prochaines années. Pour inciter les affiliés à réclamer leur pension, l'Union retraite – qui supervise les régimes de retraite obligatoires – a envoyé près de 70 000 lettres de rappel aux personnes nées entre 1945 et 1948 entre mars 2022 et janvier 2024. L'initiative a porté ses fruits puisque 25,7% des destinataires ont finalement sollicité leur pension auprès de l'Ircantec.
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Selon la Caisse des dépôts, cette campagne pourrait ainsi réduire le taux de non-recours de ces générations de 2 à 5 points. Fort de ce succès, le dispositif sera étendu, ciblant chaque année trois nouvelles générations, avec pour objectif de récupérer progressivement toutes les pensions oubliées des retraités âgés de 70 à 79 ans. Il reste encore un long chemin à parcourir : en juillet 2024, pas moins de 1,15 million de pensions dormaient toujours dans les caisses de l'Ircantec.