Le budget de la Sécurité sociale 2025, qui porte la revalorisation des retraites de base, a passé le cap de la commission mixte paritaire afin de nouer un compromis entre députés et sénateurs. Nul ne sait à ce stade si l'inévitable 49.3 aboutira à une censure ou à une adoption de fait de ce budget.

En attendant une éventuelle (ou probable ?) censure du gouvernement, c'est à ce stade le compromis noué par les sénateurs et députés au sein de cette commission mixte paritaire qui est censé s'appliquer en 2025 pour les revalorisations de retraite. Dernière étape d'une longue série d'annonces et hésitations.

Comment s'y retrouver parmi les multiples taux de revalorisation évoqués ?

Initialement, si la formule classique devait s'appliquer, ce serait une augmentation globale de 2,2% pour toutes les retraites de base. Résultat de la formule réglementaire basée sur les douze derniers indices d'inflation. Mais, en recherche d'économies, le gouvernement Barnier a dans un premier temps annoncé un report de 6 mois, avec une inflation plus faible courant 2025, ce qui conduisait à un probable 1,8% en juillet. Puis, est arrivé le « compromis Wauquiez » : la « moitié d'inflation » en janvier puis un rattrapage pour les petites retraites. Le ministre chargé du Budget Laurent Saint-Martin a alors estimé cette hausse à 0,9%. Puis l'amendement de compromis enregistré au Sénat a amené un taux ferme de 0,8% en janvier. Encore moins bien. Cet amendement a finalement été rectifié pour renvoyer à un « taux fixé par décret ».

Ultime péripétie mercredi 27 novembre en commission mixte paritaire. Le texte de la CMP n'est pas encore publié mais s'y est noué selon l'AFP un compromis pour indexer sur une « moitié d'inflation » cette fois chiffrée à 0,8%. Avec un complément au 1er juillet pour les retraités sous les 1 500 euros brut en vue d'atteindre les +1,6%.

Avec 0,8% pour tous les retraités en janvier, combien y perdez-vous par rapport aux 2,2% de la formule de calcul réglementaire ?

Après tous ces complexes cheminements, de fait, tous les retraités sont perdants. Y compris les plus modestes malgré le rattrapage annoncé en juillet. Car personne ne profite de la hausse « classique » de 2,2%, issue de la formule de calcul inscrite dans le Code de la Sécurité sociale.

Pour tous les retraités ne profitant pas du rattrapage de juillet, le manque à gagner par rapport à la formule classique est évidemment encore plus pénalisante. Exemple avec une retraite « moyenne », selon la dernière étude de la Drees : 1 662 euros net. Cette retraite moyenne est globale : schématiquement, la complémentaire représente environ un tiers, 554 euros, en net, après CSG et CRDS, et la pension de base les deux tiers, à 1 108 euros. Rappel d'importance : seule la pension de base est concernée par la revalorisation annuelle.

Évolution d'une retraite moyenne de 1 662 € net en 2025
Retraite fin 2024Janvier 2025
Retraite de base Carsat1 108 €1 117 €
Retraite complémentaire Agirc-Arrco554 €554 €
Pension globale nette1 662 €1 671 €

Chiffres arrondis. Simulations simplifiées réalisées par MoneyVox, pour des pensions nettes, donc après prélèvement de la CSG-CRDS-CASA.
Gain total sans prendre en compte la hausse de l'Agirc-Arrco programmée pour le 1er novembre 2025 (pourcentage inconnu).

Avec un taux de 2,2%, la pension de base aurait grimpé à 1 132 euros en janvier. Ce sera 1 117 euros net avec la hausse de 0,8%. Soit 180 euros de manque à gagner sur l'ensemble de l'année 2025.

Évolution d'une retraite moyenne de 1 662 € net en 2025
Retraite fin 2024Janvier 2025Gain total en 2025
Hausse automatique de 2,2% en janvier1 662 €1 686 €288 €
Hausse de 0,8% en janvier1 662 €1 671 €108 €

Retraite globale : 1 662 €, donc base 1 108 € et Agirc-Arrco 554 €. La pension complémentaire reste à 554 € dans tous les cas.

Chiffres arrondis. Simulations simplifiées réalisées par MoneyVox, pour des pensions nettes, donc après prélèvement de la CSG-CRDS-CASA.
Gain total sans prendre en compte la hausse de l'Agirc-Arrco programmée pour le 1er novembre 2025 (pourcentage inconnu).

Un dispositif à préciser pour les plus modestes

Le Sénat et l'Assemblée nationale n'ont pas encore publié le texte qui sera (très probablement) soumis au 49.3. Le rattrapage fixé à 1,6% (soit 0,8% + 0,8%) seulement en juillet est-il définitif ou pourrait-il être affiné en fonction de l'inflation ? Cela reste à éclaircir dans les prochaines heures. Le texte doit être publié ce jeudi 28 novembre en fin de journée.

Un mécanisme dégressif est prévu pour le rattrapage pour les retraites légèrement au-dessus de 1 500 euros brut pour éviter l'effet de seuil.

Pour les pensions (base + complémentaire) inférieures à 1 500 euros brut, le manque à gagner sera certes moindre que pour le reste des retraités mais la hausse de 1,6% en deux temps restera mathématiquement inférieure à 2,2%. Une cinquantaine d'euros de manque à gagner sur l'année 2025, selon nos calculs, par rapport à la hausse réglementaire de 2,2%.