Les obligations hybrides sont émises par les entreprises non-financières, bénéficiant d'un risque de crédit de bonne qualité, selon les analyses réalisées par les agences de notation. Mais, à la différence d'obligations classiques, en cas de faillite par exemple, les investisseurs détenteurs de ces titres bénéficient d'un moindre rang de priorité dans le cadre d'un plan de restructuration éventuel, ce qui les exposent à un risque de perte supérieur. D'autant plus que les maturités de ce type d'obligations sont très longues (30 ans et plus), voire illimitées (perpétuelles).

Le comportement pas toujours intuitif des obligations

Des risques à prendre en compte

En contrepartie de ces contraintes, leur rendement est plus attractif qu'une obligation classique émise par le même émetteur. Néanmoins, il faut savoir que le paiement annuel des intérêts de ces titres, aussi appelé« coupon » par les spécialistes, ne sont pas garantis et peuvent être différé de manière discrétionnaire. Dans une telle hypothèse, « le coupon est cumulatif l'année suivante, sachant que l'entreprise ne pourra pas payer de dividende à ses actionnaires avant d'avoir solder les coupons dus », indique Marc Lacraz, co-gérant du fonds EdR SICAV Corporate Hybrid Bond.

Mais des rendements attractifs

Du reste, pour séduire les investisseurs, ces titres obligataires offrent généralement « un rendement attractif, actuellement proche de 4,5 à 5% par an », ajoute Marc Lacraz. Par exemple, sur l'obligation hybride récemment émise par TotalEnergies, cela correspond à un rendement additionnel de près de 2% par an, par rapport à une obligation classique émise par l'énergéticien français.

Si les entreprises sont prêtes à payer des coupons plus élevés, c'est que, règlementairement, les titres hybrides peuvent être assimilés, à hauteur de 50%, à des capitaux propres, venant ainsi renforcer leur solidité financière. Ces titres leur permettent donc de renforcer leur bilan comptable, en limitant leur taux d'endettement, ce qui leur laisse la possibilité de financer plus facilement des projets à forte intensité en capital.

D'ailleurs, la plupart des émissions sont réalisées par des entreprises fortement consommatrices de capitaux, comme les télécommunications (Orange, Vodafone, Telefonica), les services aux collectivités ou encore dans le secteur de la distribution d‘eau, de gaz et d'électricité (Veolia, Repsol, Eni, BP, Enel, Iberdrola).

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Un marché en pleine croissance

Dans ce contexte, le marché des obligations hybrides a connu une dynamique de croissance notable au cours de ces dernières années, soutenue notamment par l'engouement des émetteurs. Ainsi, en 2024, plus de 500 nouvelles émissions ont été réalisées dans le monde, permettant à ce marché de dépasser désormais le seuil symbolique des 300 milliards de dollars. Du reste, les investisseurs montrent un intérêt de plus en plus marqué pour les obligations hybrides, en raison du rendement supplémentaire obtenu pour un même émetteur.

Mais, ces obligations ne s'adressent qu'aux investisseurs disposant d'un horizon de placement à long terme, étant donné leur maturité à très long terme ou perpétuelle. De plus, comme le rappelle, Laurence De Munter, stratégiste en investissement chez Securities De Munter (SDM), « chaque obligation hybride présente des caractéristiques différentes, c'est pourquoi il est important d'analyser chaque investissement en profondeur avant d'investir ». Selon elle, « non seulement une analyse détaillée de la solvabilité de l'émetteur est essentielle, mais les spécifications des obligations elles-mêmes nécessitent également une attention particulière car celles-ci sont souvent complexes et demandent une expertise appropriée ».

Des fonds spécialisés pour investir

Compte tenu de cette complexité, les obligations hybrides sont généralement réservées aux investisseurs professionnels. Néanmoins, depuis plusieurs années, des sociétés de gestion, comme Edmond de Rothschild AM, Lazard Frères Gestion, Fidelity ou encore Groupama, proposent aux épargnants français de se positionner sur ces titres obligataires à travers une sicav ou bien un fonds commun de placement (FCP) spécialisé sur ce marché.

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