Les marchés : Paris consolide

La Bourse de Paris débute la semaine en léger repli. Le CAC 40 cède 0,3% ce lundi et clôture à 7 830 points, effaçant une partie de ses récents gains. Rien d'alarmant toutefois. L'indice parisien reste sur deux semaines consécutives de hausse, porté par la décision très attendue de la Fed d'engager sa première baisse de taux en 2025. De l'autre côté de l'Atlantique, l'optimisme ne faiblit pas. Les grands indices américains continuent de battre des records, avec notamment six séances de hausse d'affilée pour le S&P 500. Une dynamique soutenue par la perspective de nouvelles baisses de taux d'ici la fin de l'année et par le discours rassurant de Jerome Powell, qui écarte pour l'instant le scénario d'une récession.

Sur les marchés de matières premières, l'or confirme son statut de valeur refuge. L'once a touché un nouveau record à 3 733 dollars, alimentée par la montée des tensions en Europe de l'Est et au Moyen-Orient. La réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, convoquée à l'initiative de l'Estonie après l'incursion d'avions russes dans son espace aérien, illustre ce climat tendu. Donald Trump a d'ailleurs promis que Washington défendrait la Pologne et les pays baltes en cas d'escalade avec Moscou.

Enfin, un autre sujet suscite l'inquiétude, les visas H-1B. Comme l'expliquait Marc Fiorentino ce matin, Donald Trump envisage d'imposer des frais de 100 000 dollars pour ces permis de travail, essentiels aux ingénieurs et informaticiens étrangers. Une mesure aux conséquences potentiellement lourdes. Les marchés indiens n'ont pas tardé à réagir ce lundi, inquiets pour leurs géants technologiques, très dépendants de ce dispositif.

Les valeurs : EssilorLuxottica, Porsche et Genfit

EssilorLuxottica. Le champion mondial des lunettes progresse de 0,44% ce soir à 274,9 euros et affiche un gain de 17% depuis le début de l'année, soutenu par l'enthousiasme autour de son partenariat avec Meta. Lors de l'événement Meta Connect, les deux groupes ont dévoilé trois nouvelles paires de lunettes connectées, dont le modèle haut de gamme Meta Ray-Ban Display et les Oakley Meta Vanguard dédiées au sport, intégrant vidéo et intelligence artificielle. Les analystes saluent cette avancée.

HSBC vise toujours 300 euros, estime que le marché des lunettes intelligentes pourrait dépasser 150 milliards de dollars d'ici 2040, et Jefferies comme Goldman Sachs maintiennent une vision positive, ce dernier ayant même relevé son objectif de cours à 305 euros. Ces innovations confirment la capacité d'EssilorLuxottica à rester leader de son secteur et renforcent les perspectives de croissance à long terme.

Porsche. L'action Porsche recule de 6,73% ce soir à 40,74 euros, portant sa baisse à 30% depuis le début de l'année. Le constructeur de luxe allemand a de nouveau abaissé ses prévisions annuelles, en raison d'un revirement stratégique sur l'électrique. Face à une demande en berne en Chine, à la pression des droits de douane américains et à la faiblesse du marché du luxe, Porsche a annoncé repousser plusieurs lancements de véhicules électriques pour revenir vers l'hybride et le thermique.

Cette volte-face pèsera 1,8 milliard d'euros sur son bénéfice d'exploitation en 2025 et ramène la marge opérationnelle attendue pour cette année à seulement 2%, contre 5% à 7% auparavant. Ce nouvel avertissement, le troisième depuis janvier, a été sévèrement sanctionné par les investisseurs. Oddo BHF parle d'un risque élevé d'exécution dans un plan produit déjà marqué par des retards. Introduite en Bourse à 82,5 euros en 2022, Porsche évolue désormais sous les 45 euros, soit une division par deux de sa valeur.

La maison-mère Volkswagen, qui détient plus de 75% du capital, encaisse elle aussi le choc, avertissant que ce revirement pèsera pour 5,1 milliards d'euros sur ses comptes. Hasard du calendrier, Porsche sort en parallèle du DAX, l'indice vedette allemand, un symbole des difficultés d'un groupe longtemps présenté comme la vitrine du luxe automobile européen.

Genfit. L'action Genfit recule de 8,85% à 3,29 euros, après l'annonce de l'arrêt d'un de ses programmes de recherche contre une maladie grave du foie, en raison d'un effet secondaire sérieux constaté chez un patient lors d'un essai clinique. La société préfère désormais concentrer ses efforts sur une autre maladie rare, tout en réduisant ses dépenses pour préserver sa trésorerie au-delà de 2028.

Pour les investisseurs, cela signifie que Genfit abandonne un projet jugé trop risqué, mais garde une marge de manœuvre financière pour explorer d'autres pistes. Depuis le début de l'année, le titre éligible au PEA-PME abandonne 7%.

Le monde d'après : Buffet ferme le dossier BYD

Après dix-sept ans d'une aventure devenue légendaire, Warren Buffett a tiré sa révérence chez BYD. Berkshire Hathaway a cédé ses dernières actions du constructeur chinois, soldant un pari initié en 2008 pour 230 millions de dollars, alors que BYD n'était encore qu'un outsider de l'électrique. Multiplié par vingt au fil des ans, ce pari est devenu l'un des plus emblématiques de l'Oracle d'Omaha avant d'être progressivement allégé depuis 2022.

Désormais, les comptes de Berkshire indiquent une valeur nulle pour cette participation, mettant un terme à une aventure financière historique. La direction de BYD a salué l'accompagnement de Berkshire sur près de deux décennies, tout en relativisant ce retrait comme une « opération normale ». Mais ce départ intervient à un moment délicat. Le rival numéro un de Tesla vient d'enregistrer son premier recul de bénéfices depuis trois ans et demi, avec des ventes en baisse pour le quatrième mois consécutif et un objectif annuel réduit de 16%, à 4,6 millions de véhicules.

En Bourse, l'action a cédé plus de 3% à Hong Kong après l'annonce. Pour les investisseurs, ce désengagement illustre un double mouvement. D'une part, la fin d'un cycle de croissance exceptionnelle pour BYD et l'entrée dans une zone d'incertitudes, entre guerre des prix dans l'électrique et pressions sur le marché chinois. Un rappel que, même pour Warren Buffett, il arrive toujours un moment où il faut encaisser ses gains. Savoir sortir au bon moment, après un cycle de valorisation exceptionnel, fait partie intégrante de la discipline d'investisseur.

L'agenda du lundi : zoom sur l'inflation

Cette semaine, les marchés vont scruter de près plusieurs indicateurs clés pour évaluer la santé de l'économie, en particulier aux États-Unis. Après une première baisse des taux de la Réserve fédérale américaine, les investisseurs attendent avec impatience l'indice PCE vendredi, considéré comme la mesure préférée de l'inflation par la banque centrale. Il est attendu stable, autour de 2,8%.

Autre chiffre à suivre, l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan, également prévu vendredi, qui donnera un aperçu du moral des ménages américains. Dès mardi, les indices PMI viendront tester le dynamisme du secteur manufacturier, aussi bien aux États-Unis qu'en Europe. En Allemagne, les regards se tourneront vers une possible fin de la contraction de l'industrie, qui dure depuis plus de trois ans.

Demain à la une : usines en reprise ?

Demain, tous les regards seront tournés vers les indicateurs PMI pour le mois de septembre, publiés aux États-Unis, en France et en zone euro. Ces chiffres, très suivis par les investisseurs, donnent une première photographie de l'activité économique dans l'industrie manufacturière et les services. En clair, ils permettent de savoir si les entreprises tournent à plein régime... ou si le moteur cale.

Les économistes s'attendent à une légère amélioration côté usines, après plusieurs mois compliqués, tandis que les services, plus dynamiques ces derniers temps, pourraient montrer un petit coup de mou. Ces données seront décisives pour anticiper les prochaines décisions des banques centrales.