Les marchés : Powell freine la Bourse
La Bourse de Paris a choisi la prudence ce mercredi. Le CAC 40 recule de 0,57% à 7 827 points, entraîné dans le sillage d'un Wall Street refroidi par le discours de Jerome Powell. Le patron de la Fed a rappelé que le chemin de la baisse des taux ne serait pas un long fleuve tranquille. La Fed veut bien desserrer la vis monétaire, mais pas au point de rallumer le feu de l'inflation. Powell a été clair : « il n'existe pas de voie sans risque ». Résultat, les investisseurs temporisent, conscients que l'argent facile ne reviendra pas du jour au lendemain. Dans ce climat hésitant, certains secteurs s'en sortent mieux que d'autres.
Les valeurs de la défense progressent après des propos de Donald Trump sur l'OTAN, Dassault Aviation progresse de 1,3%, Thales gagne 2,4%. Quand la géopolitique s'en mêle, les investisseurs se ruent sur les valeurs refuges du secteur. À l'inverse, l'automobile cale sévèrement. Stellantis dévisse de 3,4%, Renault lâche 1,2%, et l'équipementier Valeo cède de 1,9%. Les rumeurs d'arrêts temporaires de production en Europe pèsent lourdement sur le compartiment.
Pendant ce temps, Alibaba s'envole de près de 9% après l'annonce de nouveaux investissements massifs dans l'intelligence artificielle. Le géant chinois, malmené depuis plusieurs années, veut prouver qu'il reste un acteur incontournable dans la tech mondiale. Un signal fort qui réveille l'appétit des investisseurs pour l'économie chinoise. Dans la suite de cette édition, nous vous présentons un support pour profiter de cette dynamique.
Les valeurs de la défense, Emeis et Exail Technologies
les valeurs de la défense : les déclarations de Donald Trump ravivent ce mercredi l'intérêt des investisseurs pour le secteur de la défense. Le président américain a estimé que les pays membres de l'Otan devraient « abattre les avions et les drones russes » s'ils entraient dans leurs espaces aériens.
Dans un contexte déjà marqué par les intrusions de drones en Pologne et d'avions russes en Estonie, ces propos accentuent la perception de risque et dopent les valeurs européennes du secteur. À Stockholm, Saab bondit de 5,5%, tandis qu'en Allemagne Renk gagne 8%, Hensoldt 8% et Rheinmetall 3,5%. À Milan, Leonardo progresse de 4,5% et à Londres, BAE Systems s'adjuge 2,2%.
Les groupes français restent plus en retrait : Thales avance de 2,4% et Dassault Aviation de 1,3%, pénalisés par l'incertitude politique en France qui retarde l'adoption du budget de la défense 2026. Pourtant, sur l'année, le secteur affiche des performances exceptionnelles. Thales gagne déjà 82% depuis janvier et Rheinmetall plus de 220%. Portées par la hausse massive des budgets militaires européens et l'engagement de l'Otan d'augmenter ses dépenses de défense à 5% du PIB d'ici 2035, les valeurs de la défense continuent de bénéficier d'un puissant courant acheteur.
Emeis : l'exploitant de maisons de retraite progresse de 10,21% ce soir à 13,39 euros et affiche désormais une envolée de plus de 118% depuis janvier. Les investisseurs saluent l'annonce de la création d'une foncière dédiée à la gestion de ses actifs immobiliers de santé en Europe, réalisée en partenariat avec Farallon Capital et TwentyTwo Real Estate. Cette structure permettra d'injecter 761 millions d'euros et de réduire l'endettement net d'Emeis de près de 700 millions, un signal fort pour un groupe encore lesté par une dette supérieure à 4,7 milliards d'euros à fin juin.
Cette opération marque une étape clé dans la restructuration engagée depuis 2024 par l'ex-Orpea, qui cherche à tourner la page d'un passé lourd et à regagner la confiance du marché. Grâce à ce montage, Emeis dépassera son objectif initial de cessions d'actifs (1,5 milliard d'euros prévu entre mi-2022 et fin 2025), avec près de 1,9 milliard déjà réalisés ou sécurisés. Les investisseurs y voient une preuve que le plan de redressement avance.
Au premier semestre, le chiffre d'affaires avait progressé de 6,2% et la rentabilité opérationnelle s'était nettement améliorée. Si le chemin reste semé d'embûches, cette réduction de l'endettement éclaire l'horizon, quelques jours avant la publication des résultats semestriels attendus le 29 septembre.
Exail Technologies recule de 2,75% ce soir à 92 euros, même si elle reste en hausse spectaculaire de 431% depuis le début de l'année. Le spécialiste français de la robotique autonome et des systèmes de navigation a annoncé l'émission d'une obligation hybride de 300 millions d'euros destinée à refinancer l'acquisition d'iXblue.
Cette opération, perçue comme technique et dilutive, a été fraîchement accueillie par les investisseurs. TP ICAP Midcap regrette une « occasion manquée ». Selon le bureau d'études, une simple augmentation de capital aurait clarifié la structure financière et limité la dilution à environ 7,5%, contre plus de 16% avec ce montage complexe.
En outre, certains porteurs d'obligations peuvent se couvrir en vendant à découvert le titre, accentuant la pression à la baisse. Malgré ce repli, le groupe profite toujours d'un parcours boursier exceptionnel cette année, porté par la forte demande mondiale en systèmes de défense, ce qui lui a valu d'intégrer le SBF 120.
L'événement du mercredi : l'Allemagne freine
Contre toute attente, le climat des affaires en Allemagne s'est dégradé en septembre, mettant un coup d'arrêt à six mois consécutifs d'amélioration. L'indice Ifo, baromètre de référence basé sur les réponses de 9 000 entreprises, est tombé à 87,7 points contre 88,9 en août, bien en deçà des attentes des analystes qui tablaient sur un rebond au-dessus de 89. Ce sont surtout les anticipations qui plongent, passant de 91,4 à 89,7, signe d'un net refroidissement des perspectives économiques.
Les entreprises, inquiètes des incertitudes internationales, revoient leurs plans d'investissement à la baisse. Le DAX, pourtant en hausse de plus de 18% depuis janvier, pourrait connaître un essoufflement. Car si le gouvernement Merz tente de soutenir l'activité via des incitations fiscales et des investissements publics, l'effet retardé des droits de douane américains commence à peser lourdement sur l'industrie allemande. Une alerte à surveiller de près pour les investisseurs exposés à la première économie européenne.
Le monde d'après : le réveil du géant chinois
Longtemps malmenée en Bourse, l'action Alibaba vit en 2025 une véritable renaissance. Après avoir été divisée par quatre depuis ses sommets de 2020, le titre s'est envolé de plus de 111% depuis le début de l'année et vient encore de gagner 9% à Hong Kong ce mercredi. En cause, l'accélération spectaculaire de ses investissements dans l'intelligence artificielle, un secteur que le groupe considère désormais comme son relais de croissance majeur.
Le directeur général Eddie Wu a confirmé que les dépenses prévues pour l'IA dépasseraient largement les 380 milliards de yuans (45 milliards d'euros) initialement annoncés, afin de soutenir le développement du modèle Qwen3-Max et de renforcer les infrastructures cloud. Les résultats suivent, huit trimestres consécutifs de croissance à trois chiffres pour ses produits liés à l'IA, et déjà des succès commerciaux dans les semi-conducteurs, où Alibaba commence à remplacer les puces Nvidia par ses propres développements.
Au-delà d'Alibaba, c'est toute la tech chinoise qui s'érige en contrepoids crédible aux États-Unis sur le terrain de l'IA. Baidu, Tencent et d'autres mastodontes investissent massivement pour bâtir un écosystème autonome. La montée en puissance de ces acteurs, soutenus par Pékin, rappelle aux investisseurs que la compétition mondiale pour l'IA ne se joue plus seulement dans la Silicon Valley : Pékin entend bien imposer sa place de leader.
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Demain à la Une : une séance américaine
Demain, les projecteurs seront braqués sur les États-Unis avec la publication du chiffre de la croissance (PIB) pour le deuxième trimestre. Cette donnée, très attendue par les investisseurs, viendra compléter une semaine chargée en statistiques macroéconomiques, qui se poursuivra vendredi avec les chiffres de l'inflation. Ces deux rendez-vous devraient donner un premier aperçu de l'état de santé de la conjoncture aux États-Unis et pourraient influencer les anticipations sur les prochaines décisions de la banque centrale américaine.